Selon les dernières estimations, une courte majorité des Turcs a accordé dimanche à Recep Tayyip Erdogan le régime présidentiel dont il rêvait depuis des années. L’opposition, qui sort d’une campagne tendue et très peu équitable, conteste le résultat.
Selon des résultats non définitifs, 51,4% des Turcs ont approuvé dimanche la réforme transformant leur pays en République présidentielle, après neuf décennies de régime parlementaire. Le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, a revendiqué sa victoire, qu’il a qualifiée de « moment historique », appelant « les autres pays à respecter la décision du peuple turc » et s’engageant à lancer « immédiatement » les travaux sur le rétablissement de la peine de mort – une promesse de campagne. Devant des milliers de partisans réunis à Ankara, le Premier ministre et chef du parti au pouvoir (Parti de la justice et du développement, AKP), Binali Yildirim, a quant à lui salué « la plus belle réponse » aux commanditaires de la tentative de putsch de juillet 2016, aux séparatistes kurdes et aux « forces étrangères hostiles à la Turquie ». Plus de 86% des électeurs ont participé au scrutin.
Cette victoire étriquée, le pouvoir turc la doit à ses bastions conservateurs d’Anatolie centrale et de la mer Noire, tandis que le non l’emporte dans les plus grandes villes du pays : Istanbul, Ankara et Izmir. Avant de proclamer les résultats officiels, le Haut conseil électoral (YSK) devra toutefois examiner des centaines d’irrégularités présumées, signalées par l’opposition. Il devra surtout justifier sa décision de dernière minute d’accepter comme valides de nombreux bulletins normalement considérés comme irréguliers – car exempts de sceau officiel. L’opposition devrait utiliser cette procédure discutable pour remettre en cause le résultat. « Le référendum a montré qu’au moins 50% de la société disait non » à cette réforme, a dénoncé le leader de l’opposition, Kemal Kiliçdaroglu. « Nous respectons le verdict du peuple mais le YSK a jeté une ombre sur le résultat », a poursuivi le chef du Parti républicain du peuple (CHP). La deuxième formation d’opposition, le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), a fait savoir qu’il allait contester les votes provenant de « deux tiers » des urnes, dénonçant des « manipulations ».
Istanbul (http://lepetitjournal.com/istanbul) lundi 17 avril 2017
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