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PALAIS DE L’ÉLYSÉE, LE 22 JANVIER 1963 – Les 50 ans d’un traité “qui a inversé le cours de l’histoire”

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 février 2018

 

Allemands et Français ont célébré hier les noces d’or du Traité de l’Elysée. Cinquante ans plus tôt, le 22 janvier 1963, Konrad Adenauer et Charles de Gaulle scellaient l’amitié retrouvée entre leurs deux pays, moteur de la construction européenne. Les communautés française et allemande d’Istanbul ont fêté cet anniversaire hier soir au Consulat général de la République fédérale d’Allemagne.

C’est l’histoire de deux peuples que des siècles de guerres sanglantes avaient voulu élever en “ennemis héréditaires”. L’histoire d’une paix inespérée, d’une réconciliation écrite par des dirigeants visionnaires, témoins de deux conflits mondiaux, pressés de mettre un terme à ce cercle vicieux de haine et de revanche.

Après la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1951, après les Traités de Rome instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l'énergie atomique, la République Fédérale d’Allemagne (Allemagne de l’ouest, à l’époque) et la France signent le 22 janvier 1963 un traité de coopération au Palais de l’Elysée.

Il impose aux gouvernements des consultations régulières sur les questions de politique étrangère, de défense, sur l’éducation et la jeunesse. Les rencontres bilatérales se succèdent, renforcées depuis dix ans, deux fois par an, par un Conseil des ministres franco-allemand. En 2003, les deux parlements ont même siégé ensemble à Versailles, lieu d’humiliations successives pour les belligérants d’autrefois.

Le traité appelle surtout les jeunesses française et allemande à “resserrer les liens qui les unissent” et à “renforcer leur compréhension mutuelle”. Il aboutit, le 5 juillet de la même année, à la création de l’Office franco-allemand pour la jeunesse, financé par les deux Etats. En 50 ans, plus de huit millions de jeunes ont participé à ses programmes d’échange. Ils sont environ 200.000 chaque année à en bénéficier. Près de 2.000 villes et régions ont établi un jumelage, plus de 5.000 écoles des deux pays sont partenaires.

“L’histoire ne pardonne ni l’oubli, ni l’ignorance”
Ce traité a donc un demi-siècle. Faut-il pour autant continuer à en fêter l’anniversaire ?  Pour Jutta Wolke, consule générale d’Allemagne à Istanbul, cela ne fait aucun doute : “Cinquante ans, cela peut paraître très loin, en particulier pour les jeunes qui n’ont pas vécu la deuxième guerre mondiale (…) mais ce traité a inversé le cours de l’histoire en Europe”, explique-t-elle au petitjournal.com d’Istanbul. “La France et l’Allemagne avaient toujours été des voisins mais jamais des amis. Le début de cette amitié a été le noyau dur de la paix en Europe.” Des “amis” qui peuvent avoir des divergences – la crise de la zone euro l’a montré – “mais les désaccords sont normaux, ils nous poussent à aller vers les meilleures solutions.”

Les consuls généraux de France et d'Allemagne à Istanbul, Hervé Magro et Jutta Wolke. (photo MD)

Quelques heures plus tôt, des élèves des lycées français et allemands d’Istanbul s’étaient retrouvés dans ce même consulat général de la République fédérale d’Allemagne. “L’histoire ne pardonne ni l’oubli, ni l’ignorance” a souligné dans un discours le consul général de France. “Les jeunes ont étudié la relation franco-allemande mais se rappellent-ils de ce qui nous séparait ?” interroge Hervé Magro, citant l’histoire de son père, blessé sur le front dans les Vosges. Il faut, poursuit le consul général, “se rappeler toujours de ce que nous sommes malheureusement capables de faire. Il faut que nous restions mobilisés et que nous continuions à travailler pour cette amitié.”

Les célébrations de “l’année franco-allemande”, lancée officiellement en septembre 2012, se poursuivront jusqu’en juillet 2013. Elles seront tournées vers les jeunes et la société civile, y compris à Istanbul et dans divers domaines de coopération (culturel, archéologique, audiovisuel etc.), a précisé Hervé Magro, concluant sur “l’importance d’y associer le public turc.”

Anne Andlauer (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 23 janvier 2013

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 23 janvier 2013, mis à jour le 9 février 2018
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