Le 24 octobre est l’anniversaire de RK Laxman, un des maîtres de la caricature politique en Inde. Il est connu pour You Said It (Tu l'as dit), une bande dessinée drôle et pleine d'esprit dont le protagoniste, le “common man”, alias l'homme ordinaire, symbolise le quotidien de chaque Indien.
Petit homme dégarni et coiffé comme le professeur Tournesol de Tintin, le “common man” est plus qu'une simple illustration et est très cher aux Indiens depuis plus de 50 ans. Il a été présenté sur un timbre-poste commémoratif et utilisé comme mascotte par une compagnie aérienne low-cost Air Deccan (qui a fait faillite lors du confinement).
RK Laxman, un fin connaisseur de la politique
Né le 24 octobre 1921 à Mysore dans le sud de l’Inde, Rasipuram Krishnaswami Laxman était le plus jeune de sept frères et sœurs. Dès son plus jeune âge, RK Laxman a développé une affinité pour le dessin et a été fasciné par les illustrations dans les magazines. Il commence à dessiner seul - sur les sols, les murs et les portes de la maison et se lance dans la caricature en prenant comme modèle, son père à la maison et ses professeurs à l'école, au grand amusement de ses frères et sœurs.
Lors des années étudiantes, RK Laxman a souvent illustré des histoires de son frère, l'écrivain célèbre RK Narayan, qui ont été publiées dans le journal The Hindu. En 1947, il commence à dessiner des caricatures pour The Free Press Journal à Bombay aux côtés de Bal Thackeray, qui était aussi dessinateur avant de se tourner vers la politique et de fonder le Shiv Sena. En 1951, il rejoint le groupe Times of India dans lequel il travaillera pendant presque 50 ans.
It's #RKLaxman's birthday today. pic.twitter.com/TsI02d0cVW
— MANJUL (@MANJULtoons) October 24, 2017
RK Laxman se lance alors dans le dessin politique et grâce à sa maîtrise de ce sujet, ses caricatures font rapidement la Une. C'est à cette époque qu'il a eu l'idée de lancer la bande dessinée You Said It, qui mettait en vedette le “common man” comme personnage central.
Proved once again. What a visionary HE was. #RKLaxman? pic.twitter.com/7zc9jmVPTc
— Neeraj (@NeerajGupta20) February 20, 2018
Il est décédé à Pune le 26 janvier 2015 à l'âge de 93 ans à la suite d'une série d'accidents vasculaires cérébraux dont il souffrait depuis 2010.
RK Laxman avait postulé à la JJ School of Art de Mumbai, l’institution la plus prestigieuse de la ville pour les études artistiques. Il s'est vu refuser l'admission par le doyen de l’école qui lui a répondu que ses dessins n’avaient pas “le genre de talent pour être inscrit dans notre institution”.
Dans son autobiographie, The tunnel of time (Le tunnel du temps), RK Laxman mentionne qu'il dessine les objets qu'il voit par la fenêtre de sa chambre, des brindilles sèches aux créatures ressemblant à des lézards et aux corbeaux dans diverses postures. C'est cette attention aux objets du quotidien qui rend ses dessins réalistes et toujours d'actualité.
And that was long long time ago...whence the legend #RKLaxman was in his prime..!!! pic.twitter.com/gV1hdYQqv3
— Bishan Bedi (@BishanBedi) November 25, 2019
Le “common man”, cher aux Indiens
Lors d’un rencontre avec des admirateurs, RK Laxman a raconté comment il avait créé le célèbre “common man” chauve et réticent, avec un regard perpétuellement incrédule sur son visage. On raconte qu'il avait d'abord dessiné des personnages représentant différents États, mais qu'il a ensuite décidé de s'en tenir à un seul personnage qui représenterait tous les Indiens. Ce personnage, connu auparavant sous le nom de Babuji, est finalement devenu le “common man”, l'homme ordinaire.
From R.K. Laxman's common man series. Hoping that the government and the public will spare a thought for the destitute who have never had enough even in times of progress.
— Daak (@DaakVaak) March 25, 2020
Source: Times of India Archives pic.twitter.com/BXi1o0gj6j
Le “common man” de RK Laxman est spirituel et sarcastique, mais jamais venimeux et son point de vue représente celui d’innombrables Indiens de la classe moyenne. Il est toujours au cœur de l'action, regardant la situation se dérouler, mais en même temps il reste en retrait.
RK Laxman knew what was coming, didn't he? pic.twitter.com/Gmox0RxUoe
— Prem Panicker (@prempanicker) January 7, 2020
À l'occasion du 99e anniversaire de la naissance de RK Laxman, un journaliste du média Firstpost s’interroge sur le fait que le caricaturiste politique n'a jamais subi la colère d’un homme politique, de quelque bord que ce fut : “Ses dessins ne sont pas incendiaires et ne cherchent pas à attiser les tensions actuelles ; il travaillait sur le long terme pour dénoncer la corruption qui commençait à gangrener la toute nouvelle démocratie indienne. Hormis pendant les années de l'état d’urgence, l'œil critique de Laxman enchantait même ceux qu’il montrait du doigt avec ses plaisanteries ironiques. Le charme de l'homme ordinaire était insaisissable, mais infaillible.”
La bande dessinée You said it a également servi de base à une série comique à la télévision indienne, R.K. Laxman Ki Duniya (2011–13).
La femme du “common man”
Le “common man” était parfois accompagné de sa femme, plutot imposante par rapport à la frêle silhouette de son mari et plus prompte à agir.
#RKlaxman saw this coming years before ?#WFH #workfromhome pic.twitter.com/pntMpcSI6F
— Naresh Nambisan?♂️ (@nareshbahrain) August 16, 2020
Tributes to the great Cartoonist #RKLaxman on his birth anniversary today
— MAHA INFO CENTRE (@micnewdelhi) October 24, 2018
He is remembered as the creator of the #CommonMan, a balding, bespectacled middle-aged Man dressed in simple dhoti who represented the Average Indian.
.. pic.twitter.com/C0Gn3p60Op
A Mumbai, une statue du “common man” a été érigée sur la promenade du bord de mer à Worli face à l'océan. Mais, le “common man” admire aujourd’hui, comme tous les Mumbaikars de ce quartier et les promeneurs, les palissades du chantier de la nouvelle route côtière qui obstruent la vue sur la mer. Encore une preuve que le “common man” continue d’illustrer le quotidien des Indiens.
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