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Ankapark : sa faillite signe la fin d’un gouffre financier

Ankapark dinosaure banquerouteAnkapark dinosaure banqueroute
À l'Ankapark, compte Instagram Wonderland Eurasia
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 27 mars 2022, mis à jour le 10 janvier 2024

Ankapark ou Wonderland Eurasia était un parc d’attraction à l’avenir prometteur : il avait vocation à développer le tourisme de la capitale turque ; mais son destin fut autre, sa chute entraînant de considérables pertes financières.

Se targuant d’être le plus grand parc d’attraction d’Europe (1,3 million de m2), et le deuxième au monde, il ne comptait pas moins de 17 montagnes russes… Ouvert en mars 2019 (après 6 ans de travaux, et malgré des décisions judiciaires prises à son encontre), le parc avait dû arrêter son activité moins d’un an après, en février 2020, en raison du manque de fréquentation, et de dettes accumulées par la société exploitante. Mais son avenir avait été scellé bien plus tôt : dès la première semaine d’ouverture, des problèmes techniques étaient apparus, un train notamment était resté bloqué.

Faire d'Ankara une destination touristique

Le projet avait au départ pour but d’amener des touristes à Ankara, la capitale (très administrative) turque, où ces derniers se font plutôt rares… S’il y avait 3,7 millions de touristes à Ankara en 2018, la plupart étaient des familles turques venues visiter le mausolée d’Atatürk (Anıtkabir). Avec le parc, l’ambition de l’ancien maire de la ville, Melih Gökçek, était de porter la fréquentation touristique à 10 millions de personnes par an.

Maire de 1994 à 2017*, Melih Gökçek (membre de l'AKP à partir de 2003) a dépensé pour ce projet pharamineux plus de 801 millions de dollars. Des projets fous, l’ancien maire d’Ankara en avait d’autres, l’un d’eux était d’amener le Bosphore à la capitale… Toutes ces ambitions ont contribué à la lassitude des Ankaraïotes, menant à l’élection de Mansur Yavaş (CHP, opposition) aux élections municipales de mars 2019.

Faillite de l’Ankapark

Ce vendredi 25 mars, un tribunal d'Ankara a déclaré la société de l’Ankapark (Ankapark Turizm İşletmeleri Ticaret Anonim Şirketi) en faillite. Celle-ci a été publiée au Journal officiel du registre des commerces et des sociétés.

 

 

Une décision judiciaire est attendue le 15 juin 2022, pour le transfert de l'installation (devenue un énorme tas de ferraille) à la municipalité métropolitaine d'Ankara (ABB).

Domaine d’Atatürk

Malgré le gâchis financier du parc d’attraction, une grande partie des Ankaraïotes a toujours regretté le choix du lieu, un espace naturel associé au fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk.

C’est en effet sur le domaine de la "ferme de la forêt d'Atatürk", aménagée en 1925 et qui accueillait un zoo et des potagers, que le parc a été construit. Atatürk avait souhaité la création de cet espace pour qu'il réponde aux besoins de la capitale en produits agricoles.

Pour l’opposition, la construction d'un parc d'attractions sur ce lieu symbolique a donc participé de l'entreprise d'effacement de l'héritage d'Atatürk, ce dont le pouvoir turc a souvent été accusé ces dernières années.

Aujourd’hui, le projet "Bademlidere Kent Ormanı ve Parkı" prévoit de reconstituer dans le district de Çankaya cette forêt d’Atatürk, sur un espace de 750 000 m2

Pour ce qui est du parc "fantôme", le dernier chapitre se ferme donc, une fin qui laisse un goût très amer aux habitants de la capitale.

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(*) À l'automne 2017, Melih Gökçek démissionne, sur "ordre" du président Recep Tayyip Erdogan, qui cherche à renouveler les rangs du parti au pouvoir en prévision des élections de 2019. Mustafa Tuna lui succède. Mais c'est Mehmet Özhaseki (ministre de l'Environnement et de la Ville de 2016 à 2018) qui sera le candidat de l'AKP aux élections municipales de 2019. Mansur Yavaş (opposition) remportera l'élection. 

Albane Akyüz
Publié le 27 mars 2022, mis à jour le 10 janvier 2024

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