Benjamine Oberoi vit en Inde depuis 40 ans. Mariée à un indien, elle travaille à la cause humanitaire depuis 30 ans avec l'Organisation Objectif France-Inde et plus intensivement ces huit dernières années. Finaliste du trophée des français de l'étranger impact social, elle nous présente les dernières actions d'OFI (Objectif France-Inde) qui ont un impact important dans un contexte de changement climatique.
Qu'est-ce que l'ONG Objectif France Inde (OFI) ?
Par choix et conviction profonde, Objectif France Inde n'a pas d'action propre mais vient en soutien à des ONGs locales avec son expertise en conceptualisation, gestion et évaluation de projets. La modélisation des savoir-faire permet l'essaimage de bonnes pratiques et de ses succès. L'OFI soutient aussi financièrement sur le long terme ses ONGs partenaires.
De nombreuses fondations et entreprises françaises, indiennes et suisses soutiennent OFI.
Vous, la communauté francophone en Inde, n'hésitez pas à en parler à vos RSE, à vos entreprises petites et grandes. OFI est très économe dans ses budgets puisqu'elle implique les populations locales, et s’appuie aussi sur des programmes du gouvernement.
Trois domaines d'intervention sont concernés : l'éducation (6.000 enfants extrêmement vulnérables pris en charge), l’émancipation des femmes (170 000 femmes organisées en groupes d’entraide) et l’environnement dans le cadre du développement rural (100 watershed bassins versants).
Quand femmes et microcrédit vont de pair !
Un des domaines d'expertise : la gestion de bassin versant
Depuis 15 ans, Objectif France Inde a développé un savoir-faire autour de la préservation des eaux de mousson et du développement agricole.
Je me souviens de ces villages au bout du monde, au fin fond de terres arides, de villageois le regard hagard, scrutant le ciel et attendant des nuages pour avoir enfin de quoi manger.
C'était au Tamil Nadu, des villages de tribaux repoussés sur des terres incultivables, sèches, un spectacle lunaire. L'idée d'un premier réservoir a germé, ou plutôt l'idée de rénover des réservoirs de 6-10 acres qui existaient dans les années 1950 et qui avaient été laissés à l'abandon. C'est le début d'une longue histoire.
La mousson est arrivée, l'eau s'est immédiatement infiltrée... et miracle, les puits à ciel ouvert à sec depuis des décennies ont eu de l'eau, les nappes phréatiques se sont régénérées petit à petit !
Maintenant, OFI et ses partenaires ont réhabilité 100 réservoirs, chacun irrigue 250 acres, non seulement pour 1 récolte mais pour 2 ou 3 récoltes par an!
1 réservoir représente 6 acres de réserve d'eau, 50 puits avec de l'eau, 250 acres irrigués, 3 cultures par an, 3 pompes à eau potable.
Plus besoin aux habitants de migrer en masse vers les villes et les bidonvilles à la recherche d'un revenu.
Et puis l'histoire continue, des pompes à eau potable ont été installées dans chaque village, des terrassements ont été construits, des milliers d'arbres plantés, des ruches qui aident à polliniser installées, des oiseaux qui aident à semer des graines attirés..Miracle, quel changement de ce paysage qui est aujourd'hui complètement verdoyant.
Les villageois sont organisés en comités pour entretenir les réservoirs. Les femmes sont organisées en groupes d’entraide et ont accès à des microcrédits, bases de financements d’activités génératrices de revenus: élevage de vaches, cultures variées, fabrique de nattes, production de champignons etc. Là aussi quel changement dans la confiance qu'elles acquièrent et le pouvoir qu'elles prennent au niveau de leur famille et de leur village !
Petit à petit, les villageois se tournent vers l'agriculture biologique et produisent leur propre compost, engrais et pesticides bio. Ce savoir-faire se partage entre les villages.
Grâce à l'encadrement professionnel et rigoureux des ONGs et des travailleurs sociaux admirables dans leur travail auprès des populations rurales, ces projets sont de réelles réussites.
Parlons aussi de la qualité de l'alimentation : quels changements …Que de légumes et fruits cultivés à la porte de ces villages. Il n'y a plus besoin de transport coûteux ou d'intermédiaires.
Les enfants vont tous à l'école, les plus grandes des jeunes filles des communautés tribales vont même à l'université.
Tous les enfants ne resteront pas au village mais, si ils vont en ville, ce ne sera plus pour des raisons économiques, ils n'iront pas grossir les bidonvilles, ce qui est la pire des situations.
La population des villages n’émigre plus vers les villes, leur culture et les liens sociaux sont maintenus.
OFI a répliqué ce modèle de watersheds (réservoirs-bassins versants) avec 3 ONGs au Tamil Nadu : SEVAI, GRAMIUM, ISSAI dans les régions de TRICHY, KARUR et DINDIGUL.
Aidez-nous à le répliquer encore et encore pour une meilleure planète, pour encourager la vie dans les villages.
Découvrez les 5 finalistes du Trophée Impact Social 2024
Pour en savoir plus : rendez-vous sur ofi-asso.org
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