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Les sound horeg : des fêtes de rue indonésiennes populaires mais controversées

Apparus dans les années 2000, lors de cérémonies communautaires, les sound horeg sortes de carnavals sonores organisés autour de camions équipés de haut-parleurs hyper puissants notamment dans la région de Malang à Java suscitent la colère de certains habitants et des autorités religieuses. 

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Photo d'illustration
Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 2 septembre 2025, mis à jour le 24 septembre 2025

Signification et origines de ces fêtes populaires

Le terme « sound Horeg » est une combinaison du mot anglais sound (son) et du mot javanais horeg, qui signifie « vibrer » ou « secouer ». Difficile de dater et localiser précisément l’apparition de ce phénomène mais il se développe au début des années 2000 lors de cérémonies communautaires: mariages, concerts religieux (sholawatan), fêtes de quartier. Afin d’amplifier la voix des animateurs ou le son de la musique, des haut-parleurs sont empilés sur des véhicules qui parcourent les rues dans un vacarme parfois assourdissant. 

Ces carnavals sonores auraient été inspirés par des habitants des zones rurales souhaitant reproduire l’ambiance des discothèques des grandes villes comme Jakarta. Le véritable tournant est survenu vers 2014 dans la région de Malang (Java oriental) où les sound horeg commencent à être organisés avec des haut-parleurs de plus en plus puissants, jusqu’à faire trembler les murs, des jeux de lumières psychédéliques et des déambulations spectaculaires parfois proches de la transe! Des événements qui se sont développés un peu partout dans le pays surtout après le Covid notamment via les réseaux sociaux. Le sound horeg devient ainsi un phénomène social que certains revendiquent comme étant facteur de cohésion et d’identité culturelle populaire. D’autres y voient même une forme de culture de la protestation contre l’ordre établi, un peu à la manière des free party.

Aujourd’hui, c’est en tout cas un véritable secteur économique avec une professionnalisation des organisateurs de sound horeg qui génèrent des revenus et créent des emplois. Le quotidien Jakarta Post affirme même que sont organisées des battles entre camions sonorisés avec pour but de produire le son le plus puissant. Des événements qui peuvent rassembler plusieurs milliers de personnes. 

 

Un phénomène aux conséquences parfois surprenantes 

Mais ces carnavals de rue posent un certain nombre de problèmes inattendus. Les vibrations émises par les haut-parleurs sont parfois si fortes qu’elles brisent des vitres, fissurent des murs et endommagent les toits en déplaçant des tuiles comme le montre de nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux où l’on peut voir des habitants excédés par les sound horeg. Car, si pour beaucoup, ces derniers incarnent la fête et le lien social, pour d’autres, ils représentent avant tout une nuisance sonore, une atteinte à la tranquillité publique, voire une menace pour la santé notamment auditive. Dans certains cas, le volume sonore pourrait en effet dépasser 135 décibels soit bien au-delà des normes recommandées par les autorités sanitaires : (70 dB selon l’OMS) et du seuil de danger à long terme (85 dB).

 

Une fatwa contre les sound horeg et des restrictions votées

Face à ces nuisances, le Conseil des Oulémas d’Indonésie (MUI), section de Java oriental, a émis une fatwa (avis religieux) déclarant cette pratique « haram » (interdite par la religion), mais uniquement dans certaines conditions : lorsque le sound horeg s’accompagne d’excès tels que danse indécente ou consommation d’alcool, ou lorsqu’il dépasse clairement les seuils sonores raisonnables. Le Conseil des Oulémas d’Indonésie rappelle que leur avis est moral et religieux et que seules les autorités administratives du pays peuvent prononcer des interdictions formelles.

La province de Java-Est a ainsi introduit de nouvelles restrictions le 6 août 2025 concernant l’utilisation des systèmes « sound horeg ». Selon la circulaire, les systèmes sonores fixes sont limités à 120 décibels, tandis que les unités mobiles utilisées lors de défilés ou de manifestations sont plafonnées à 85 décibels. Ils doivent être éteints à proximité des lieux de culte pendant les offices, ainsi qu’aux abords des hôpitaux, des écoles et des ambulances. Par ailleurs, les véhicules transportant le matériel doivent passer des contrôles de conformité routière, et les organisateurs doivent obtenir une autorisation de la police.

Des restrictions qui sont malgré tout au-dessus des normes indonésiennes qui fixent normalement des limites à 55 dB pour les zones résidentielles, jusqu’à 70 dB en zones commerciales ou industrielles.

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