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IRAK - Saddam a la corde au cou

Le raïs devra mourir. Saddam Hussein a étécondamnéhier, par le Haut tribunal pénal irakien, àla peine capitale par pendaison. Une décision qui a vivement fait réagir les Irakiens, ainsi que la communautéinternationale

Malgréla procédure d'appel automatique, l'ex-dictateur ne devrait pas échapper àla corde (Photo : AFP)

"La Cour a décidéde condamner Saddam Hussein al Madjid àêtre pendu jusqu'àce que mort s'en suive pour crimes contre l'humanité": àl'issue d'un procès mouvementé, démarréil y a plus d'un an, le Haut tribunal pénal irakien a rendu son verdict hier. Alors qu'on le soupçonne d'avoir fait assassiner des centaines de milliers de personnes au cours de ses 24 ans de règnes, l'ancien raïs était jugépour le cas précis du massacre de 143 Chiites dans le village de Doudjaïl, en 1982. Renverséen avril 2003 puis traquépar les forces américaines, Saddam Hussein avait étéfait prisonnier huit mois plus tard.
Ses sept co-prévenus ont connu des fortunes diverses. Barzan al-Tikriti, le demi-frère de Saddam, et Aouad al Bander, un ancien juge, ont également écopéde la peine de mort. Yaha Yassine Ramadan, ancien vice-président du régime baasiste, a s'est vu infliger une peine de prison àperpétuité. Trois ex-dirigeants ont étécondamnés à15 ans de réclusion criminelle. Enfin, un dernier responsable a étéacquitté, faute de preuves àson encontre.
Jusqu'au bout, l'ex-dictateur s'estime innocent
Le système juridique irakien veut que les condamnations àla peine capitale soient automatiquement examinées en appel mais les avocats de l'ex-dictateur se montraient peu optimistes hier soir. Saddam ne devrait pas s'en sortir et, une fois sa condamnation àmort confirmée en appel, il devra être exécutédans les 30 jours. A la pendaison, Hussein avait dit préférer un peloton d'exécution, requête que le tribunal n'a pas entendu. Il est également passible de la peine de mort dans une autre affaire, le massacre de 180.000 Kurdes en 1987 et 1988, pour laquelle le procès est toujours en cours.
A la lecture du verdict, le dictateur déchu, 69 ans, s'est mis àcrier : "Allah est le plus grand ! Vive la nation et mort àses ennemis !"Lui qui n'avait jamais admis la légitimitéde ses juges s'estimait innocent des crimes qui lui étaient imputés, les justifiant par la raison d'Etat.
La communautéinternationale divisée
Les nouveaux dirigeants irakiens, relayés par Washington, Londres et Téhéran, se sont réjouis de la décision du tribunal spécial, affirmant : "C'est un grand succès pour la jeune démocratie d'Irak et son gouvernement constitutionnel". Les Chiites, majoritaires dans le pays et grands gagnants de la redistribution des cartes après l'intervention américaine, sont sortis en masse dans les rues, dans certains quartiers de Bagdad et en province, notamment dans le sud, pour célébrer le verdict.
En revanche, en zone sunnite, surtout dans les environs de Tikrit, oùest néSaddam Hussein, et dans les quartiers sunnites de la capitale ? soumise àun couvre-feu pour l'occasion ? la colère a dominéla journée et des manifestations ont eu lieu sous le slogan : "Saddam, nous verserons notre sang pour toi".
Différentes ONG et associations internationales de défense des droits de l'homme ont dénoncédes irrégularités et mis en doute l'équitéde ce procès que la justice irakienne avait refuséde "dépayser", c'est-à-dire d'organiser hors du pays. La France a rappeléson opposition de principe àla peine de mort et regrettéque cette peine ait étéprononcée contre l'ex-président irakien. L'Union européenne a demandéàl'Irak de renoncer àexécuter Saddam Hussein.
Camille VAYSETTES. (
www.lepetitjournal.com) 6 novembre 2006

Lire aussi
La biographie de Saddam Hussein sur Wikipédia

Le Figaro, En Irak, le verdict renforce la division entre chiites et sunnites
LCI, "Tourner la page de Saddam"

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