Les ressortissants de pays arabes sont de plus en plus nombreux à acheter des biens immobiliers en Turquie. Ceux d’entre eux qui pratiquent la polygamie se heurtent toutefois à un obstacle : l’interdiction de cette pratique en Turquie et la difficulté d’obtenir un permis de résidence pour toutes leurs épouses. La réglementation turque, qui autorise un seul permis de séjour pour une seule épouse, freinerait leurs volontés de s’installer dans le pays
Durant les dix premiers mois de l’année, les étrangers ont été environ 15.000 à acheter près de 21.691 biens immobiliers en Turquie. Si la demande la plus élevée concerne les ressortissants de Russie, d’Allemagne et du Royaume-Uni, les citoyens des pays arabes ne sont pas en reste. Ils devraient d’ailleurs représenter la demande la plus en hausse une fois les dernières ventes de l’année officiellement déclarées, indiquent les professionnels du secteur immobilier, cités par les médias turcs. Pourtant, ces étrangers sont confrontés à la réglementation turque.Photo 1000zen/Flickr/CC
Un seul permis de séjour
La polygamie est interdite en Turquie depuis 1926. Les polygames des pays arabes n'ont donc pas l'autorisation de vivre officiellement sous le même toit avec différentes épouses. Il n’est pas non plus possible d’obtenir un permis de séjour pour chacune de ces épouses, la loi n’en autorisant qu’un pour une épouse seulement.
Selon Hamit Demir, président de Demir Construction interrogé par le quotidien Hürriyet Daily News, “de nombreux Arabes disent vouloir acheter une maison en Turquie mais (…) la loi actuelle n’autorisant qu’un seul permis de travail à seulement une épouse”, bon nombre d'entre eux se découragent. Hamit Demir indique que de nombreux polygames sollicitent l’aide de sa compagnie afin d’amener légalement toutes leurs épouses en Turquie.
Alternative : une maison par épouse ?
Ali Ağaoğlu, à la tête d’un des plus importants groupes turcs de construction immobilière, estime que “les Arabes ne devraient pas avoir de problèmes en venant en Turquie”. Il a donc envisagé les alternatives qui s’offraient à eux.
"Un mari est autorisé à vivre avec une seule femme en Turquie, afin de se voir délivrer un permis de séjour. Mais s’il a quatre épouses, il peut acheter une maison à chacune d’entre elles et elles pourront, à leur tour, se voir délivrer un permis de séjour" en devenant elles-mêmes propriétaires, a-t-il affirmé récemment sur la chaîne privée CNBC.
Saoudiens : les plus concernés
Les citoyens d’Arabie Saoudite sont les plus concernés par l'interdiction de la polygamie en Turquie. De janvier à octobre, ils ont acheté près de 773 propriétés, devant les Irakiens, suivis de près pas des Koweitiens, les Emiratis et les Jordaniens.
Pendant longtemps, en vertu d'une loi de réciprocité immobilière, la plupart des étrangers ne pouvaient pas accéder à la propriété en Turquie au motif que dans leur pays d’origine, les citoyens turcs ne bénéficiaient pas de ce droit. Depuis mai 2012 et une modification de la loi, les étrangers peuvent y acquérir une surface maximale de 30 hectares.
De plus, le permis de séjour maximum pour les propriétaires de biens immobiliers est passé récemment de trois mois à un an renouvelable. D’après la loi actuelle, les étrangers en Turquie doivent renouveler leur titre de séjour tous les ans pendant huit ans “sans interruption” pour obtenir un permis de résidence permanent.
Laura Lavenne (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 12 décembre 2013