Édition internationale

IL Y A UN AN, LE 17 AOUT – Le suicide d’un handicapé relançait le débat

L'euthanasie fait de nouveau l'actualité en France depuis le suicide, dimanche, d'un jeune homme handicapé de 23 ans. Il avait demandé au Président le droit de mourir mais s'était heurté à l'interdiction de l'euthanasie en France

A 6 ans, Rémy Salvat avait contracté une maladie orpheline dégénérative qui avait provoqué son handicap (photo AFP)

(Rédaction Internationale) - Il était lourdement handicapé et souhaitait en finir avec ses souffrances. Rémy Salvat, atteint d'une maladie dégénérative rare depuis l'âge de 6 ans, s'est donné la mort dimanche à Valmondois (Val-d'Oise) en absorbant une importante quantité de médicaments. Et si l'histoire fait autant de bruit aujourd'hui, c'est parce que ce jeune homme de 23 ans avait lancé un appel désespéré au chef de l'Etat il y a quelques semaines. Dans une lettre, Rémy Salvat avait demandé au Président qu"on me permette de mourir pour me libérer de mes souffrances". "Je sais qu'en France, il n'y a pas de loi qui permette aux équipes médicales de pratiquer l'euthanasie, avait-il poursuivi. Il faut que la loi change ! Je vous demande de laisser de côté votre avis personnel et d'arrêter d'être sourd".
La semaine dernière, le jeune homme avait reçu une réponse négative du Président, qui confiait : "pour des raisons philosophiques personnelles, je crois qu'il ne nous appartient pas, que nous n'avons pas le droit d'interrompre volontairement la vie. Je voudrais que soit privilégié le dialogue au chevet du malade, afin que soit trouvée la solution la plus adaptée à chaque situation". Mais cette lettre n'avait pas fait changer d'avis Rémy, qui, selon son père, était "arrivé au bout de ce qu'il pouvait supporter".

"Le gouvernement ne veut pas entendre la voix des gens qui souffrent"
Cinq mois après le suicide de Chantal Sébire, atteinte d'une tumeur incurable (voir notre édition), le geste de désespoir de Rémy relance aujourd'hui le débat sur l'euthanasie en France. Hier, le père du jeune homme a réclamé un "grand débat de société", mais "pas un débat avec des politiques, un débat avec des malades, des familles qui vivent ou ont vécu des choses pareilles". Mais hier, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a réaffirmé qu'il ne fallait pas "légiférer sous le coup de l'émotion".
Le mois dernier, le député UMP Jean Leonetti, chargé par le gouvernement de réévaluer la loi sur la fin de vie, affirmait que la loi actuelle "autorise le fait de calmer quelqu'un même si cela entraîne la mort". Mais pour Marie Humbert, qui avait aidé son fils tétraplégique à mourir en 2003, cette loi est "insuffisante". "Personne n'a voulu entendre le cri de cet enfant, s'est-elle attristée hier au micro de BMF. Le gouvernement ne veut pas entendre la voix des gens qui souffrent". Selon elle, "il faut que les gens puissent avoir le choix"de mourir.
Hier, une autopsie de Rémy Salvat a été pratiquée, le jour où étaient prévues ses obsèques. Selon le parquet de Pontoise, il y a "des incertitudes qu'il faut éclaircir". En 1999, la mère de Rémy avait tenté de donner la mort à son fils. Mise en examen pour son geste de compassion, elle avait alors été relaxée.
Frédéric GUITTON. (www.lepetitjournal.com) vendredi 15 août 2008

En savoir plus :
France Info - Il se suicide après avoir demandé le droit de mourir à Sarkozy
Le Monde - M. Leonetti : "La loi peut répondre à la demande de mort en fin de vie"
LCI - Euthanasie - Suicide de Rémy : le parquet demande une autopsie

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