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Ambassadeur – Bilan d’une année 2018 forte en évènements

Jean-Charles Berthonnet Ambassadeur de France en Indonesie interviewJean-Charles Berthonnet Ambassadeur de France en Indonesie interview
Jean-Charles Berthonnet Ambassadeur de France en Indonésie et à Timor-Est
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 20 janvier 2019, mis à jour le 22 janvier 2019

Jean-Charles Berthonnet, Ambassadeur de France en Indonésie, au Timor-Est et auprès de l’ASEANrevient sur l’année 2018 pour Lepetitjournal.com.

De nombreux visiteurs officiels sont venus en Indonésie en 2018. Ces visites ont-elles eu un impact sur les relations économiques entre les deux pays ?

Nous avons eu deux visites importantes, tout d’abord celle du Secrétaire d’État en charge du numérique M.Mounir Mahjoubi en septembre. Ce fut l'occasion de renforcer et de poursuivre notre dialogue avec le gouvernement indonésien dans le secteur de l’économie digitale. Une déclaration commune avec le ministère des télécommunications indonésien a été signée engageant à poursuivre le travail sur les normes et les règles applicables au domaine de l’économie digitale. D’autres collaborations dans le domaine de l’administration et de la télévision numérique sont également envisagées. Les entreprises françaises possèdent une expertise reconnue dans ces domaines. M.Mounir Mahjoubi a pu notamment rencontrer les représentants de la société Go-Jekun acteur majeur de la vie indonésienne. L’implantation d’une école de Type 42 (formation en informatique) en partenariat avec la Yayasan Academie a été concrétisée à cette occasion et devrait voir le jour dans les prochains mois. 

M.Jean-Baptiste LemoineSecrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangèresest venu en novembre inaugurer la première usine de caoutchouc synthétique du Groupe Michelin en Indonésie. Cette visite fut l’occasion de réaffirmer notre volonté de travailler avec les autorités indonésiennes et de renforcer notre coopération bilatérale dans le domaine de la climatologie, des énergies renouvelables et des transports.

Un des sujets abordés fut également l’huile de palme. C’est un sujet qui revient sporadiquement dans nos relations, à mon grand regret. Je considère que stigmatiser en bloc les producteurs d’huile de palme est contre-productif. Un boycott est injuste car il ne distingue pas l’huile produite de façon durable de celle qui ne l’est pas. Or, de nombreux efforts ont été réalisés par le gouvernement indonésien. Des efforts qui ont pour but de développer une approche plus soucieuse de l’environnementreconnus d’ailleurs par deONG. Un moratoire sur les nouvelles plantations a été mis en place, de nouvelles certifications sont appliquées. Mon objectif est d’éviter toute mesure brutale visant l’intégralité de la production d’huile de palme, c’est aussi la position du gouvernement français. La solution passe par le développement durable. L’Union Européenne travaille aussi sur ce sujet à travers la directive sur les énergies renouvelables (RED II) qui doit nous permettre d’avoir un dialogue constructif entre producteurs et consommateurs. 

L’Indonésie a de grands projets de développement dans les domaines des infrastructures portuaires et des énergies propres. Comment la France peut-elle trouver sa place sur le marché face à des concurrents comme le Japon, la Corée voire la Chine ?

Les pays que vous citez sont en effet des « poids lourds » dans ces domaines et ils apportent avec eux bien souvent des financements substantiels. La France possède néanmoins des opérateurs très compétents dans ces secteurs. Il existe une présence et des projets français dans l’activité portuaire avec le transporteur de conteneurs CMA CGM, ou le transporteur de vrac Louis Dreyfus Armateurs. J’ai visité récemment un gros porte-conteneur qui assure la liaison Jakarta-Amérique du Nordce qui répond à l’ambition de l’Indonésie de jouer un plus grand rôle dans l’axe maritime du Pacifique. Vous avez aussi des succès d’entreprisetelles que ColasRail dans la construction dLRT (le « métro léger de Jakarta »), ou aussi des entreprises dans le domaine porteur des énergies renouvelables comme Engie ou Akuo Energy qui ont des projets en cours de réalisation. L'Indonésie s’est engagée dans le cadre des accords de Paris sur le climat à produire 23 % de son électricité en énergie renouvelable à l’horizon 2025.

Dans ce contexte de forte concurrence, l’ambassade joue pleinement son rôle de soutien aux entreprises en créant un climat d’affaires favorable avec les autorités indonésiennes..

L’Indonésie n’a pas été épargnée par les catastrophes naturelles cette année. La France a pris part à l’aide et à la reconstruction à Lombok et en Sulawesi. Comment ces actions se poursuivront-elles en 2019 ?

Effectivement, la France a été très réactive et présente pour apporter une réponse à ces catastrophes. À Lombok, nous avons profité de la présence d’un airbus A400 de la mission militaire Pégase sur le sol indonésien pour acheminer rapidement de l’aide humanitaire en grande quantité aux populations sinistrées.

Nous avons également versé une contribution conséquente à une ONG indonésienne Kopernikprésente dans les villages et qui apporte unaide concrète aux habitants (tentes, abris, kits de reconstruction…)

Pour Palu, il y a eu une demande officielle des autorités indonésiennes de recours à l’aide internationale. Nous avons répondu très rapidement en envoyant une station de potabilisation de l’eau de la protection civile avec un détachement de 40 personnes. En un moison a pu livrer 1 million de litres d’eau potable à plus de 25 000 personnes. Ce geste a été très apprécié par les autorités et par la population locale.

