INTERVIEW - Claude Bussac, directrice de FotoEspaña

Pour la 10ème année consécutive, FotoEspaña convertit Madrid en ville référence du 4ème art. Jusqu'au 22 juillet, le logo noir et jaune PHE 07 fleurira sur les devantures pour signaler les expos du festival officiel et du "off". Gros plan sur Claude Bussac, directrice de PHE 07, rencontrée dans une galerie-entrepôt du trendy quartier des lettres

Claude Bussac, directrice de FotoEspaña 2007 (Photo LPJ/Carolina Isasi)

Comment une Française devient-elle directrice de PHE ?
"Espagnole"depuis 17 ans, j'ai collaboré aux festivals de Otoño (danse-théâtre), du Teatro Almagro et au Cercle des Beaux Arts (CBA). La proposition de diriger PHE est très bien tombée, après sept ans de direction artistique de la Casa Velazquez, j'avais envie de renouveau.

Qu'est-ce la photo représente pour vous ?
Elevée dans une famille d'artistes, j'ai toujours été attirée par toute forme d'expression artistique. La photo est LE mode d'expression artistique du XXIème siècle, qui met en scène le monde passionnant dans lequel nous vivons.

PHE a toujours suivi une thématique mais pas pour son dixième anniversaire : pourquoi ?
Nous voulions éviter de faire une rétrospective des 10 ans. Nous avons préféré organiser une grande fête de la photo pluraliste, combinant les grands noms de la photo et ceux d'un maximum de jeunes talents, principalement Espagnols.

Quelles sont les grandes nouveautés de cette dixième édition ?
Ses 26 commissaires qui ont fourni un travail intéressant, solide et enrichissant. Sa décentralisation à Cuenca et en France (Jeu de Paume de Versailles, festival de la photo d'Arles) pour offrir des expos plus intimistes et faire découvrir de nouveaux talents comme Ricky Davila, Pierre et Gilles ou Alberto García-Alix. Cuenca accueillera également Vidéo Spain, expo collective où vingt artistes espagnols dévoilent dix ans de vidéo créations.

Temps forts du festival ?
La nuit de la photo le 8 juin. Les remises de prix des meilleurs photo, photographe et photo élue par le public.

Vos coups de coeur du festival officiel ?
Le talentueux Chinois Zhang Huan (Fondation Telefónica), l'un des plus cotés du marché international. Plusieurs photographes inédits en Espagne comme l'Américaine Sylvia Plachy (Circulo de Bellas Artes), ou Lynn Davis et ses icebergs (Fondation Thyssen). Ou encore Bruce Davidson (Fondation Astroc) de l'agence Magnum. La rétrospective extrêmement complète de Man Ray (Fondation ICO). Les images néo-réalistes d'investigation (Centro cultural de la Villa). Les photographes insoupçonnés comme Dora Maar (Reina Sofia), Almodovar, Magritte, Cocteau, Lou Reed, Richard Gere (Fondation Canal). Des lieux atypiques comme Le Teatro Circo Price ou le Matadero de Madrid.

Et du off ?
La Fabrica.

En tant que mère de 3 enfants, avez-vous pensé aux jeunes visiteurs ?
PHE 07 est un festival pluraliste et gratuit qui offre de très belles expos photos à découvrir en famille, comme celles de Bruce Davidson et de Man Ray. Nous pensons organiser des visites gratuites pour nos jeunes visiteurs en 2008.

Est-ce que le numérique affecte l'argentique ?
Non, il change la donne du panorama artistique actuel. D'ailleurs nous avons prévu au Reina Sofia un débat sur le futur de la photo à l'ère du digital.

Vous faites de la photo ?
Je ne prends que des photos personnelles? et encore.
Propos recueillis par Camille de la Rochère (www.lepetitjournal.com - Madrid) lundi 4 juin 2007