Très souvent, l’hindouisme est décrit comme étant une religion polythéiste – avec l’existence de multiples dieux et déesses. Or, la majorité des formes de l’hindouisme est monothéiste – reconnaissant une seule déité et montrant les autres dieux et déesses comme étant des manifestations ou des aspects d’un dieu suprême. Ce qui est original dans l’hindouisme, c’est que cet être suprême peut aussi avoir un aspect féminin. Cette forme féminine du dieu s’appelle la Devi. Elle-même recouvre plusieurs formes : soit la mère douce et aimante Parvati, soit la fidèle épouse Lakshmi, soit la puissante Durga, soit la féroce Kāli.
Dans la tradition hindoue, le concept de déité féminine – devi – prend sa source dans le suprême pouvoir cosmique de Shakti, qui est la source et la subsistance de toute création.
Le culte de la Devi est donc appelé Shaktisme. Là, Devi est vénérée en tant que Mère Divine. Selon cette croyance, il est dit que toutes les autres formes de déités, féminines et masculines, sont tout simplement les diverses formes de ses manifestations.
Bref historique du culte de la déesse en Inde
Le culte de la déesse, en Inde, existe depuis la période pré-védique, probablement avant 2500 avant notre ère – les premières sources relèvent uniquement de la transmission orale. L’écriture des premiers Veda, textes sacrés, remonterait au XIème siècle avant J.C. (datation très controversée).
Ce culte s’est développé durant l’âge védique et a évolué dans la période épique de l’Inde (Mahabharata et Ramayana).
Avec le temps et les diverses invasions, la tradition religieuse indienne a développé progressivement un panthéon masculin. Malgré cela, le culte de la Déesse s’est renforcé et il est toujours présent dans la tradition hindoue de nos jours, même si les déesses minimes disparaissent petit à petit.
La Déesse dans la tradition hindoue a de multiples facettes – ceci est du en partie à la richesse des significations et des symboles associés à la Devi. Elle est perçue comme mère divine, créatrice de l’univers. Elle apparaît aussi, dans la période post-védique, comme la parèdre des dieux masculins. Elle protège les humains, elle est aussi la personnification de la Nature, les rivières, les montagnes, même les grottes sont des déesses. Plus récemment apparaît Bharat Mata, la Mère Inde, personnification de l’Inde elle-même.
C’est à l’époque épique (100-600 avant notre ère) que les Déesses deviennent épouses des dieux de la Trinité hindoue. Saraswati épouse de Brahma, Lakshmi, celle de Vishnou et Parvati, celle de Shiva. Ces déesses investissent leurs époux de leur Shakti ou énergie. La déesse personnifie la pensée, l’intellect, la beauté, la prospérité, la force, l’énergie et les confère à son époux.
Le concept de Déesses existe encore dans la tradition hindoue actuelle. Une première approche propose de les considérer comme étant des entités séparées de leurs consorts, déesses transcendantes et toutes puissantes. Cette approche prétend que ce sont elles qui donnent le pouvoir de création, de protection et de destruction aux trois dieux. L’iconographie représente parfois Dieu/Shakti ne faisant qu’un. Une seconde approche dépeint plutôt l’importance dominante des dieux masculins.