Après près de trois ans et demi, l’Inde et le Royaume-Uni se sont finalement entendus sur un accord de libre-échange (ALE). Celui-ci devrait être signé dans trois mois. Il faudra plus d’un an pour sa mise en œuvre.


Un accord bilatéral qui bénéficie aux deux pays
Le Royaume-Uni est le 16e partenaire commercial de l’Inde, tandis que l’Inde est le 11e partenaire commercial du Royaume-Uni équivalent à environ 55,8 milliards d’euros.
Selon les estimations du gouvernement indien, les échanges commerciaux entre les deux pays pourraient même doubler d’ici 2030. Selon le gouvernement britannique, cela pourrait ajouter environ 5,58 milliards d’euros par an au PIB britannique d’ici 2040.
The trade deal with India will raise living standards, put more money in the pockets of British working people, and deepen the unique ties between our two nations. pic.twitter.com/TAXsPPN9Pv
— Keir Starmer (@Keir_Starmer) May 6, 2025
Alors que l’Inde est toujours en attente d’un accord avec les États-Unis sur leur nouvelle politique tarifaire, cette annonce a été saluée par l’industrie indienne.
Le ministre du Commerce, Piyush Goyal, a déclaré que ce pacte établirait une nouvelle référence en matière de commerce “équitable et ambitieux entre les deux grandes économies”. Il a aussi déclaré que
"L’accord commercial avec le Royaume-Uni contribuera à créer trois fois plus d’emplois (par le biais des échanges bilatéraux) pour les biens et services.”
Un accord de libre-échange est un accord entre deux pays pour faciliter le commerce entre les deux parties. Cela signifie réduire ou supprimer les taxes (appelées droits de douane) que chaque pays impose sur les produits importés. Le but : vendre et acheter plus facilement entre les deux pays.
Fin des droits de douane pour les produits industriels indiens
Le principal avantage pour l’Inde réside dans l’ouverture du marché britannique à ses produits industriels. Dès l’entrée en vigueur de l’accord, des secteurs tels que le cuir, les chaussures, le textile, les bijoux, les meubles, les composants automobiles, les produits chimiques ou encore les machines bénéficieront d’un accès sans droits de douane au Royaume-Uni. Ces produits, actuellement soumis à des taxes de 4 à 16 %, seront ainsi plus compétitifs.
D’après les estimations du gouvernement indien, environ 99 % des catégories de produits indiens bénéficieront d’une suppression totale des droits de douane, représentant presque 100 % de la valeur des échanges. Une opportunité majeure pour stimuler les exportations indiennes.
Consciente des risques pour certaines filières locales, l’Inde a tout de même exclu des produits sensibles de l’accord. Ainsi, aucun avantage tarifaire ne sera accordé au Royaume-Uni pour l’importation de produits agricoles comme le lait, les pommes, le fromage, l’avoine ou les huiles végétales ou encore des produits industriels comme les plastiques, les smartphones, les diamants ou encore les câbles à fibre optique.
Cette stratégie permet de protéger les producteurs locaux contre une concurrence étrangère potentiellement déstabilisante.
Une ouverture partielle des marchés publics
L’Inde a également ouvert, de manière limitée, l’accès à ses marchés publics aux entreprises britanniques. Cela concerne uniquement les appels d’offres d’un montant supérieur à 200 milliards de roupies (2,22 milliards d’euros) et qui concernent le marché national. Les États et les collectivités locales restent exclues de ces accords.
Un accord qui bénéficiera aussi aux secteurs de services et à la mobilité des professionnels
L’ALE ne se limite pas aux biens : il s’étend également au secteur des services. Le Royaume-Uni a accordé à l’Inde des facilités pour l’entrée temporaire de professionnels dans plusieurs domaines, notamment l’informatique, la recherche, le yoga, la musique et la gastronomie. Jusqu’à 1.800 professionnels indiens par an pourront travailler temporairement au Royaume-Uni dans des conditions simplifiées, sans quotas numériques ni tests de besoin économique.
Selon l’Inde, cette ouverture constitue un signal fort en faveur de la mobilité professionnelle et renforce les liens culturels et humains entre les deux nations.
De même, les travailleurs indiens et leurs employeurs vont bénéficier d’une exonération des cotisations sociales pour trois ans. Cette mesure pourrait représenter une économie de 20 % sur les salaires d’environ 60 000 employés, notamment dans le secteur technologique, pour un gain global estimé à plus de 4 000 crores de roupies ou 444 millions d’euros.
Le texte final doit encore subir un processus de validation juridique, avant sa signature officielle et sera ensuite soumis à l’approbation du gouvernement indien et du parlement britannique. Selon les autorités, il faudra attendre un an pour voir son implémentation.
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