Solibad, qui est la contraction de «Solidarité et Badminton» est une association caritative autour des valeurs du sport et de la solidarité. Depuis 15 ans, Solibad œuvre pour récolter des fonds afin de financer des programmes dans le domaine du sport et de l'éducation pour les populations vivant dans la précarité dans le monde. En Inde, depuis plusieurs années, Solibad travaille en partenariat avec l’association Objectif France-Inde (OFI) cofondée par Benjamine Oberoi. Solibad finance et OFI assure le suivi sur place des projets développés par des ONG locales.
Nous avons rencontré Raphaël Sachetat, fondateur de Solibad, et Sandrine Destouches, coordinatrice des programmes en Inde et au Népal, tous deux passionnés de badminton. Ils ont partagé leur enthousiasme pour Solibad, la philosophie de leur association, le mode de fonctionnement et les projets soutenus en Inde avec OFI.
Solibad : le partage et la solidarité sans se prendre au sérieux
Solibad est née le 10 décembre 2009 sur l’initiative de Raphaël Sachetat, journaliste et photographe indépendant, et passionné de badminton. La date n’a pas été choisie par hasard puisque c’est le jour de l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’objectif de Solibad est d'accompagner les enfants et les familles en difficulté par la pratique du sport et en l’utilisant comme un levier d'émancipation et d’acquisition de compétences psycho sociales.
“L’action de Solibad se veut originale : s’amuser pour récolter des fonds et apporter de l’aide financière ou matérielle à des populations en difficulté. Donner doit être un plaisir et un moyen de partager et de fédérer l’ensemble de la communauté du badminton.”
Solibad fête ses 15 ans en 2024 et poursuit ses actions selon le pari lancé lors de sa fondation : faire autrement, sans dépenser d'argent dans l'administratif et reverser l'intégralité des dons à ses programmes. Depuis 2009, ce sont plus de 850 000 € qui ont été récoltés, en France et à l'étranger. 25 programmes dans 16 pays ont bénéficié du soutien de Solibad, avec près de 6 000 enfants directement impactés sur le terrain.
Concrètement, Solibad aide à mettre en place un panel d’actions destinées à tous les acteurs du monde du badminton, en France et à l’étranger : joueurs, clubs, partenaires privés, institutions publiques, tous sont sollicités pour collecter des fonds pour les projets : cotisations annuelles, ventes aux enchères, organisation de manifestations diverses (démonstrations, galas, brocantes, tournois, etc...).
“Les programmes et les actions soutenus sont choisis avec une grande attention par l’équipe, afin de s’assurer que les aides recueillies sont utilisées de manière pertinente et effective au profit de l’amélioration de la qualité de vie des populations ciblées.”
Solibad essaie d'être le plus créatif possible pour récolter des fonds pour ses programmes. L’association sollicite les clubs de badminton en France et à l’international. Ceux-ci peuvent signer une charte de partenariat avec Solibad, ils paient une cotisation et s’engagent à participer aux Solibad days, “une sorte de téléthon géant au niveau mondial”. Sur une période donnée d’une dizaine de jours, une fois par an, les clubs doivent organiser un événement de la manière qui leur plaît le plus pour récolter des fonds. Les prochains Solibad days auront lieu en mai 2025.
“L'idée des Solibad days est de s’amuser tout en essayant de collecter le plus d’argent possible. On préfère que les membres des clubs prennent du plaisir à organiser un événement de leur choix pour lever des fonds sans que cela leur pèse. L’idée est qu’ils soient partants pour recommencer l’année prochaine. C’est comme nous, on fait cela parce que ça nous amuse, c’est une belle cause mais on le fait parce que cela nous enrichit.
Dès sa fondation, Solibad a mis en place un programme d’ambassadeurs internationaux. Ce sont des joueurs de renom qui signent la charte de l’association et communiquent sur ses actions (logo sur leur tee-shirt, référence sur les réseaux sociaux…).
