Très nombreux sont les ouvrages qui subliment les splendeurs d’Istanbul et notre propos n’est pas d’ajouter à la déjà longue liste, des textes supplémentaires qui ne pourraient être que redondants. Alors pourquoi ces articles, puisque tout semble avoir été dit, écrit et montré ?
En fait, ce que nous avons choisi de réaliser dans ce travail est la mise en parallèle des écrits de différents auteurs ayant séjourné ou visité Istanbul avec les photographies des lieux décrits par ces derniers.
Pour ce, nous avons puisé dans les nombreux ouvrages dont nous ont gratifié les "écrivains-voyageurs" du XIXème siècle, en nous efforçant d’en extraire les lignes répondant à notre objectif de mise en correspondance la plus précise entre texte et image.
Certes, nous aurions pu nous contenter d’un seul auteur par description, tout comme nous aurions pu ne sélectionner qu’un seul artiste par photographie, mais il nous a semblé plus honnête et surtout plus objectif de laisser le plus grand nombre s’exprimer afin de montrer l’éventail le plus vaste possible des différentes sensibilités tant littéraires qu’iconographiques. Et même si certains auteurs ne sont pas des maîtres de l’écriture, leur vision et la manière dont elle est exprimée n’en n’est pas moins intéressante, voire attendrissante.
Tous les textes et toutes les images n’y sont pas, loin de là, mais la sélection drastique à laquelle nous nous sommes attachés a été réalisée avec la volonté de retranscrire ce que chaque auteur ou photographe a voulu exprimer au plus près de sa sensibilité.
Je regardais aussi en détail la délicieuse fontaine d’Achmet III, sur laquelle j’avais jeté un coup d’œil en allant à Sainte-Sophie. C’est, avec la fontaine de Top’Hané, la plus remarquable de Constantinople, où il y en a tant et de si jolies. Rien n’est comparable, pour l’élégance, à ce toit retroussé comme un bout de soulier turc, tout brodé de sculptures en filigrane, mamelonné de clochetons capricieux; à ces pans de dentelles à jour, à ces niches en stalactites, à ces arabesques encadrant des pièces de vers composées par le sultan-poète; à ces colonnettes aux chapiteaux fantasques, à ces rosaces gracieusement étoilées, à ces corniches feuillies et fleuries, à ce charmant fouillis d’ornementations, heureux mélange de l’art arabe et de l’art turc. Théophile Gautier
Rien n’est charmant comme ce quai maritime de la cité franque.... Ce qui distingue cette place, c’est une fontaine admirable dans l’ancien goût turc, ornée de portiques découpés et soutenus par des colonnettes et des arabesques sculptées et peintes. Gérard de Nerval
La grille qui donne sur le quai s’ouvre sur une place très grande, sur le meidan de Top Hane, dont le centre est embelli par une fontaine superbe, un des rares monuments de cette nature que l’on rencontre ici, et qui, avec l’obélisque égyptien et les tronçons de la colonne du serpent d’Al-Meidani, forment les plus beaux spécimens de l’espèce. Henri Adolph Opper de Blowitz
A quelque distance de l’Hippodrome, au milieu d’un terrain semé de décombres incendiés, s’ouvre, au revers d’une espèce de monticule, comme une gueule noire, l’entrée d’une citerne byzantine tarie..... Les Turcs l’appellent Ben Bir Dereck ou les Mille et Une Colonnes, quoiqu’elle n’en compte en réalité que deux cent vingt-quatre....... Elle a été bâtie par Constantin dont le monogramme est empreint sur les grandes briques romaines dont se compose la voûte et sur plusieurs fûts de colonnes. Maintenant, des Juifs et des Arméniens y ont établi une manufacture de soie.
Les rouets et les dévidoirs grincent sous les arcades de Constantin, et le bruit des métiers imite le bruissement de l’eau disparue. Théophile Gautier
Citerne au mille colonnes – Photographe G Berggren (circa 1870)
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