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Cécile Laborderie, le challenge de l’assainissement de l’eau en Indonésie

Cecile LaborderieCecile Laborderie
Écrit par Marie Pinot Liebert
Publié le 8 mai 2022, mis à jour le 6 juin 2022

Cécile Laborderie a 20 ans d’expérience professionnelle, dans plus de 15 pays, auprès de diverses organisations internationales telles que Water Aid, l’Agence américaine pour le développement ou Oxfam. Elle travaille pour une ONG sur les sujets de l’eau, de l’assainissement et de l'hygiène. Aujourd’hui, elle nous fait part de l’expertise qu’elle met en œuvre au quotidien pour améliorer la situation dans le pays. 

 

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Je suis originaire de la ville de Pau dans le Sud-Ouest. Lorsque je passe mon Bac en 1993, le premier sommet mondial de la terre vient juste d’avoir lieu à Rio. Je dois alors décider de mon orientation et j’exprime le souhait de faire quelque chose “pour la planète”. Malheureusement, à cette époque les études liées à l’environnement sont encore rares et je me tourne vers les Sciences Politiques. 

Après mes études, je pars rapidement faire de l’humanitaire et j'enchaîne les missions d’urgence en Albanie, au Kosovo, en Ethiopie et au Congo où j’occupe des fonctions administratives et financières. 

En 2000, je rencontre mon futur mari à Kinshasa et nous avons rapidement un premier enfant. Les missions d’urgence deviennent compliquées avec un enfant en bas âge et nous prenons la décision de rentrer en France où je travaille dans un bureau d’études. 

Notre premier contact avec l’Indonésie se fait en 2006. Nous sommes appelés pour travailler pour la reconstruction de Banda Aceh suite au tsunami. Nous partons cette fois avec nos deux enfants de deux ans et quatre ans. C’est à cette période que je peux enfin travailler dans ce domaine qui me tient tant à cœur, l’environnement, sur un programme de gestion des déchets et de traitement des eaux. C’est une révélation, j’avais enfin trouvé ce qui m’animait !

Les années qui ont suivies, j’ai suivi mon mari aux Philippines, à nouveau en France puis en Egypte. J’ai profité de ces moments pour travailler en tant que consultante et suivre des formations sur les métiers de l’assainissement et de la gestion des déchets.

En septembre 2020, je suis recrutée pour le poste que j'exerce aujourd'hui. Après des mois de travail à distance en raison du Covid, nous avons enfin pu rejoindre Jakarta en fin d’année dernière. Cette fois, c’est mon mari qui m’a suivie. 

 

Assurer le bon fonctionnement des stations de traitement

 

Quels sont les enjeux en Indonésie ?

Je travaille aujourd’hui pour SNV, une ONG néerlandaise qui a deux missions principales. La première est un programme agricole qui accompagne les petits producteurs afin qu’ils produisent durablement. La deuxième concerne le volet de l’eau, de l'hygiène et de l’assainissement. C’est sur ce projet que je suis impliquée afin d’appuyer le gouvernement pour atteindre les objectifs de développement durable définis par les Nations Unies. 

 

Dépotage des boues

 

Ici, une majorité de la population s’approvisionne en eau par les puits qui sont contaminés par le manque d’assainissement. Les conséquences sont importantes car la diarrhée due à l'ingestion d'eau et d’aliments contaminés est encore la première cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans dans les pays en développement. C’est aussi une des grandes causes de malnutrition chez les enfants, entraînant un retard de croissance. En d’autres termes, il faut notamment s’assurer que les fosses septiques soient bien construites, qu’elles ne fuient pas et que les boues de vidange et le traitement des eaux soient ensuite faits correctement. C’est là où j’interviens. 

 

Le monde de l’assainissement en Indonésie est assez équilibré en termes de genre. Il y a de nombreuses femmes hautement qualifiées et motivées dans mon équipe, dans le secteur des boues de vidange que l’on pourrait penser plutôt masculin.

Quelles sont vos principales actions et réussites ? 

Nous travaillons dans trois villes choisies suite à un appel à proposition : Bandar Lampung et Metro à Sumatra et Tasikmalaya à Java. Notre programme a quatre grandes composantes : technique, financière, comportementale et institutionnelle. Pour vous donner un exemple de réussite concret, à Tasikmalaya, nous avons travaillé sur un système qui consiste à recycler des boues de vidange pour les transformer en compost. Notre mission est alors remplie car nous transformons un déchet en ressource ! Ce compost est d’ailleurs particulièrement apprécié des éleveurs de Bonzaïs qui se trouvent dans la région. 

 

Recherche sur les qualités de compost

 

Comment rendre ces actions pérennes dans le temps ?

La clé est de collaborer avec les offices gouvernementaux et les autorités locales. S'ils sont impliqués, ils peuvent intégrer nos procédures et nos formations dans leurs programmes et ainsi être totalement autonomes lorsque l’ONG aura terminé sa mission. 

 

Quel a été l’impact du Covid sur vos activités ?

Je vais peut-être vous surprendre mais le Covid n’a pas eu que des d’impacts négatifs. En effet, depuis des années, nous menons des campagnes sur le lavage de mains afin de prévenir la mortalité infantile et les bactéries du type Escherichia coli. Avec le virus, la population a réalisé à quel point il est important de se laver régulièrement et correctement les mains. Pour vous donner des chiffres concrets, nous avons mené une enquête sur 6.600 ménages de nos trois villes pilotes. En 2008, il y avait 23% des foyers qui possédaient un lavabo avec un point d’eau et du savon au sein de leur foyer. Après la pandémie, nous sommes passés à 54%, soit 600.000 personnes de plus ! 

 


Ce que j’aime dans mon travail c’est la vision à 360°, nous sommes en contact avec les ministères et les responsables municipaux mais aussi les opérateurs techniques et les ménages.