“Cela fait 20 ans que je gravite dans le milieu du badminton. La plupart des champions, je les ai connus tout petits et ils ont été bercés avec le logo de Solibad. On a eu la chance d’avoir le soutien des plus grands champions depuis le début !” confie Raphaël Sachetat.
Les programmes de Solibad en Inde
Lors d’une de ses visites en Inde, Sandrine Destouches a rencontré Benjamine Oberoi et l’équipe d’OFI à Bangalore alors qu’elle devait avoir un rendez-vous avec le responsable d’une autre association qui lui a fait faux bond. Mais comme dit Sandrine, “c’est la magie de l’Inde, c’est sans doute que cela devait se passer comme ça…”
La plupart des programmes de Solibad en Inde réalisés en partenariat avec l’association Objectif France-Inde (OFI), se situent dans le sud de l’Inde et sont principalement centrés sur la pratique du sport. Cela fait plus de sept ans que Solibad travaille avec OFI.
“Solibad est surtout une association qui récolte des fonds, tout le volet opérationnel est fait par les équipes sur place. Je vais régulièrement en Inde pour voir leurs programmes et discuter avec elles. Quand on a des partenaires locaux comme OFI qui sont reconnus, c'est plus facile pour nous. La force d'OFI, c'est que Benjamine habite en Inde.” explique Sandrine Destouches.
En plus des actions sur le terrain, les ambassadeurs indiens de Solibad communiquent dans leurs réseaux sur les projets locaux.
Solibad soutient l’enseignement du sport dans des écoles indiennes et la mise en place d’activités sportives parascolaires
Solibad intervient dans une région rurale de l’Etat du Tamil Nadu dans laquelle il y a de gros besoins de développement du sport dans les écoles. Les programmes concernent deux écoles publiques allant de la maternelle au lycée. Solibad les accompagne dans le volet sport comme discipline d’enseignement et le volet activités sportives périscolaires en finançant principalement le matériel et la mission de deux volontaires français du service civique qui assistent les professeurs de sport locaux.
“En 2022, Solibad a financé l’aménagement d’une salle de sport pour la Shanti Matriculation School près de la ville de Trichy. Et, des volontaires du service civique français sont présents dans l’école pour travailler avec les professeurs de sport.” détaille Sandrine Destouches.
Baptiste et Gaëtan : “Le service civique en Inde fut une expérience incroyable !”
L’objectif est d’encourager la pratique du sport ce qui permet de développer les compétences sociales autour du “vivre ensemble” et d’apprendre à respecter des règles. Solibad insiste aussi sur le développement de la pratique du sport chez les filles qui traditionnellement en font pas ou peu. L’idée est de travailler sur la mixité et l’apprentissage du jeu ensemble.
Les enseignants indiens sont satisfaits de ce programme. Ils ont reconnu que la pratique du sport était utile dans l’apprentissage de la gestion des conflits par les élèves et de la gestion de leur frustration.
“Le badminton est un sport très pratiqué en Inde et tous les enfants indiens, filles et garçons, en ont entendu parler. C’est donc facile de leur proposer de s’y mettre. Cela peut même être à terme un levier professionnel.” affirme Sandrine Destouches.
Afin de mieux équiper les écoles en matériel, Solibad communique dans les clubs de badminton français pour récupérer du matériel inutilisé ou obsolète. Celui est recyclé et envoyé en Inde et ailleurs.
“Le matériel de badminton est assez facile à transporter et cela ne coûte pas très cher.” explique Sandrine Destouches.
“En septembre, j’ai remis une vingtaine de raquettes à Benjamine Oberoi pour qu’elle les rapporte en Inde. C’est important que les équipements aient une deuxième vie.” ajoute Raphaël Sachetat.
Les enfants qui jouent dans les clubs partenaires de Solibad apprennent ainsi à recycler de manière concrète. Ils savent que la paire de chaussures qui ne leur va plus va être portée par un autre enfant qui pourra alors jouer au badminton bien chaussé ! Solibad entend ainsi créer un volet social et humanitaire dans les clubs.
