À Nazarköy, le feu chante et le verre respire. Dans ce village d’Izmir, les artisans du nazar préservent un savoir-faire séculaire devenu symbole de lumière.


À Izmir, Nazarköy fait renaître l’art de l’œil bleu turc
Dans la chaleur d’un four, un disque de verre tourne lentement, s’irise de bleu, puis s’ouvre comme un regard. À quelques kilomètres d’Izmir, les artisans de Nazarköy perpétuent un art ancestral : celui du nazar, cet œil protecteur devenu symbole universel de la Turquie.
Si l’œil bleu fait partie du paysage quotidien turc, peu savent que son cœur bat dans ce petit village de la région égéenne. À Nazarköy, artisans, familles et autorités locales se mobilisent pour préserver un savoir-faire millénaire et lui offrir un nouvel élan.
Nazarköy, berceau de l’œil bleu turc
Niché entre collines et oliviers, Nazarköy porte un nom évocateur. Nazar signifie “regard” en turc, le même mot qui désigne l’œil protecteur censé détourner le mauvais sort. Köy, lui, veut dire “village”. Ensemble, ils forment Nazarköy, littéralement “le village du regard”.
Autrefois nommé Kurudere, le village a officiellement adopté ce nom pour honorer son artisanat du verre. Une manière d’ancrer son identité jusque dans son nom : le regard qui protège, le feu qui crée, la main qui transmet.

Ici, le mot épouse la matière et chaque perle raconte la même histoire : celle d’un peuple qui a su transformer la superstition en savoir-faire et la croyance en beauté.
Du verre et du feu : un art ancestral préservé
Dans les ateliers du village, le feu brûle sans relâche. À près de 1 200 °C, le verre fond, se colore, puis prend forme sous le souffle patient des maîtres verriers. Leur geste est précis, presque chorégraphié : superposer les cercles bleus, blancs et noirs jusqu’à ce que l’œil apparaisse, parfaitement centré, comme né du feu.
Cet art, transmis de génération en génération, se pratique encore selon la technique traditionnelle du boncuk ocağı, le four à perles. Pour beaucoup d’artisans, travailler le verre relève d’un équilibre entre souffle, chaleur et patience : il faut sentir le moment où la matière se plie au geste.
Un patrimoine soutenu et valorisé
En 2025, l’ouverture du Boncuk & Cam Sanatları Merkezi, le Centre des arts du verre et de la perle, marque une nouvelle étape dans la préservation de cet héritage. Soutenu par le ministère turc de la Culture et du Tourisme, ce centre vise à former de jeunes artisans, exposer les créations locales et accueillir des visiteurs venus découvrir la magie du verre en fusion.
Ateliers pédagogiques, expositions, résidences artistiques : l’objectif est clair, faire rayonner Nazarköy au-delà d’Izmir, tout en valorisant les gestes hérités des maîtres verriers. Un modèle de développement local où tourisme, culture et artisanat se répondent.
Tourisme et authenticité : le nazar comme expérience
À une trentaine de kilomètres d’Izmir, Nazarköy attire les curieux, les voyageurs et les passionnés d’artisanat. Le village s’explore à pied, entre ateliers ouverts, boutiques colorées et ruelles ornées de perles bleues qui scintillent au soleil.
Acheter un nazar ici, c’est rencontrer celui qui lui donne forme. Les artisans partagent volontiers leurs gestes, racontent leurs outils, leurs brûlures parfois, et leur fierté surtout.
Chaque printemps, un festival du nazar anime le village : musiques, démonstrations, expositions et marchés artisanaux font de cette tradition un moment de partage et de découverte.
Un symbole universel qui traverse le temps
Si le nazar orne encore les maisons et les voitures, il inspire aujourd’hui créateurs, designers et joailliers contemporains. Bijoux, objets déco, œuvres en verre : le symbole s’adapte, se transforme, mais ne disparaît pas.
À Nazarköy, cette modernité ne remplace pas la tradition, elle l’accompagne.
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