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AMBASSADEUR - "C'est évident qu'on doit faire mieux"

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Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 21 novembre 2016, mis à jour le 21 novembre 2016

Jean-Charles Berthonnet est arrivé en Indonésie depuis un mois. Sa prise de fonction en tant qu'Ambassadeur de France en Indonésie l'a occupé ces dernières semaines où il a eu l'occasion de visiter les emprises françaises en Indonésie et de rencontrer déjà plusieurs ministres. Au-delà des premiers pas, le nouveau représentant de la France nous délivre ses premières analyses.

Lepetitjournal.com/jakarta : quelle est votre première analyse de l'état de la diplomatie économique ?

Jean-Charles Berthonnet : Notre niveau d'échanges économiques est intéressant. Il est d'ailleurs excédentaire en notre faveur. Mais si l'on y regarde de plus près, cet excédent s'explique surtout par les livraisons d'avions Airbus. Il est donc important d'appuyer encore plus et mieux les entreprises françaises qui souhaitent exporter en Indonésie ou y investir. C'est la priorité de toutes les ambassades avec le service économique, Business France et l'AFD, mais c'est évident qu'ici nous devons faire mieux étant donné ce que représente l'Indonésie au sein de l'ASEAN avec environ 40% du PIB global des pays qui la composent.

Comment allez-vous faire  pour impulser de nouveaux développements économiques ?

Tout d'abord, cela passe par le soutien aux entreprises que je viens d'évoquer. Il y a déjà beaucoup de choses faites et  il faut continuer et renforcer notre action. Je veillerai également à ce que nous soyons à armes égales avec nos compétiteurs et j'ai déjà eu l'occasion de m'entretenir avec le Ministre de l'Agriculture au sujet du retard mis à délivrer les certifications attendues par nos exportateurs horticoles alors que d'autres pays les ont obtenues.

C'est important aussi de mieux faire connaître l'Indonésie en France, au-delà des clichés « c'est loin, c'est compliqué et le contexte administratif n'est pas favorable ».
Organiser des échanges plus soutenus de visites ministérielles fait également partie de mes priorités. Nous travaillons à la visite du Ministre des Affaires Etrangères, Jean-Marc Ayrault et escomptons sa venue en début d'année prochaine. Nous sommes bien entendu tributaire d'un calendrier chargé, donc restons prudents mais optimistes.

Côté développement durable, et en réponse aux accords de Paris ratifiés par le Parlement Indonésien tout récemment, comment voyez-vous les choses en Indonésie, pays qui est un des gros contributeurs à l'émission des gaz à effet de serre ?

Tout d'abord, ma façon de voir n'est pas celle d'arriver avec nos solutions toutes faites et de chercher à les imposer. Ce n'est pas comme cela que nous obtiendrons des résultats convaincants. Le modèle du partenariat est plus pertinent. Prenons l'exemple de l'énergie. Nos entreprises ont des projets très concrets, elles ont un savoir-faire dans les solutions d'énergie durable. C'est en promouvant ces projets que nous aiderons l'Indonésie à modifier son « mix énergétique ». L'Indonésie a la volonté d'avancer, comme le montre sa récente ratification de l'Accord de Paris sur le climat, nous devons appuyer cette démarche.

Autre exemple significatif, le dossier de l'huile de palme. Là encore, je suis réservé sur l'approche punitive envers les producteurs. Travailler sur la certification durable des plantations comme le fait le CIRAD depuis plusieurs années, mettre en place des processus crédibles à l'image de celui initié sur le bois avec l'Union Européenne me paraît plus pertinent que de voter des amendements anti-huile de palme, dont aucun n'a d'ailleurs abouti en France.

Enfin, trois dossiers qui intéressent la communauté française installée en Indonésie : la sécurité, les lycées français et TV5. Où en est-on de ces différents sujets ?

Concernant la sécurité, le Gouvernement a dégagé des budgets spécifiques pour subventionner tous les projets de sécurisation des emprises françaises à l'étranger. En Indonésie, pays confronté comme la France à la menace terroriste, nous travaillons ensemble sur ces sujets. Une mission d'audit a été commanditée cette année par le Quai d'Orsay dont nous attendons le rapport écrit et s'il y a des mesures complémentaires à celles déjà prises, nous les mettrons en oeuvre. N'oublions pas également le maillage des chefs d'îlots mis en place pour relayer très rapidement les informations et recommandations de l'Ambassade.

Du côté de l'éducation, les lycées de Jakarta et Bali sont en gestion autonome et nous respectons cela, tout en suivant de près les projets notamment immobiliers comme à Bali. Notre rôle est de soutenir les équipes pédagogiques et de nous assurer que le socle d'apprentissages en français est préservé. Ce qui n'exclut pas d'aller chercher des élèves ailleurs que dans la seule communauté française. Je pense en particulier à Jakarta où la tendance des effectifs est à la baisse. L'ambassade va travailler auprès des autres ambassades européennes notamment pour présenter l'offre du Lycée Français de Jakarta et le promouvoir.

Enfin pour TV5, je peux annoncer que l'agence de régulation de l'audiovisuel (KPI) a émis la circulaire pour les opérateurs levant l'interdiction d'émettre TV5. C'est le fruit du travail de mon prédécesseur et des autres ambassades parties prenantes. Nous allons maintenant prendre notre bâton de pèlerin et rencontrer les émetteurs indonésiens pour les rassurer sur la légalité d'émission de TV5 en Indonésie.

Quelles sont vos premières impressions indonésiennes ?

Je crois que je vais m'y plaire ! C'est un pays foisonnant, dynamique, tellement divers. Je suis étonné par le nombre de femmes ayant des postes à responsabilité, comme la Ministre des Finances. Le climat professionnel est décontracté, très agréable et ouvert. J'ai pu tout de suite rencontrer un certain nombre de ministres alors même que je n'ai pas encore présenté mes lettres de créance cette cérémonie devrait intervenir d'ici quelques semaines, ce n'est pas toujours le cas. Et bien entendu, même si c'est un cliché, il est tout à fait justifié : les gens sont d'une grande gentillesse. Mon épouse et moi-même nous sentons très bien accueillis.

 

Amélie Heim (www.lepetitjournal.com/jakarta) mardi 22 novembre 2016

Crédit Photos : M. Dassonville, C. Feder, P. Grenouilleau, V. Ouvrard

Rappel : 2017 est une année d'élections importantes pour la France. Pour pouvoir voter, il est impératif d'être inscrit au registre des Français de l'étranger avant le 31/12/2016. Pour cela, le consulat a mis en ligne les modalités pratiques. Cliquez ici.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié le 21 novembre 2016, mis à jour le 21 novembre 2016