Nous avons d’autres projets en lien avec l’Agence Française de Développement (AFD) concernant le redémarrage de l’activité de la pêche à Palu car les pêcheurs ont perdu leurs outils de travail. Une aide à la reconstruction de la flottille de pêche est notamment en cours d’étude.

L’association indonésienne Kopernik est un partenaire de l’ambassade, nous sommes allés à Lombok et nous avons pu constater qu’un excellent travail de reconstruction et d’accompagnement des populations leur est offert. De pluscette association est capable de nous rendre compte des contributions utilisées, et est auditée régulièrement. Nous envisageons d’ailleurs de travailler de nouveau avec Kopernik auprès des populations victimes des conséquences du tsunami qui s’est abattu le 22 décembre dans le détroit de la Sonde.

Il y a de nombreux français présents en Indonésie que l’on ne voit pas ou très peu. Ils travaillent pour des PME, des sociétés étrangères, locales ou sont entrepreneurs. Ils sont aussi le maillon de développement de l’économie française. Qu’est-ce que les services de l’ambassade peuvent leur apporter ?

Nous sommes bien conscientqu’il y a un tissu de PME, de consultants, et de cadres dans des entreprises indonésiennes ou étrangères qui sont aussi un relais intéressant pour notre présence. Nous sommes bien évidemment à leur écoute. La chambre de commerce, les conseillers du commerce extérieur de la France, Business France, le service économique mais aussi le consulat sont à leurcotépour les aider et répondre à leurs questions tant dans le domaine des démarches administratives que dans l’activité économique propre. Nous sommes toujours prêts à relayer leurs questions. À chaque fois que l’on peut donner un coup de poucenous le faisons bien volontiers.

Suite à la lettre du président de la République, comment le grand débat national sera organisé pour les Français résidents en Indonésie ?

Ce grand débat national est un moment important de la vie de la nation. Les Français de l’étranger en font partie intégrante, nous sommes donc désireux de faciliter le débat en Indonésie, en mettant à disposition des salles de réunion. J’invite tous nos compatriotes à consulter et à enregistrer leurs réunions sur le site du grand débat www.granddebat.fr.  

Enfin, je ne veux pas m’immiscer dans ce débat car je me dois de respecter le principe de neutralité. 

Trois grands sujets intéressent les français établis en Indonésie : la sécurité, les élections présidentielles indonésienneet les élections européennes.

L’Indonésie est exposée à des menaces naturelles et aussi terroristes, nous avons ainsi le souci de protéger notre communauté. Nous veillons à l’informer le plus régulièrement possible des différents risquesvia email pour les français inscrits au consulat. Iy a aussi 260.000 touristes français en Indonésie chaque année. Lors du tremblement de terre de Lombok, nous avons mis en place un centre d’appel à l’ambassade pour répondre aux appels des familles et envoyé deux agents sur place pour aider et organiser l’évacuation de nos compatriotes. Nous organisons aussi les comités de sécurité (un à Jakarta et à un à Baliqui vont se réunir prochainement pour faire le point sur le fonctionnement des « îlots ». Le moment venunous devons être en mesure de repérer et aider les français. Ceci nécessite un travail en amont important du consulat, je tiens à les en remercier. Chaque crise est différentemais le travail de préparation s’avère utile. J’encourage nos compatriotes à s’enregistrer auprès du consulat et aux voyageurs de le faire sur l‘application Ariane. Je tiens à rassurer nos compatriotes, ce n’est en rien une intrusion, ce service nous permet simplement d’identifier les voyageurs en cas de catastrophe ou de crise et d’informer leurs proches.

Les élections présidentielles en Indonésie, auront lieu le 17avril, elles constituent un grand moment démocratique pour le pays. 19millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leur président mais aussi leurs sénateurs et députés, au niveau national mais aussi local. Nous suivrons ces élections dans la neutralité la plus stricte et souhaitons naturellement que tout se déroule de façon pacifique.

L’ambassade organisera les élections européennes le 26 mai, il y aura 2 bureaux de vote : l’un à Jakarta et l’autre à Bali, ces deux pôles concentrent 85% des électeurs français en Indonésie. Ces élections seront organisées avec l’aide de nombreux volontaires que je remercie par avance. J’espère qu’il y aura une forte participation. J’en profite pour rappeler que depuis le 1erjanvier 2019, le répertoire électoral unique est entré en vigueur et que chaque citoyen est inscrit sur une seule liste électorale. Par défaut, et sans démarche de votre part au 1 er janvier 2019, si vous êtes Français résidant à l’étranger inscrits à la fois sur une liste en France et sur une liste électorale consulaire, vous êtes maintenus sur la liste électorale consulaire et radiés de la liste de votre commune en France. Vous voterez donc à l’étranger pour tous les scrutinsQue nos compatriotes n’hésitent pas à se rapprocher des services consulaires pour toute question.

ambasssadeur France Indonesie
M.l'Ambassadeur entouré du service presse de l'ambassade et de l'équipe du Petitjournal.com de Jakarta

 

 

 

 

 

 

 Photos :  Emma S

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