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Trafic humain en Asie du Sud-Est : des Hongkongais pris au piège

une rue éclairée et animée le soir au Cambodge une rue éclairée et animée le soir au Cambodge
@Unsplash/Theang Rathana
Écrit par Ayman Ragab
Publié le 14 septembre 2022, mis à jour le 16 septembre 2022

Le 17 août dernier, la police chinoise indiquait être sans nouvelles de 12 Hongkongais dans différents pays d'Asie du Sud-Est. Cet épisode fait suite à une série d'enlèvements contre rançon de citoyens victimes d'arnaques au travail par des groupes mafieux situés au Myanmar, en Thaïlande et au Cambodge, entre autres.

 

Arnaque, détresse et enlèvements

Comme toute bonne arnaque, ces enlèvements commencent par une promesse d’argent.

La victime se fait approcher via les réseaux sociaux par une personne qui semble de bonne volonté. Dans certains cas les malfaiteurs captent l’attention de leur future victime sur des groupes d’annonce, dans d’autres cas ceux-ci se font passer pour une jeune fille khmère ou thaïlandaise et séduisent leur victime.

Une fois la confiance de la victime gagnée, le malfaiteur fait miroiter une offre d’emploi au Cambodge ou en Thaïlande, dans un casino, une grande compagnie d’affaires, un hôtel cinq étoiles... avec un salaire extrêmement alléchant à la clé. Les victimes évoquent la promesse d'\une rémunération mensuelle pouvant atteindre jusqu’à 200 000 HKD.

Pensant avoir trouvé le Graal, les victimes embarquent dans un vol qu’ils pensent payé par leur futur employeur, avant de se faire confisquer leur passeport et kidnapper une fois arrivées à bon port. A partir de là, les récits diffèrent. Certaines victimes sont contraintes de participer à des activités mafieuses, tels que des appels téléphoniques vers Hong Kong dans le but d’extorquer des sommes d'argent. D’autres seraient maintenues en captivité en attente de rançon de la part de la famille. Les gangsters menacent de dépecer la victime ou de vendre ses organes si la rançon n’est pas payée à temps.

Les victimes sont sujettes à des maltraitances physiques et morales. Une victime indiquait avoir passé un mois dans une pièce minuscule, forcé à travailler pour ses bourreaux. Constamment tabassé, il aurait fait plusieurs aller-retour entre la Thaïlande et le Myanmar, avant de retourner à Hong Kong après que sa famille ait payé sa rançon.

 

Qui sont les auteurs des enlèvements de chinois ?

Ces mafieux sont en général des criminels d'origine chinoise.

Ces groupes de gangsters profitent de l’instabilité et de la faiblesse institutionnelle des pays d’Asie du Sud-est dans lesquels ils sont implantés. Ceux-ci se font passer pour des investisseurs chinois venus investir dans le cadre de projets économiques conjoints entre la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est.

Ce phénomène est répandu au Cambodge, qui est devenu en quelques années une des principales zones de trafic de la région. Promettant à sa population une forte croissance économique sous l’auspices d’investissements en provenance de Chine, les dirigeants du pays ont malheureusement laissé de nombreuses mafias chinoises à investir dans des casinos et sites touristiques, de sorte que de larges pans de l’activité économique du pays sont monopolisés par les gangs.

La frontière birmano-thaïlandaise constituerait aussi une large zone instable car extrêmement longue, poreuse et difficile à contrôler. Suivant le même schéma qu’au Cambodge, les mafias chinoises ont fait mainmise sur une « nouvelle ville », Shwe Koko, au Myanmar, devenue l'épicentre du trafic d’humain dans le pays.

 

Une cinquantaine d'enlèvements de Hongkongais

Ces récits glaçants de résidents hongkongais récemments enlevés ne constituent malheureusement pas des cas isolés. Si moins d’une cinquantaine de cas d’enlèvements de hongkongais sont avérés, il s’agit en réalité d’une partie d’un trafic plus large, touchant plusieurs pays de la région. Des citoyens chinois, malaysiens ou encore vietnamiens, entre autres, ont été trompés de la même manière.

La police hongkongaise coordonne ses tentatives de sauvetage avec leurs homologues de Chine continentale et les antennes consulaires chinoises d’Asie du Sud-Est et une unité spéciale travaille au rapatriement des citoyens chinois continentaux ou hongkongais. Taiwan est également touchée par ce phénomène. Plusieurs centaines de taïwanais seraient pour l’instant toujours portés disparus. Ces enlèvements désormais l’objet de débats politiques, l’opposition accusant le gouvernement d’inaction. Seuls une cinquantaine de victimes seraient retournées à Taiwan saines et sauves.

Le Cambodge a reçu des pressions de la part des gouvernements voisins pour contrôler ces réseaux criminels. Sur ce sujet, le premier ministre Hun Sen a déclaré que « dans 99% des cas, les cambodgiens étaient les premières victimes ».

A Bangkok, a eu lieu l'arrestation d'un des barons de la pègre chinoise d’Asie du Sud-Est, un certain She Zhijiang originaire du Hunan. Patron d’un immense réseau de casinos au Cambodge et au Myanmar, notamment à Shwe Koko, il était recherché par la police chinoise.

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