Pour son 150ème anniversaire, le lycée Saint-Joseph d’Istanbul présente l’exposition “Saint-Joseph : Battements d’une machine fabuleuse. 150 ans de pédagogie en formes, scènes et narrations”, qui se tiendra du 1er octobre au 21 janvier 2022.
Initialement prévue en 2020, cette exposition, qui bénéficie du soutien de l’Ambassade de France en Turquie et de l’Institut français de Turquie, sera accompagnée d'un programme public de séminaires, présentations et projections.
Sous le commissariat d’Aslı Seven*, l’exposition réunit les travaux de 12 artistes qui vivent en France et en Turquie : Dilşad Aladağ, Eda Aslan, Emre Hüner, Ekin Kano, Komet, Maude Maris, Daniel Otero Torres, Emin Fırat Övür, İz Öztat, Julien Prévieux, Sergen Şehitoğlu et Virginie Yassef. Aslı Seven nous confie : "Ce qui réunit l'ensemble des artistes est qu'ils partagent tous un gout pour la recherche à la fois esthétique, théorique et historique. Ils ont des pratiques très diversifiées mais tous se situent par un aspect ou un autre de leur travail, au croisement de l'art et de la recherche - que ce soit la sciences dures ou les sciences sociales - et peut-etre un intéret pour la fiction, et plus spécifiquement pour la science fiction, pour le potentiel spéculatif de tout contexte, de toute archive, de toute connaissance."
À la découverte des archives du lycée Saint-Joseph
L’exposition est l’aboutissement d’un processus de recherche et de production artistiques mené durant plusieurs années au sein des archives et des outils pédagogiques de l’école, tels que les collections d’histoire naturelle, les maquettes biologiques ou encore les outils d’expérimentation en laboratoire.
Aslı Seven nous indique : "La préparation de l'exposition était initialement prévue de s'étaler sur une période de 20 mois. Ce plan initial prévoyait des périodes de résidences de recherche et de production pour les artistes français et turcs au sein du lycée, leur processus de production étant couplé d'ateliers avec les élèves. La pandémie a malheureusement rendu ce plan impossible, notamment dans sa dimension de rencontre avec les élèves. Mais elle nous a également donné plus de temps pour approfondir la réflexion et la recherche à travers les archives. Nous avons notamment pu développer des processus de co-création et de travail collaboratif entre artistes français et turcs pour conserver l'esprit de rencontre et de collaboration. Certaines oeuvres visibles aujourd'hui dans l'exposition sont issues de ce type de collaboration étroite (notamment la vidéo de Virginie Yassef créée en collaboration avec Emin Firat Ovur, ou encore la sculpture co-signée par Maude Maris et Iz Oztat).
Les documents et objets d'archives étaient conservées dans différents lieux du batiment de l'école, pourtant inaccessibles au public. En ce qui concerne les outils de laboratoire par exemple, ils étaient déja exposés dans les couloirs reliant les différents laboratoires, mais ces espaces ne sont pas accessibles au public. Les panneaux muraux accrochés à l'intérieur des cabines vitrées du parloir, eux, étaient conservés dans les espaces dédiés au dernier étage du batiment, qui ne sont accessibles que par un nombre limité de personnes au lycée, à l'exclusion des éleves et la majorité du corps enseignant. La plus grande joie, d'ailleurs, est de rendre visible ces objets et documents pour la première fois, de faire la recherche d'identification et de contextualisation, pour ensuite établir des liens avec les oeuvres d'art contemporain. L'ensemble de ce travail étant lisible sur les cartels, non seulement pour le grand public donc, mais aussi pour les élèves et les enseignants du lycée."
C'est ainsi que l'exposition propose une réflexion sur l’évolution des méthodes scientifiques et pédagogiques, et des collections d’histoire naturelle sur une période de 150 ans, avec une attention particulière accordée au changement de paradigme que nous traversons à l’ère de l’anthropocène. L’histoire et l’actualité de ces outils invitent à construire une image du lycée Saint-Joseph comme une machine fabuleuse — à la fois espace clos, lieu de vie et outil sensoriel, physique et cognitif de création et de transmission de connaissances sur le monde qui nous entoure. Les archives retrouvent un souffle de vie, tel un battement d’aile, sous l’impulsion de l’appropriation artistique : tantôt témoin des moments-clés de l’histoire de la Turquie durant le 20ème siècle, tantôt appui pour de nouvelles spéculations à venir.
L’exposition relie le merveilleux scientifique du 19ème siècle aux nouvelles intelligences du 21ème.
Un “parcours” à travers le lycée
L’exposition s’étale sur un parcours composé de plusieurs salles du lycée transformées en espaces d’exposition.
Ainsi, le ‘parloir’, conçu pour les rencontres entre professeurs et parents d'élèves, avec ses vitrines et ses cabines vitrées, se transforme en un dispositif d’exposition pour les archives pédagogiques, par une composition jouant de l’opacité et de la transparence. La salle de théâtre, la salle d’honneur et une salle de cours, ainsi que les couloirs les reliant, offrent un parcours à travers le bâtiment du lycée, mêlant archives, fonctions pédagogiques et oeuvres d’art, tandis que l’étage supérieur de la maison Caporal se constitue comme un espace d’exposition autonome.
Le Centre de Sciences Naturelles (seul centre en Turquie dans son domaine) avec ses collections historiques centenaires d’animaux, de minéraux et de végétaux rassemblant 30.000 animaux et 40.000 plantes depuis la fin des années 1800 jusqu’à 1960, fait également partie du parcours de l’exposition.
> Informations pratiques :
Adresse : Caferağa, Dr. Esat Işık Cd. No:62, 34710 Kadıköy/Istanbul
Horaires : Du lundi au vendredi de 15h30 à 19h00, et le samedi de 12h00 à 19h00.
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(*) Aslı Seven est commissaire d’exposition et écrivaine indépendante. Elle travaille entre Paris et Istanbul. Depuis 2015, elle a mené des projets curatoriaux chez Arter, The Pill, Pi Artworks et Galerist à Istanbul, et en France, au CNAC Magasin des horizons à Grenoble, à la Galerie La Box à Bourges et thankyouforcoming à Nice.