Le 3 février dernier a eu lieu à Izmir la cérémonie de remerciements à Zeliha Toprak ayant fait valoir ses droits à la retraite après 21 années en tant que Consule Honoraire de France à Izmir, et de vœux à Bernard Arkas pour ses nouvelles fonctions.
Cette soirée, à laquelle plus de 300 personnes étaient invitées, a eu lieu sous le haut patronage d’Hervé Magro, Ambassadeur de France en Turquie et en présence et de Gökçen Kaya, ambassadrice d’Izmir représentant le Ministère des Affaires Étrangères turc, de Tunç Soyer, Maire de la ville métropolitaine d’Izmir et d’Olivier Gauvin, Consul Général de France à Istanbul.
Dans son discours, Hervé Magro a rendu un hommage très appuyé à Zeliha Toprak : "C’est une performance rare dans les annales consulaires françaises, et elle témoigne de l’engagement et de l’énergie avec laquelle vous avez représenté notre pays, soutenu nos compatriotes installés ou de passage à Izmir, et avez été une collaboratrice précieuse pour les cinq ambassadeurs de France et six consuls généraux à Istanbul avec qui vous avez travaillé – et, ayant occupé les deux fonctions, je peux personnellement en témoigner !" a-t-il notamment souligné.
La prénommée a aussi travaillé auparavant plus de vingt ans, de 1979 à 2001, pendant lesquels elle a occupé diverses fonctions à l’agence consulaire ainsi qu’auprès du service économique de l’ambassade de France, devenant, dès cette période qui a suivi la fermeture du consulat général, un relais essentiel de l’hexagone dans la région égéenne.
Hervé Magro a aussi fait savoir à l’assemblée que l’historien qui consultera les archives de l’ambassade de France en Turquie ne trouvera sur Zeliha Toprak que des commentaires positifs et élogieux... C’est dans ces archives d’ailleurs qu’a été trouvé le télégramme du consul général à Istanbul annonçant à Paris, le 4 décembre 2001, la prochaine entrée en fonctions de la prénommée à qui il en a fait cadeau.
Bernard Arkas, en devenant le nouveau consul honoraire à Izmir, s’inscrit dans une grande lignée : il succède en effet aux trois consuls honoraires, aux deux vice-consuls honoraires et aux 20 consuls généraux qui ont représenté la France à Izmir depuis la proclamation de la République turque en 1923 et sans ajouter la longue liste des consuls de France qui se sont succédé depuis la création du consulat de Smyrne en 1670…
"Vous êtes aussi le porteur d’une tradition familiale liée à la présence de la France à Izmir depuis le 18ème siècle, dont l’une des marques les plus visibles est la restauration en 2010 du bâtiment historique du consulat de France, qui accueille d’ailleurs la Galerie d’art Arkas. Il était somme toute logique que ces deux traditions, celle de la France et celle de votre famille se rejoignent un jour de manière officielle et institutionnelle. Je tiens à cette occasion à vous réitérer, à vous-même ainsi qu’à votre père Lucien qui nous fait l’honneur de sa présence, toute notre reconnaissance pour votre engagement." a notamment dit Hervé Magro, s'adressant au nouveau consul honoraire à Izmir.
Ce fut ensuite au Consul Général de remettre officiellement ce qu’on appelle dans le langage diplomatique "l’exequatur", à savoir l’accord des autorités turques à la nomination avec les meilleurs vœux de succès dans cette nouvelle mission au service de la France que le récipiendaire a bien voulu accepter.
C’est l’émotion qui a habité Zeliha Toprak dans son allocution, tout comme le premier jour, où elle a gravi les escaliers du Consulat général de France, il y a de cela 43 ans.
L’ancienne consule honoraire, qui s’est vu décerner la légion d’honneur en 2017, a tenu à évoquer la relation bilatérale franco-turque, riche d’un passé qui fête ses 498 ans. "Il regorge de moments forts, qui démontrent la complexité de nos relations, et pour n’en citer que quelques exemples :
- le père de Jean-Jacques Rousseau, horloger du palais ottoman de 1705 à 1711,
- l’inspiration que tire Rousseau du passé ottoman de son père,
- le Contrat social de Rousseau qui devient l’un des livres de chevet de Mustafa Kemal Atatürk,
- la France fut le premier État occidental à reconnaître l’indépendance de la République turque fondée par Atatürk,
- enfin les 4974 mots d’origine française adoptés et actuellement utilisés en turc." a-t-elle notamment rappelé.
