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« Nos objets préférés au musée » : la marionnette Sigale Gale

En attendant la réouverture du Musée National de Jakarta, nos guides francophones de l'association Indonesian Heritage Society nous partagent leurs coups de cœur.

La marionnette Sigale GaleLa marionnette Sigale Gale
La marionnette Sigale Gale. Source : Indonesian Heritage Society Museum Guide
Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 26 février 2024, mis à jour le 20 mars 2024

La marionnette Sigale Gale par Isabelle Martres 

À première vue, il pourrait s’agir d’une « simple » statue de bois. Celle d’un jeune homme élégamment vêtu, accompagné d’un petit personnage agenouillé. Ne vous y trompez pas, Sigale Gale est bien plus que cela ! Originaire du nord de l’île de Sumatra, c’est une marionnette rituelle des communautés Batak Toba. Dotée d’un mécanisme complexe, elle occupe traditionnellement une place majeure, au cours de certaines cérémonies funéraires.

 

Sigale Gale : le rôle et la voix du fils 

Si Sigale Gale est spécial, c’est d’abord parce qu’elle joue le premier rôle au sein de certaines riches familles endeuillées. Lorsque le défunt n’a aucun fils vivant, capable de prendre part aux funérailles, la marionnette est fabriquée pour le remplacer. Le jour de la cérémonie, c’est donc cet étonnant personnage en bois qui effectue une partie des rites et qui participe aux danses et aux chants.

En endossant ainsi le rôle du fils absent et en lui prêtant sa voix, Sigale Gale permet à l’âme du défunt de quitter définitivement le monde des vivants, pour entrer dans « la vie d’après ». C’est une étape cruciale : grâce à elle, le défunt conservera également dans l’au-delà, le prestige social qu’il a connu de son vivant.

 

Une marionnette qui fume et… qui pleure 

Pour mener à bien sa mission, rien dans l’apparence de cette effigie funéraire n’a été laissé au hasard. Représentée sous les traits d’un jeune homme -à taille humaine, ou presque-, elle se tient debout, sur une plateforme rectangulaire, dans laquelle sont cachés les fils actionnés par les marionnettistes. Sous les vêtements, un ingénieux système de poulies de bois active toutes les parties du corps.

Parfois, la bouche et la langue sont mobiles, l’autorisant à fumer une cigarette ! Plus surprenant encore, de fines éponges humides peuvent être placées dans des cavités à l’arrière des yeux, pour lui permettre de verser quelques larmes, et de… pleurer son père (ou sa mère) disparu(e). Il arrive, enfin, -comme pour le Sigale Gale présenté au Musée National-, que certaines marionnettes soient accompagnées d’un personnage ressemblant à un enfant. Agenouillé et bras tendu, ce dernier était supposé battre un tambour, aujourd’hui perdu.

Historiquement, l’usage funéraire des Sigale Gale a été relativement peu observé par les étrangers, mais il est documenté, au moins, à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Déclinant à partir des années 1930, cette pratique de la région de Samosir et du lac Toba persiste aujourd’hui dans des festivals et musées locaux. À Sumatra, la tradition Sigale Gale n’est pas oubliée.

Retrouvez l'intégralité de notre série consacrée aux objets du musée sur la une de notre site, dans l'onglet "Nos séries", juste sous le logo du LePetitJournal.com.

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