Un projet de loi approuvé par la Commission des affaires intérieures du Parlement turc le 5 octobre suscite la controverse : entre autres mesures, il autoriserait les muftis provinciaux et locaux à célébrer des mariages civils, une fonction qui était jusqu’ici réservée aux officiers d’état civil et aux maires, rapporte le quotidien en ligne Bianet.
En Turquie, les responsables religieux sont employés par la Présidence des affaires religieuses (Diyanet), elle-même placée sous l’autorité du Premier ministre. Si le mariage religieux, célébré par un imam, est très courant en Turquie, seul le mariage civil est reconnu par l’Etat. Si le projet de loi est adopté en l’état, il sera donc possible de célébrer une union religieuse et civile en même temps, sous l’autorité d’un mufti.
Le Parti d’action nationaliste (MHP, opposition) devrait soutenir cette disposition. Son député Erhan Usta avait estimé au cours de l’été qu’elle permettrait de “populariser” les mariages civils, en référence aux nombreux couples dont l’union n’a été célébrée que religieusement. A l’inverse, le Parti républicain du peuple (CHP) et le Parti démocratique des peuples (HDP) rejettent cette mesure qui porterait selon eux “un autre coup à la laïcité” et conduirait à un affaiblissement des droits des femmes. Des dizaines d’entre elles ont manifesté contre ce projet de loi dans les rues d’Istanbul, d’Ankara, d’Izmir ou encore de Trabzon ces derniers jours.
Aylin Doğan (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 9 octobre 2017