Le Parlement européen a adopté jeudi 20 janvier un texte condamnant la dégradation des libertés à Hong Kong, mentionnant la fermeture récente du journal Stand News en pointant la responsabilité du gouvernement central et appelant à la libération des prisonniers politiques et au boycott des Jeux Olympiques d'Hiver de Beijing.
Résolution du parlement européen sur Hong Kong
Le Parlement européen s’est réuni à Strasbourg le 20 janvier 2022 et a adopté une résolution condamnant la situation de Hong Kong depuis l’ingérence du gouvernement central chinois. Le texte mentionne les inquiétudes des Européens quant à l’érosion du principe « un pays, deux systèmes ».
Parmi les arguments présentés figurent l’adoption de la Loi de Sécurité Nationale, les arrestations de d'opposants et les fermetures de médias qui en ont résulté.
Outre la condamnation de cette situation, la résolution appelle à la libération des prisonniers politiques et l’abrogation de la Loi de Sécurité Nationale. Le parlement appelle aussi à revoir le statut de Hong Kong au sein de l’OMC et à ne pas envoyer de représentants gouvernementaux aux Jeux Olympiques d’Hiver de Pékin.
D’autres points sont également mentionnés comme le soutien à la Lituanie face aux pressions économiques chinoises, le statut des droits de l’Homme au Xinjiang et au Tibet, et le soutien à Taiwan.
Protestations du gouvernement chinois
Bien que les résolutions du parlement européen n'aient aucune portée légale, cette prise de position a conduit à de nombreuses protestations officielles de la part de la Chine.
Ainsi le Hong Kong and Macau Affairs Office (HKMAO), organe du gouvernement central chargé de développer les liens culturels entre la Chine et Hong Kong et Macao, a-t-il qualifié la résolution de « déchet » et de « blague », pointant « l’arrogance, l’ignorance et l’impudence » des politiciens européens qui laisseraient des enfants migrants « mourir à leurs frontières ».
Les officiels chinois ont rappelé que Hong Kong faisait partie intégrante de la Chine, et que toute tentative d’ingérence extérieure ne saurait être tolérée. Les inquiétudes et condamnations du Parlement « portent atteinte à la liberté et à la démocratie à Hong Kong », affirme encore le HKMAO.
Le bureau des Affaires de Hong Kong et Macao a ajouté que cette résolution pourrait causer du tort aux 2300 entreprises européennes et 350 000 citoyens européens installés à Hong Kong.
Les relations de l'Union Européenne avec la Chine
Ces dernières années ont vu une dégradation des relations sino-européennes.
En effet, les tensions entre les deux acteurs se sont accrues, notamment au sujet des Droits de l’Homme mais concernant le soutien à Taiwan et à propos de l'accusation envers la Chine de tisser des réseaux d’influence en Europe.
En mai 2021, le Parlement européen a refusé à une majorité écrasante la ratification d’un accord commercial avec la Chine. Cet accord, dont les négociations ont duré près de sept ans et aurait du faciliter l’accès des entreprises européennes au marché chinois, mieux protéger la propriété intellectuelles, contrôler les transferts de technologie et de réduire les subventions étatiques aux entreprises chinoises. L’accord a été repoussé du fait de la situation des Ouighours au Xinjiang. En France, l’Assemblée Nationale a voté le 20 janvier une résolution reconnaissant l’existence d’un génocide contre les Ouighours.
Par ailleurs, la Chine s’est heurtée à une coordination européenne face aux pressions économiques envers la Lituanie. La discorde entre Vilnius et Pékin est née de la mise en place d’une ambassade non-officielle de la République de Chine (Taiwan). En principe, les bureaux de représentation de Taipei permettent à Taiwan de nouer des relations non-officielles avec ses partenaires comme en France, à Paris et Aix-en-Provence. Le bureau en Lituanie a néanmoins adopté le nom de Taiwan, plutôt que de Taipei, déclenchant la fureur de Pékin qui a demandé la fermeture du bureau, avant d’imposer des sanctions économiques sur la Lituanie.
Un climat politique tendu à Hong Kong
Les manifestations anti-gouvernementales de 2019 et 2020 à Hong Kong ont provoqué la réaction de Pékin, qui a imposé la Loi de Sécurité Nationale en juin 2020. L’année suivante a vu la dissolution de media d’opposition, dont Apple Daily et Stand News.
Les députés pro-démocrates ont quasiment totalement déserté la vie politique, que ce soit du fait des arrestations au titre de la NSL ou la condamnation de nombre d’entre eux pour leur participation aux manifestions, d'autres choissant l’exil à l'étranger. Les élections législatives de 2021 ont consacré à la formation d’une assemblée hongkongaise dite « patriote », à savoir composée dans la quasi-totalité de parlementaires acquis à Pékin.
Pour parachever la totale reprise en main de la vie politique à Hong Kong, La Chief Executive Carrie Lam a annoncé lors du premier rassemblement du parlement que la ville allait se doter de sa propre loi de sécurité nationale, en vertu de l’article 23 de la Basic Law.