Quelle mouche a donc piqué Arthur Balboa pour qu’il décide de tout plaquer et partir à l'autre bout du monde alors qu’il vient d’atteindre le sommet de sa carrière littéraire en obtenant le Prix Goncourt ? Il plaque son amoureuse parisienne d’alors, lui confie son chat et quitte le confort de Saint-Germain des Prés. "Je pars à Sumatra (...). A cause du nom. Parfaitement exotique. Superbe."
On retrouve l'auteur sur les rives du lac Toba, embarqué au milieu des relations houleuses entre un producteur de palmiers à huile véreux et une ONG environnementale qui tente de protéger les villageois et la faune locale.
Y trouvera-t-il l’inspiration qu’il cherchait en quittant Paris ? La sulfureuse Lamia, somptueuse grecque, déesse en chair et en os au destin tragique, sera-t-elle sa nouvelle muse ? Et que viennent faire les services des renseignements de Jakarta et de Paris ? Le récit va de rebondissement en rebondissement, tel le tigre Shere Khan qui espionne depuis les profondeurs de la jungle moite et envoûtante.
Entretien avec Patrice Montagu-Williams
Comment connaissez-vous l'Indonésie ?
Je me suis rendu pour la première fois en Indonésie sur l'île de Bornéo, à Balikpapan lorsque TOTAL y effectuait encore des explorations pétrolières. A l'époque, bien avant Internet. Par satellite, on envoyait un journal télévisé diffusé sur vidéocassettes, empruntant parfois la valise diplomatique. On y joignait des films. Ce service s'adressait aux Français isolés sur des chantiers aux quatre coins du monde ce qui m'a permis de visiter beaucoup de pays, dont l'Indonésie.
J’ai aussi visité Bali évidemment, comme tout le monde. Mais c’est j’ai surtout un gros coup de cœur pour Java ; cette île est peu connue par les touristes et c’est un tort car elle est magnifique. Mes recherches intensives sur Sumatra et l'Indonésie en général m’ont beaucoup servi pour la rédaction de ce roman, sous l'œil bienveillant d’Elizabeth D. Inandiak avec qui je partage le même éditeur, Nevicata, pour la collection L'âme des peuples (*), pour le livre que j’ai écrit sur le Brésil, un pays où j’ai vécu 5 ans.
Comment êtes-vous arrivé à l'écriture ?
J’ai toujours aimé écrire. J’aurais pu devenir journaliste mais finalement j’ai fait des études de commerce. Après une vie professionnelle dense et beaucoup de voyages d’affaires à l’étranger, j’ai véritablement pris la plume lorsque j’ai commencé ma retraite à Athènes, où je vis depuis. Mon premier roman a été publié en 2012, le premier d’une série de 5 polars qui se déroulent à Montmartre, un peu à la Boris Vian.
J’en ai écrit d’autres. Peut-être les lecteurs d’Asie du Sud-Est seront intéressés par mon recueil de nouvelles se déroulant à Bangkok : La fille qui aimait les nuages (Gope Editions 2022), que j’avais à l'origine fait paraître sous forme de feuilleton pour le journal francophone en Thaïlande Gavroche.
Votre roman cite plus de 40 écrivains, poètes et philosophes. Qui sont vos auteurs préférés ?
Sans hésiter, Garcia-Marquez et Simenon. Et Balzac bien sûr. Mais pour moi, le plus grand c’est Dostoïevski : je me suis recueilli longuement devant sa tombe au cimetière Tikhvine, lors d'un passage à St Pétersbourg, il y a des années...
Comme je le mentionne dans la préface de La tigresse de Sumatra, il existe pour moi deux sortes d’auteurs : ceux qui écrivent et ceux qui racontent des histoires ; ce sont les romanciers. Je me situe clairement dans la seconde catégorie.
Informations complémentaires
- Pour se procurer l'ouvrage : ici.
- Bresil - Les colères d’un géant. Patrice Montagu-Williams (Editions Nevicata 2014, 2019, 2023)
- Indonésie - Le chant de l’archipel. Elizabeth D. Inandiak (Editions Nevicata 2020)
- L'âme des peuples aux Editions Nevicata