Outre les remerciements aux officiels, Zeliha Toprak a aussi tenu à remercier en particulier "mon cher frère Lucien Arkas, notre étoile du Berger, vous, qui faites partie de ma famille... Vous avez toujours su être à nos côtés, aussi bien matériellement, notamment au cours de la rénovation du consulat, que spirituellement, lorsque nous étions nous-mêmes sur le chemin pour bâtir nos vies. Aussi, et bien entendu, chère Işınsu Kestelli. En plus de camaraderie, tu as fait preuve de fraternité à mon égard. Merci infiniment de ton soutien et pour ton sourire qui embellit nos vies. Tu comptes beaucoup pour moi."
Elle a terminé son discours en souhaitant le meilleur à son successeur : "Cher Bernard Arkas, vous vous y prêtez à merveille. Comptez sur moi pour être à vos côtés, tant que la santé me le permet. Je vous souhaite bon vent et plein de succès.", avant de conclure avec une citation qu’elle apprécie : "C’est parce que certains avaient planté un arbre il y a longtemps que quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui.", exprimant ainsi toute sa gratitude envers chaque personne ayant contribué à instaurer cette ombre, qui sert de refuge aujourd’hui.
Lors de sa prise de parole, Bernard Arkas a rappelé qu’il faisait partie d'une famille qui vit à Izmir depuis neuf générations et qu’étant à la fois turc et français, il a grandi avec la synthèse de ces deux cultures dont il a toujours expérimenté les avantages dans ses relations internationales, sa vie privée et sa vie professionnelle.
"Mon père, Lucien Arkas, est à l'origine de mes liens culturels avec la France, comme c'est le cas pour bien d'autres dossiers. J'ai beaucoup appris grâce à l'inspiration que j'ai reçue de ses conseils… Maîtriser la culture française et essayer de la faire vivre en fait partie. En réalité, je continue une tradition qui a commencé avec mon père et qui a survécu jusqu'à ce jour. Pendant les 32 années où nous avons travaillé ensemble, nous avons appris à être une équipe. Je ressens la confiance et le confort de travailler en équipe dans cette nouvelle ère." a dit en substance Bernard Arkas.
Dans l’interview que Bernard Arkas a bien voulu donner au Petit Jounal d’Istanbul, il évoque la culture française : "Nous accordons de l'importance pour maintenir la culture française comme mode de vie dans la société dans laquelle nous vivons et à la poursuite de l'éducation française. Nous avons toujours été heureux de soutenir et de participer à la gestion des écoles élémentaires de Piri Reis, créées par la Fondation Orion, dont mon père est le fondateur et le président. Nous travaillons à créer des infrastructures pour tous les lycées, en particulier pour le lycée français Saint-Joseph.
En 2011, nous avons créé un nouveau centre d’art à Izmir, situé dans le bâtiment du consulat, un très beau et rare bâtiment historique d'Izmir. Ce lieu a été attribué à Arkas par l'État français à des fins culturelles et artistiques. Depuis 2011, le Centre d'Art Arkas ajoute de la valeur à la vie culturelle d'Izmir grâce à ses expositions internationales.
En ce moment l’exposition en cours, “L'air De Paris”, présente une sélection très spéciale en termes de relations artistiques entre la Turquie et la France. Dans cette exposition, on voit comment l'art français a influencé la peinture turque. En fait, je poursuis une tradition qui a commencé avec mon père et qui s'est perpétuée jusqu'à aujourd'hui."
Concernant la façon dont il se projette dans ses nouvelles fonctions, Bernard Arkas a dit en exergue : "Zeliha Toprak, qui m'a transmis cette mission, est une amie très précieuse, elle est comme un membre de notre famille. Si elle ne m'avait pas encouragé et n’avait pas accepté de faire partie de l'équipe du consulat, je n'aurais peut-être pas osé aspirer à cette mission. Mais je sais que durant ma mission, elle me soutiendra toujours de sa présence, sera à mes côtés et aidera cette mission à se poursuivre sans interruption en tant que consul honoraire. C'est dans notre tradition familiale de contribuer à la ville et à la société dans laquelle nous vivons. Nous essayons de perpétuer cette tradition en soutenant les arts, les sports, l'éducation et l'environnement… Et, bien sûr, mes étroites relations culturelles et commerciales avec la France ont été importantes pour entreprendre cette tâche en toute confiance."
À la dernière question : 'Qu'avez-vous envie de dire à la communauté française d'Izmir ?', voici sa réponse : "Les services consulaires continueront de fonctionner comme avant. Nous continuerons de développer des projets dans les domaines de la culture, de l'éducation et des arts. Dans ce nouveau rôle, je travaillerai de toutes mes forces pour renforcer les relations bilatérales et développer encore plus le rayonnement de la culture française qui existe déjà à Izmir."
Pour recevoir gratuitement notre newsletter du lundi au vendredi, inscrivez-vous en cliquant ICI
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et/ou Instagram