Malgré les importants budgets alloués au ministère de l'Education nationale ces dernières années, le système éducatif turc est toujours à la traîne par rapport aux autres pays membres de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). C'est ce que souligne l'édition 2012 du rapport PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), publiée mardi.
Publié tous les trois ans, le classement PISA vise à évaluer et comparer les systèmes éducatifs des pays de l'OCDE, en mettant à l'épreuve les aptitudes et le savoir des élèves de 15 ans. Cette année, l'accent a été mis sur le niveau en mathématiques des 510.000 participants de 65 pays.
Photo Flickr/CC
Alors que les pays asiatiques occupent les premières positions, avec Shanghai en tête, suivie de Singapour et Hong Kong, la Turquie affiche une augmentation moyenne de sa performance en mathématiques de plus de 2,5 points par an. Elle fait également partie des pays de l'OCDE qui, bien qu'en-dessous de la moyenne, connaissent une progression rapide dans plusieurs domaines, notamment en lecture, avec une hausse de trois points depuis trois ans.
Un système éducatif miné par ses lacunes
La Turquie demeure néanmoins en-dessous de la moyenne des 65 pays et n'a pas progressé au classement général depuis le dernier rapport publié en 2009 : elle se situe à la 44ème place, bien après la France qui tient la 25ème place sur 65 et accuse toutefois un recul de deux places par rapport à 2009. D'après le quotidien Today's Zaman, le budget accordé à l'éducation en Turquie a plus que triplé au cours des 10 dernières années. L'an prochain, 78,5 milliards de livres turques (28,2 milliards d'euros) du budget national devraient être accordés au ministère de l'Education, ce qui représente une augmentation de 15% par rapport à 2012. Pourtant, le pays est toujours confronté à d'importants problèmes qui minent son système éducatif.
Cet état de fait s'expliquerait entre autres par l'instabilité du ministère de l'Education : au cours des 11 dernières années de gouvernement AKP (Parti de la justice et du développement), cinq ministres différents se sont succédés à ce poste, et de nouvelles politiques ont été mises en place presque tous les ans. Tant pour les parents que pour les professeurs et les élèves, l'adaptation serait difficile, rapporte le quotidien.
Comparé aux autres pays de l'OCDE, les professeurs turcs seraient ceux qui ont le plus d'heures de travail, le plus d'élèves par classe et les salaires les plus bas. Quant aux élèves, ils manquent de soutien personnalisé. On compte seulement un professeur particulier pour 1.200 élèves, tandis que huit millions d'étudiants n'ont pas accès à cette aide scolaire.
Le président du rapport PISA, Eric Charbonnier, a par ailleurs mis en garde le gouvernement turc contre sa décision de fermer d'ici septembre 2015 les classes préparatoires privées. "L'éducation en Turquie a progressé grâce aux mesures prises en 2009 et 2010. Ces mesures devraient assurer une égalité sociale. Si les classes préparatoires doivent être fermées, alors un meilleur système doit être mis en place. Les écoles publiques devraient fournir une éducation de même qualité que ces écoles", a-t-il déclaré au quotidien Today's Zaman.
Sarah Diep (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 5 décembre 2013