En Inde, le débat des langues parlées revient régulièrement au-devant de la scène. Ces derniers jours, les réseaux sociaux sont d’ailleurs submergés de messages et commentaires autour de l’imposition de l’Hindi aux Tamouls. Mais que se passe-t-il ?
Une volonté d’unification linguistique qui divise
Début septembre 2019, lepetitjournal.com de Chennai vous racontait la vive polémique sur une volonté d’unification linguistique en Inde. : Pour rappel, Amit Shah, Ministre Indien de l’Intérieur a relancé récemment le débat de l’unification linguistique en Inde, en affirmant que l’hindi devrait devenir la langue nationale. Or, Aujourd’hui, l’Inde compte plus de 120 langues importantes différentes (sans compter les dialectes) et, pour respecter cette caractéristique, il n’y a pas une seule langue officielle mais deux : l’Hindi et l’Anglais. De plus, il est important de rappeler que l’Hindi est parlé par 400 millions d’Indiens, ce qui représente moins de la majorité des habitants du pays. NDLR : Lepetitjournal.com de Bombay vous propose d'en savoir plus sur l'Hindi, cliquez ici . A l’époque, les commentaires du Ministre avaient provoqué de nombreuses réponses entre les différents partis politiques, particulièrement dans les Etats du Sud. Traditionnellement le Sud résiste régulièrement à l'utilisation de l'hindi, le considérant comme une imposition culturelle du Nord. En effet, depuis près de 50 ans, les autorités de l’Etat du Tamil Nadu (les partis DMK et AIADMK) font régulièrement obstacle aux initiatives d’imposition de l’Hindi par le Gouvernement de l’Union.
Depuis quelques semaines, le Gouvernement Modi lance des discussions autour d’une nouvelle politique d’éducation avec les gouvernements d’Etats et les Universités du pays. L’idée est de proposer l’apprentissage de trois langues, à savoir l’anglais, l’Hindi et la langue locale. Très vite, le ministre de l'enseignement supérieur du Tamil Nadu, K.P. Anbalagan, a déclaré que le Tamil Nadu avait déjà pris la décision de poursuivre la politique bilingue existante, ce qui est un "succès" : "L'Etat du Tamil Nadu a toujours suivi la politique des deux langues, qui est un succès. Le gouvernement de l'État du Tamil Nadu a déjà pris la décision de poursuivre la politique bilingue à l'avenir également ».
Des mouvements viraux dans le Tamil Nadu
Depuis début septembre, face aux tentatives du Gouvernement d’imposer la langue Hindi, mais aussi à des témoignages comme une Députée à qui on a demandé si elle était indienne à l’aéroport de Chennai parce qu’elle ne parlait pas l’Hindi ; ou encore une réunion dans un ministère où l’on a demandé aux participants tamouls de quitter la réunion virtuelle car ils demandaient qu’on y parle anglais…), des voix tamoules se lèvent et se multiplient sur les réseaux sociaux. Leur protestation trouve comme point central le hashtag “Hindi Theriyathu Poda” (I don’t know Hindi, go! / #ஹிந்தி_தெரியாது_போடா).
Tamil Nadu 's response to Hindi imposition
— Jothimani (@jothims) September 6, 2020
'I am a Tamil Speaking Indian'
Well said!#Pluralism #StopHindiImposition pic.twitter.com/MILx1gSF4E
I am a Marathi Speaking Indian.
— ????? (@Iamaryan_1) September 6, 2020
I don't like Hindi and I don't Speak Hindi.#ஹிந்தி_தெரியாது_போடா #StopHindiImposition pic.twitter.com/POkpdMtkeG
C’est bien encore la fierté du Tamil Nadu qui gronde face à New Delhi et les réseaux sociaux en témoignent. Au-delà des anonymes, les stars locales (comme l'acteur Shanthanu, l’acteur Karunakaran ou le compositeur Yuvan Shankar Raja) s’emparent du sujet, tweetant des photos d’eux avec des t-shirts à l’effigie de ce combat de langues. Narendra Modi, très présent sur les réseaux sociaux, n’a pas pu passer à côté !
La députée Kanimozhi (celle-là même qui a vécu l’incident de l’aéroport évoqué précédemment) se félicite de ce mouvement solidaire : "Une étincelle suffit à enflammer un sentiment. Lorsque nous avons imprimé les T-shirts, à l'époque où l'hindi était imposé de manière flagrante, nous ne savions pas que les jeunes réagiraient avec passion comme nos ancêtres en luttant contre les pratiques discriminatoires. Merci". De plus, cette tendance a évidemment ravi les fabricants de vêtements concernés qui ne se sont pas privés de publier leurs contacts et multiplier les propositions de flocages de slogans tamouls !
Attention, il est tout de même important de noter que les Tamouls ne sont pas foncièrement contre l’apprentissage de la langue Hindi, mais ils sont contre son imposition et souhaitent qu’on leur laisse le choix de l’apprendre ou non.
If you are part of the Hindi imposition mob and come up with 'advantages of learning Hindi over other languages' bullshit to hide your bigotry, I'll be against you and your language. It's that simple. #StopHindiImposition pic.twitter.com/WHGpaVC6tu
— sayooj (@sayo_oj) September 14, 2019