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À DEUX DOIGTS DE LA VICTOIRE - Rencontre avec Julien Treu, entraîneur du Kadıköy Rugby Club

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 28 avril 2014, mis à jour le 28 avril 2014

Julien Treu, 37 ans, vient de Saint-Nazaire près de Nantes. Passionné de rugby et joueur depuis son adolescence, il entraîne aujourd'hui l'équipe du Kad?köy Rugby Club à Istanbul. Son équipe a atteint cette année la finale du championnat turc mais a malheureusement perdu le match. Lepetitjournal.com a rencontré Julien Treu quelques heures après la finale à Kad?köy.

lepetitjournal.com d'Istanbul : Quelles étaient vos précédentes expériences du rugby avant d'entraîner le Kad?köy RC ?

Julien Treu (photo NS) : J'ai commencé le rugby dans un village près de Saint-Nazaire, vers Nantes, ce sont des amis qui m'ont emmené. Puis j'ai joué au club de Saint-Nazaire, ensuite je suis parti en Irlande où j'ai joué en première division, j'y ai fait trois saisons. Je suis retourné en France pour jouer à Orléans puis aux Pays-Bas où j'ai également joué pour l'équipe nationale. Après ça je suis arrivé en Turquie.  

A quand remonte votre arrivée à Istanbul ?

Je suis arrivé la première fois en 2006, c'était pour le travail. J'alternais trois semaines en Turquie, trois semaines aux Pays-Bas, trois semaines en France. Cela fait maintenant trois ans que j'habite la ville à l'année.

Quand et comment avez-vous commencé à faire du rugby à Istanbul ?

J'ai commencé en 2006, à mon arrivée, le club de Kad?köy avait été créé par des étudiants cette année-là. J'ai rejoint le club pour jouer et rencontrer des gens. Dès le premier entraînement, j'ai remarqué qu'ils avaient plus besoin d'un coach que d'un joueur. Ils commençaient le rugby donc ne connaissaient pas bien les règles, le sport en lui-même. Le club s'est finalement arrêté à la fin de la saison 2006. J'ai donc rejoint le seul club qui restait à Istanbul : les Ottomans. J'y suis resté pendant trois saisons. C'est là-bas que j'ai commencé comme entraîneur avec les moins de 18 ans. Au bout de trois ans, avec les anciens de Kad?köy, on a recréé le club avec pour objectif la compétition. Je suis devenu entraîneur.  

Quand le rugby est-il apparu en Turquie ?

Je crois que le premier club est apparu en 1999, un Français qui s'appelle Marc Mercier a créé un club d'expatriés qui voulaient jouer au rugby. Il a créé les Ottomans. C'était un club de vétérans mais il n'y avait pas de matchs car aucun adversaire jusqu'en 2006, année où sont notamment apparus les clubs de Samsun, Chypre du nord, l'ODTÜ et Kad?köy. Aujourd'hui, il y a une quinzaine de clubs en Turquie

Comment fonctionne la ligue turque ?

Au début, c'était des poules : une poule Istanbul et une poule pour le reste. Mais l'année dernière, ils ont créé deux divisions. En deuxième division, il y a toujours deux poules mais en première, tout le monde s'affronte puis une finale se joue entre les deux premiers. La saison dure d'octobre à mai.

Y a-t-il une différence entre la manière de jouer en France et en Turquie ?

Bien sûr, tout d'abord il y a des problèmes d'arbitrage car il n'y a pas de formation d'arbitres. Il faut s'y adapter. J'essaye d'apprendre à mes joueurs les règles que je connais qui ne sont pas forcément les mêmes qu'ici. Ce n'est pas toujours facile ! Mais maintenant la Turquie a une équipe nationale et joue dans une ligue nationale. Ils vont donc se retrouver confrontés à des arbitres internationaux et donc au "vrai" rugby, ils seront obligés de s'adapter.

Comment fonctionne l'équipe nationale turque ?

L'équipe est composée majoritairement d'étrangers ayant la nationalité turque mais aujourd'hui les joueurs formés en Turquie commencent à les rivaliser. Par exemple, j'ai un de mes joueurs qui a pris la place d'un de ces joueurs étrangers dans l'équipe. L'équipe nationale a une saison de rugby à 15 l'hiver et l'été c'est du rugby à 7 car le rugby à 7 est passé sport olympique. C'est pour cela qu'il y un certain engouement pour le sport mais il n'y a aucun équipement pour le pratiquer. On ne trouve pas de terrain de rugby par exemple, la finale de tout à l'heure s'est jouée sur un terrain de foot. C'est donc assez pénalisant pour les joueurs. 

Comment s'organise le Kad?köy RC ?

Aujourd'hui, on a environ 40 licenciés. Beaucoup de joueurs font également partie de l'administration mais on peut y ajouter quatre ou cinq personnes qui ne jouent pas. En plus de la saison régulière, nous organisons des matchs amicaux. Cette année, on reçoit par exemple une équipe française et le 10 octobre une équipe italienne de Gênes avec cinq internationaux italiens des moins de 21 ans qui viennent jouer contre nous. En tant qu'entraîneur, j'essaye d'inculquer les valeurs du rugby que je connais : le respect, la passion, la famille.

Y a-t-il beaucoup de supporters pour les clubs ?

Le problème des supporters ici, c'est que les dates et les endroits des matchs sont annoncés une semaine à l'avance maximum. En termes d'organisation, c'est très compliqué d'attirer du monde. Par exemple, la finale d'aujourd'hui a été annoncée il y a une semaine et demi et le stade il y a seulement quatre jours.

Voulez-vous ajouter quelque chose sur le Kad?köy RC ?

Tout le monde est le bienvenu, Turcs comme étrangers. La particularité du rugby, c'est que n'importe quelle personne peut jouer. Des personnes de tout âge, tout poids et toute taille peuvent venir. Le rugby est un sport qui associe la partie contact à l'esprit d'équipe, la solidarité, la passion. Pour l'instant, parmi tous ceux qui ont commencé, personne n'a arrêté. On aimerait aussi créer une académie de jeunes. Pour l'instant, on a eu quelques demandes mais pas assez pour commencer. L'académie est l'avenir d'un club, il faut des jeunes qui viennent suppléer les autres joueurs. Dans tous les cas, nous sommes promis à un bel avenir.

Propos recueillis par Nathanaël Scalbert (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 29 avril 2014

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Publié le 28 avril 2014, mis à jour le 28 avril 2014

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