Dans une période particulièrement difficile pour la scène artistique mondiale, le Festival du French May renoue avec sa mission première en associant les artistes locaux et en organisant une exposition majeure sur le thème du surréalisme. Xavier Mahe, directeur du Festival nous parle des contraintes et opportunités liées à la situation sanitaire et dévoile les grands axes de la programmation 2021 qui contre toute attente se révèle exceptionnelle.
Revenir aux racines du French May
Qu’est-ce qui fait de ce festival une édition exceptionnelle ?
Le contexte a joué un rôle considérable dans le choix de la programmation cette année du fait que nous pouvions très difficilement faire venir en nombre des artistes de France en raison des quarantaines imposées aux voyageurs. Heureusement, nous avons identifié cette difficulté très tôt et avons résolument repensé le festival sur cette base. Ces difficultés nous ont galvanisé. Pour cela, nous sommes revenus à notre mission première d’être une passerelle artistique entre la France et Hong Kong en travaillant autour du thème de l“Artistic Getaway”, une invitation à un voyage artistique et à la rencontre des cultures.
La France est une source d’inspiration
Quels sont les axes de cette édition ?
Nous voulions d’abord valoriser le rayonnement international dont jouit le patrimoine artistique et culturel français et comment il inspire les artistes de tout horizon culturel. A titre d’exemple, Le French May est heureux de collaborer avec le metteur en scène de théâtre Tang Shu-wing qui présentera la pièce de théâtre « Plus vraie que nature » de Martial Courcier, traduite en cantonais et jouée par trois acteurs locaux dont Maddy Wong vedette de télévision hongkongaise. Francophile averti, Tang Shu-wing s’est nourri du théâtre français. Il est intéressant de voir comment le metteur en scène et ses acteurs se réapproprient un texte étranger et interprètent l’humour français. Un autre exemple est celui du jazzman Patrick Lui et son orchestre, qui revisiteront des musiques du cinéma français, comme « Les Parapluies de Cherbourg », « A bout de Souffle », « Le Grand Bleu » ou encore « Amélie Poulain ». Enfin, je pense au Hong Kong Ballet de Septime Webre qui présentera le spectacle « Jewels » en hommage au chorégraphe russe George Balanchine qui a longtemps vécu en France.
Collaborer avec les artistes français et locaux
Le deuxième axe du festival fut d’impulser des collaborations entre artistes français et locaux. A ce titre, rendons hommage aux artistes français qui ont accepté d’endurer 21 jours de quarantaine pour se produire à Hong Kong, et parfois pour seulement quelques représentations. Je pense au chef d’orchestre Sylvain Gasançon qui dirigera l’orchestre philharmonique de Hong Kong, et au pianiste franco-arménien Vahan Mardirossian qui rendra hommage avec le City Chamber Orchestra au compositeur Claude Bolling, récemment décédé. Notons aussi la collaboration entre, le jeune pianiste chinois prodige Niu Niu, et Laurent Perrin, violoncelliste français du Hong Kong Sinfonietta.
Une implication de la communauté française
La scène artistique française est importante à Hong Kong et le French May est l’occasion de la mettre en avant dans tous les domaines : musique, arts visuels, littérature, théâtre. Pour n’en citer que quelques-uns, je pense au photographe Cyril Delettre qui présentera sa toute nouvelle série sur Hong Kong, à Elsa Jeandedieu qui va réaliser une grande fresque dans le tout nouveau Central Market mais aussi à Mathieu Motte et Cyril Bellier avec « Cathédrales de Bambou », une fusion entre poésie et photographie ou encore Caroline Tronel et ses compositions picturales sur béton. Enfin, nous attendons tous avec impatience, l’opéra-rock « Il jouait du piano debout » sous la direction de Nasthasia Faure et Justine Devisse-Mezrani, en hommage à Michel Berger et qui mobilisera plusieurs dizaines de musiciens, danseurs et acteurs français de Hong Kong.
Une grande exposition des collections du Centre Pompidou
Quels sont les autres initiatives marquantes ?
Cette année sera marquée par une exposition exceptionnelle en partenariat avec le Centre Pompidou et le Musée d’Art de Hong Kong sur le thème du surréalisme. Elle rassemblera une centaine de chefs d’œuvres, dont des œuvres majeures de Salvador Dali, Max Ernst, René Magritte, pour n’en citer que quelques-uns. L’exposition ouvrira fin-mai pour une durée de quatre mois. Nous sommes particulièrement heureux d’avoir rendu cet événement possible et de nous inscrire dans la continuité des grandes expositions des années précédentes telles que celles du Louvre, Picasso ou Monet. L’exposition sera accompagnée de tables rondes et conférences dont une discussion prometteuse entre le directeur artistique du Hong Kong Ballet Septime Webre et le professeur d’université Franck Vigneron et une introduction des grands photographes du surréalisme par Douglas So, directeur de musée de la Photographie f11 et de la galerie f22.
Un élan de solidarité autour du French May
Qu'a révélé le Covid pour le French May ?
La situation sanitaire ne rendait pas l’organisation de ce festival évidente : quarantaines imposées aux voyageurs, salles à capacité réduite. Le soutien de nos partenaires privés et institutionnels a été décisif. Nous avons bénéficié d’un soutien sans précédent du gouvernement de Hong Kong et des institutions locales, ce qui nous fit mesurer l’importance du French May sur la scène artistique locale. Je tiens aussi à souligner le soutien décisif de la communauté française. Le Consulat de France, l’Alliance française, les entreprises françaises ont fait preuve d’un élan de solidarité énorme. Nous leur en sommes profondément reconnaissants. Le festival n’aurait pas pu se faire sans eux.
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