Cependant, en Inde, la rotation du matériel importante, le cordage des raquettes s'abîme vite et c’est un frein important au développement de la pratique du badminton. Respecter le matériel fait aussi partie des apprentissages mis en place par l’association, mais, pour plus d’efficacité, Solibad envisage de financer l’achat d’une machine à corder pour la Shanti Matriculation School.
En dehors du sport, l’association finance ponctuellement de petits projets culturels. Récemment, elle a utilisé un surplus pour acheter les instruments d’une fanfare.
L’ambition de Solibad est que la présence des volontaires français en service civique puisse renforcer les compétences des professeurs de sport indiens et leur permettre d’aborder le sport autrement.
“L'idéal serait que la discipline fasse à terme partie du tronc commun des enseignements des écoles publiques”, confie Sandrine Destouches.
“Il y a plusieurs autres programmes soutenus par OFI dans lesquels on aimerait peut-être introduire le badminton mais on essaie d'abord de répondre aux besoins urgents et de poursuivre les projets en cours.” conclut Sandrine Destouches.
Les ambassadeurs indiens de Solibad
Solibad dispose aujourd’hui d’un réseau de trois ambassadeurs indiens parmi les meilleurs et qui sont très actifs dans leur soutien à l’association :
- Ashwini Ponnappa (double mixte et double dame),
- Chirag Shetty et Satwik Rankireddy (en double homme).
“Il y a quelques années, après une victoire historique, Chirag Shetty et Satwik Rankireddy ont signé les maillots qu’ils avaient portés pour gagner et les ont donnés à Solibad qui les a mis aux enchères. La vente a rencontré un tel succès que cela a permis de financer quasiment une année du budget du programme indien ! C’est un acteur indien qui les a achetés !” confie Raphaël Sachetat.
Pour Solibad, le sport peut être un levier social et un outil de valorisation
Dans le bureau de Raphaël Sachetat figure une magnifique photo d’un enfant, une raquette de badminton à la main, un sourire heureux et des yeux brillants illuminant son visage.
“Cette photo a été prise dans un village isolé d’Ouganda dans lequel Solibad a soutenu un projet d’apprentissage du badminton : il n’y avait ni électricité ni d’accès au monde extérieur. Les enfants n’avaient aucune idée de ce que pouvait être une raquette de badminton et leur premier réflexe a été de s’en servir comme d’un instrument de musique ! Mais, très vite, ils ont appris à la tenir correctement et à renvoyer le volant.”
La pratique du sport, explique Sandrine Destouches, facilite l’acquisition de compétences sociales pour mieux vivre ensemble. Et le badminton est un sport qui favorise la mixité et la relation à l'autre genre ce qui le rend intéressant comme outil dans le cadre d’une école.
Le badminton, ajoute Raphaël Sachetat, est un sport qui autorise une progression très rapide. Les enfants arrivent vite à manier la raquette et à renvoyer le volant.
“Quand on forme les éducateurs avec lesquels on travaille, on leur explique que non seulement le sport doit être un moment de mise en lien avec les autres mais que c'est aussi un moment où l'enfant se retrouve valorisé. Il est une personne unique à qui on prête attention alors que bien souvent, dans son quotidien, ce n'est pas le cas.”
La progression et la réussite de l’enfant permettent à l'enseignant de le mettre en avant et celui-ci se rend ainsi compte qu’il a accompli quelque chose pour lequel il est félicité.
“Succès entraîne valorisation qui entraîne plus de pratique et d’effort qui amène un nouveau succès et ainsi de suite. C'est un cercle vertueux qui se met en place. On l’a observé un peu partout dans le monde que ce soit au Brésil, à Madagascar, en Indonésie, en Malaisie ou ailleurs.”
Cela est aussi bénéfique pour la santé et le bien être des enfants, conclut Raphaël Sachetat.