Afin de mieux comprendre le milieu de la pêche à Istanbul, Le Petit Journal d'Istanbul a rencontré trois pêcheurs, Uzeir, un retraité dont la pêche est la passion, Sohat, pour qui c'est un gagne-pain et enfin Mehmet patron d'un bateau de pêche et président d'une coopérative. A la façon dont ils en vivent, on réalise qu'il y a différentes manières de tirer un bénéfice de cette activité. C'est à la carte?
Sohat, 59 ans, le pêcheur en solo Sohat ( photo MER )
"C'est mon métier, j'en vis? " Mais il nous confie qu'il travaille aussi dans un Otopark, les recettes de la pêche ne doivent pas être suffisantes ...
"Je suis à mon compte, je pars pêcher sur le bateau d'un ami vers la Mer Noire et je vends directement mes poissons le long du Bosphore". On comprend plus tard que ce bateau embarque une bonne vingtaine d'hommes, il s'agit en fait d'une coopérative. Mais comme le patron est un ami, il laisse partir notre ami Sohat avec "quelques dizaines de kilos, sur une pêche totale qui s'élèverait à 10 000 kilos? "
Apparemment, si certains marins pêcheurs sont payés à la tâche, d'autres sont payés en nature...
"Les meilleurs mois pour pêcher, c'est à partir de septembre et jusqu'en novembre;l'été, l'eau est trop chaude, alors les poissons restent dans un canal au fond du Bosphore, ils dorment, quand il fait plus froid, ils ressortent à la surface. La meilleure heure, c'est 5 heures du matin, là encore à cause de la température."Sohat passe sa journée entière le long du Bosphore, avec un copain de fortune, car il "fuit sa femme qui le harcèle en lui reprochant de trop s'adonner à la boisson? La pêche, c'est un métier très dur, il faut bien des compensations? ".
Mehmet, 50 ans, patron de son "troll"et Président d'une coopérative
Mehmet sur son bateau ( photo MER )
Mehmet préparait son bateau pour partir une vingtaine de jours sur la Mer Noire. L'équipage composé de 6 marins pêcheurs s'attelait à préparer l'expédition : système pour garantir l'autonomie de la glace, maille du filet contrôlée pour ne pas prendre des poissons trop petits? "En août, la pêche n'est pas autorisée, alors de septembre à avril, c'est la pleine saison, on part régulièrement pour une vingtaine de jours, dans les eaux internationales, vers la Grèce, la Bulgarie, la Russie? c'est là où nous rencontrons le plus de problèmes, on n'a pas le droit de s'approcher trop près des eaux territoriales? ".
Quant à la vente, ce n'est pas de son ressort, il vend à des marchés de gros, des halles au poisson telles que celles de Kumkapi à Istanbul. Mareyeur, c'est encore un autre métier.
Mehmet est aussi Président de la coopérative des trolls, 80 bateaux sur Istanbul, sur lesquels travaillent près de 500 personnes. Mehmet nous explique que ce système de coopérative est indispensable : "Un bateau , ça coûte cher, on est obligés de s'endetter énormément, donc 1/3 des personnes travaillant dans la coopérative sont des membres, c'est-à-dire investissent de l'argent et sont intéressés au bénéfice. Mais nous ne sommes pas trop aidés par le gouvernement, on aimerait avoir plus de subventions, être soutenus par l'Etat? ".
Uzeir, 56 ans, le père tranquille
"Je suis retraité, j'étais cordonnier et j'adore bricoler alors je continue à confectionner des accessoires pour la pêche. Je ne fais pas de commerce, c'est un loisir". Son coffre est fourni en accessoires en tout genre qu'Uzeir vend ou loue.
Uzeir ne pêche que l'istarvit, qu'il garde pour sa propre consommation, "frit, c'est délicieux".
Uzeir nous confirme que l'automne est la meilleure saison pour la pêche. Mais pour "les vrais gens" ("gerçek kisi", en turc les particuliers ), par opposition aux professionnels, c'est-à-dire pour les pêcheurs à la canne à pêche plutôt qu'en bateau, il faudra encore patienter jusqu'en novembre car les berges mettent plus de temps à se rafraîchir. "S'il pleut, c'est encore mieux, car les poissons ressortent alors à la surface? ". Voilà pourquoi les pêcheurs encapuchonnés dans leur ciré restent le long du Bosphore qu'il pleuve ou qu'il vente?
Propos recueillis par Marie-Eve Richet (www.lepetitjournal.com/Istanbul) jeudi 1er octobre 2009.





































