Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Quatre candidats en lice pour l’élection présidentielle turque de 2023

Elections 2023 turquieElections 2023 turquie
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 2 avril 2023, mis à jour le 10 janvier 2024

Photo - De gauche à droite, de haut en bas : Recep Tayyip Erdoğan, Muharrem İnce, Kemal Kılıçdaroğlu, Sinan Oğan

Le Haut conseil électoral turc a annoncé les quatre candidats éligibles pour l’élection présidentielle du 14 mai. Il a également déterminé, par tirage au sort, le placement des candidats sur le bulletin de vote.

En vertu de la Constitution turque, pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle, les candidats doivent être âgés d'au moins 40 ans et justifier d’un diplôme d’études supérieures. Le président, élu pour 5 ans, ne peut être réélu qu’une fois (2 mandats, 10 ans au total). Tout parti politique qui a remporté 5 % des voix lors des élections législatives précédentes peut présenter un candidat (les partis qui n'ont pas atteint ce seuil peuvent former des alliances et présenter un candidat commun). Par ailleurs, les candidats indépendants peuvent se présenter s'ils recueillent 100 000 signatures d’électeurs.

S’il y avait six candidats en lice lors de la dernière élection présidentielle de 2018 (Recep Tayyip Erdoğan, Muharrem Ince, Temel Karamollaoğlu, Meral Akşener, Selahattin Demirtaş et Doğu Perincek), cette année, quatre candidats pourront concourir. La liste finalisée par le Haut conseil électoral turc (YSK), déterminant les candidats éligibles pour l’élection présidentielle de 2023, a été publiée au Journal officiel le vendredi 31 mars. Elle compte : Recep Tayyip Erdogan, Muharrem Ince, Kemal Kılıçdaroğlu et Sinan Oğan.

La campagne a ainsi débuté officiellement à compter de ce 31 mars.

Recep Tayyip Erdoğan pour l’Alliance populaire ou "Cumhur İttifakı"

La coalition actuellement au pouvoir en Turquie regroupe le parti du président turc, l’AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi, Parti de la justice et du développement : conservateur), et le MHP (Milliyetçi Hareket Partisi, Parti du mouvement nationaliste : ultra nationaliste). Recep Tayyip Erdoğan a été premier ministre de 2003 à 2014, puis élu président en 2014 et en 2018 (après la réforme de 2017).

La question de son éligibilité pour l’élection de 2023 a été très discutée chez les juristes. En effet, la constitutionnalité de sa candidature n'était pas acquise, dans la mesure où il a déjà effectué les deux mandats prévus par la constitution turque. Mais ces affirmations ont été régulièrement rejetées, la Turquie passant à un "nouveau système" lors des élections de 2018. Selon le président, le système aurait ainsi été "réinitialisé" suite au référendum de 2017 portant sur le changement du système parlementaire à un système présidentiel : c’est ainsi que le président élu en 2018 serait le premier président du nouveau système.

Fin mars, plusieurs requêtes ont été déposées pour contester la légalité de la candidature du président sortant, aucune n’a abouti. La candidature du président turc a été validée par le Haut conseil électoral.

Pour cette élection, l'Alliance populaire peut aussi compter sur le soutien de petits partis tels que celui de Fatih Erbakan, le Parti de la Prospérité (Yeniden Refah partisi - YRP), le parti kurde islamique (HÜDA- PAR), le Parti de la grande union (BBP) ou encore le Parti de la gauche démocratique (DSP).

Le slogan de cette coalition est : "Türkiye için hemen şimdi" ("Tout de suite pour la Turquie").

Kemal Kılıçdaroğlu pour l’Alliance de la nation ou "Millet İttifakı"

Il est le candidat d'un bloc d'opposition à six partis (la "Table des Six"), qui regroupe une coalition dont le but initial est de mettre en échec le président Erdoğan, et de revenir au système parlementaire. 

