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Olivier Poivre d’Arvor : « Premier dialogue maritime entre la France et l’Indonésie »

Olivier Poivre d'Arvor ambassadeur enjeux maritimesOlivier Poivre d'Arvor ambassadeur enjeux maritimes
Olivier Poivre d'Arvor ambassadeur enjeux maritimes
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 29 mars 2022, mis à jour le 10 avril 2022

Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes depuis 2020, est à Jakarta depuis 2 jours. L’objectif de ce séjour : un premier dialogue maritime entre la France et l’Indonésie. L’ambassadeur a pris sur son temps pour répondre aux questions du lepetitjournal.com, nous l’en remercions.

 

Cette visite fait suite à d’autres visites de ministres français dont Mme Girardin, ministre de la Mer, venue en juin échanger sur les problématiques maritimes. L’Indonésie est le plus grand archipel au monde et la France avec ses territoires possède le deuxième plus grand domaine maritime mondial avec 11 millions de km2, soit 22 fois plus de mer que de terre, deux dimensions qui relient nos deux pays.

 

Vous êtes ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes, pouvez-vous nous expliquer l’objet de votre séjour à Jakarta ?

En tant que diplomate, je viens ici en tant qu'ambassadeur des océans et des enjeux maritimes, mais aussi comme envoyé spécial du président de la République sur la question des océans. Nous avons organisé en février à Brest le One Ocean Summit où un nombre important de pays ont pris des engagements sur la protection de la biodiversité, sur la lutte sur les pollutions notamment plastiques, sur les effets sur le changement climatique et sur la gouvernance des océans entre autres. L’Indonésie fait partie de la centaine de pays qui a pris des engagements sur ces différents points. L’Indonésie est pour nous un pays important.

Je pense que la mer et les océans sont des sujets majeurs mais qui vont apparaitre comme des sujets cruciaux comme celui des changements climatiques. Il n’y a pas de planète durable sans océan durable.

Quels ont été les points abordés lors de vos discussions avec le ministre de la Pêche et le ministre de la Coordination Maritime ?

Je suis ambassadeur des enjeux maritimes et des océans depuis 2020. Lors de la dernière visite présidentielle française en Indonésie en 2017, François Hollande avait alors proposé cette idée de dialogue entre nos deux pays. Je ne peux que valider cette idée de dialogue. Nous avons donc préparé cette visite avec les équipes et j’ai pu rencontrer pendant deux heures, les ministres de la Pêche Sakti Trenggono et celui de la Coordination Maritime Luhut Pandjaitan. Nous avons discuté de sujets comme la protection de l’océan, la sécurité maritime, les sujets stratégiques, scientifiques, les ports, le tourisme durable, la restauration des mangroves.

Concrètement, dans les semaines à venir, nous souhaitons consolider les positions sur lesquelles nous sommes leaders comme la lutte contre la pollution plastique qui est une catastrophe pour les océans. Lors du sommet dans le cadre des Nations Unies à Nairobi il y a 2 semaines, nous avons remporté une victoire collective.

A l’échéance 2024, nous avons co-signé un traité contraignant qui interdit l’utilisation de plastique à usage unique à l’échelle mondiale.

C’est un sujet sur lequel je vous voulais discuter et attirer l’attention des Indonésiens. Ils ont été très réceptifs.

J’ai aussi sollicité l’Indonésie sur un traité concernant la haute mer, qui représente 60 % de la mer, traité qui porte sur des points comme la protection de la biodiversité, la liberté de circulation. Concernant la lutte contre la pêche illégale, la sur-pêche, un certain nombre d’accords et de traités sont déjà en place.

A l’horizon 2030, parmi les nombreux engagements pris, chaque pays se doit de protéger 30 % de ses aires maritimes. La France atteindra cet objectif en 2023.

 

Quel rôle peut tenir la France et que peut-elle apporter ?

Avec l’Union européenne que la France préside pour ces 6 mois, nous avons une carte à jouer pour faire avancer la cause des océans. La France, grand pays maritime, a une capacité d’équilibre dans ces enjeux de par nos positions à travers le monde, à la différence d’autres pays. Il y a une demande très concrète de l’Indonésie concernant les enjeux maritimes et océaniques, notamment liés à notre défense, mais aussi à notre expertise. Il y a une place ici pour la France, et nous devons investir.

La réunion du G20 en octobre sera l’occasion d’une visite présidentielle française et ce sera un moment important.

L’Union européenne va financer le jumeau numérique de l’océan qui consiste à numériser toutes les données numériques sur les océans.

Depuis dix ans, l’Agence Française de Développement apporte un appui significatif dans le domaine marin et maritime en Indonésie pour un montant total de près de 492 M EUR ;  recherche océanographique, étude des débris de pollution plastique, météorologie marine, protection du littoral, aide aux petits pêcheurs de Palu après le tsunami, connectivité marine et portuaire et également à travers un fond  depuis 2016, le Blue Action Fund, destiné à financer les projets des ONG en faveur du renforcement des aires marines protégées.

Il y a également à Semarang un centre de formation aux métiers de la mer qui se met en place avec l’aide de la France et d’entreprises privées.

Olivier Poivre d'Arvor et Luhut Panjaitan
Olivier Poivre d'Arvor et Luhut Pandjaitan ministre de la coordination maritime.

 

C’est pour vous une première visite en Indonésie, quelles sont vos premières conclusions suite à cette première session de travail sur les enjeux maritimes ?

Je sens beaucoup d’énergie dans ce pays, une envie de se faire reconnaitre à l’extérieur. Nous avons grandement intérêt à travailler ensemble, nous sommes deux grands pays maritimes, l’un en Europe et l’autre en Asie. Nous partageons un certain nombre de convictions comme la nécessité de restaurer les mangroves et les écosystèmes « carbone bleu » qui peuvent aider à réduire les impacts du changement climatique. 

L’Indonésie est un partenaire essentiel et un acteur global sur le sujet maritime.

Nous avons prévu un deuxième rendez-vous pour continuer ce dialogue en septembre 2023 en France. Entre-temps, nous devons travailler. Nous avons pour projet d’organiser un salon des entreprises et des innovations ; aquaculture, réception de données, sciences, construction…

 

J’aimerais que ce dialogue devienne une réalité économique.

 

En 2023, nous allons organiser le One Island Summit en Polynésie française, qui va réunir tous les pays insulaires et archipélagiques. Nous aimerions que l’Indonésie soit en quelque sorte un coach, que le pays nous montre sa dynamique mais aussi ses fragilités et que nous puissions travaillons ensemble à ce sommet.