Cette coalition regroupe le Parti républicain du peuple (CHP, le parti kémaliste fondé par Atatürk : républicain, social-démocrate, laïc) présidé par Kemal Kılıçdaroğlu (candidat choisi), le Bon Parti (IYI parti : nationaliste, conservateur et laïc - issu d'une scission avec le MHP en 2017) présidé par Meral Akşener, le Parti de la Félicité (SP, Saadet partisi : islamo-conservateur) présidé par Temel Karamollaoğlu, le Parti Démocrate (DP, Demokrat partisi : conservateur et laïc) présidé par Gültekin Uysa, le Parti de l’Avenir (Gelecek partisi : libéral-conservateur) présidé par Ahmet Davutoğlu (ancien membre de l’AKP, ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2014), et le parti de la Démocratie et du Progrès (DEVA, Demokrasi ve Atılım Partisi : libéral-conservateur) présidé par Ali Babacan (ancien membre de l’AKP, ministre de l’Économie de 2002 à 2007 et de 2009 à 2011).

Cette coalition devrait également être soutenue tacitement par d’autres partis, comme le Parti démocratique des peuples (HDP, Halkların Demokratik Partisi : gauche), pro-kurde, deuxième parti d’opposition au parlement turc.

Le slogan de cette coalition est : "Sana söz yine baharlar gelecek" ("Je te promets que le printemps reviendra").

Muharrem İnce, Parti de la Nation ou "Memleket partisi" (MP)

Il est le leader du Parti de la Nation (MP, Memleket partisi : nationaliste), et ancien candidat du CHP à l’élection présidentielle de 2018. Il a recueilli 100 000 signatures d'électeurs fin mars pour faire valider sa candidature à l’élection présidentielle de 2023. Mais Muharrem Ince a décidé de se retirer le 11 mai, trois jours avant les élections. Sa candidature était très critiquée dans les rangs du CHP, faisant craindre un affaiblissement de la candidature de Kemal Kılıçdaroğlu. 

Le Haut conseil électoral (YKS) a néanmoins annoncé que les bulletins de vote resteraient inchangés, et que les voix pour Muharrem İnce ne seraient pas comptées comme nulles.

Sinan Oğan pour l’Alliance ATA ou "ATA İttifakı"

Ancien député du MHP, il a recueilli 100 000 signatures d'électeurs fin mars. Il est le candidat d’une coalition menée avec Ümit Ozdağ, leader du Parti de la Victoire (ZP, Zafer partisi : parti d’extrême droite anti-immigration).

Le slogan de la coalition est : "#OAnGeliyor" ("Le moment arrive").

 

Par ailleurs, ce samedi 1er avril, le Haut conseil électoral a tiré au sort le positionnement des candidats sur le bulletin de vote. L’ordre sera comme ci-dessous :

 

bulletin de vote turquie 2023

De gauche à droite : (1) Recep Tayyip Erdoğan, (2) Muharrem İnce, (3) Kemal Kılıçdaroğlu (4) Sinan Oğan

 

turquie élections procédure tampon

 

À noter que pour les élections en Turquie, il existe seulement un bulletin de vote sur lequel apparaissent les noms de tous les candidats. Un tampon sur lequel est inscrit "tercih" ("choix") est distribué à chaque votant avant qu’il  ne se rende dans l’isoloir. L’électeur indique ainsi son "choix" en tamponnant dans le rond sous le nom du candidat qu’il "choisit".

Pour être élu au premier tour de ce scrutin le 14 mai, un candidat doit obtenir plus de 50% des voix. Le cas échéant, un deuxième tour sera organisé le dimanche 28 mai.

 

Pour recevoir gratuitement notre newsletter du lundi au vendredi, inscrivez-vous en cliquant ICI 

Suivez-nous sur FacebookTwitter et/ou Instagram

Sur le même sujet

Albane Akyüz
Publié le 2 avril 2023, mis à jour le 10 janvier 2024

Sujets du moment

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions