Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Top 9 des minorités à Hong Kong

un restaurant d'une minorité à Hong Kong un restaurant d'une minorité à Hong Kong
Connaissez-vous Jollibee, la chaîne philippine? (Crédit: wikimedia)
Écrit par Patricia Herau-Yang
Publié le 5 août 2021, mis à jour le 6 août 2021

5% des 7 millions d’habitants à Hong Kong sont d’origine étrangère. Qui sont ces "minorités" comme on les appelle ici, où peut-on faire leur connaissance et comment vivent-ils à Asia’s world city?

Les Philippines à Hong Kong

Entre 130.000 et 200.000 détenteurs de passeports philippins sont installés à Hong Kong. Souvent des femmes, elles sont surtout fées du logis (alias "Foreign Domestic Helpers") ou travaillent dans la restauration. Minorité invisible la plupart du temps, les Philippines se donnent rendez-vous le dimanche à Central (World Wide Mall) et dans les nombreuses églises de la ville. Elles font à Central le plein d’épicerie, déjeunent à Jollibee (le fast food de référence, il y en 7 à Hong Kong), et font leurs transferts d’argent vers la famille.

Certains Philippins sont ici depuis 20 ans, parlent couramment cantonais, mais leur statut ne leur donne pas le droit de vote ou la résidence permanente. Exemptés d’impôts, leur salaire et leurs droits sont encadrés. Des associations les soutiennent notamment face aux prêteurs peu scrupuleux, les forment, les accueillent. Un très beau film leur rend hommage: Still Human.

Si vous voulez dépasser le dialogue pratico-pratique et pourquoi pas, chanter, rendez-vous à Cinta–J (Wan Chai). Pour un vrai repas, optez pour Bedana (Jordan) ou Amore (Wan Chai). Pourquoi ne pas étonner votre Helper avec un dîner festif?

Les Indonésien-nes

Les quelque 100.000 Indonésiennes à Hong Kong sont très majoritairement des FDH. De confession musulmane (pour la plupart), on les reconnaît à leurs voiles colorés.

Le gouvernement indonésien a mis en place des contrôles stricts sur sa population migrante: formation obligatoire en cantonais, ménage et hygiène, entre 3 à 6 mois. Leur connaissance de la langue destine les Indonésiennes à travailler pour des familles hongkongaises. Tout ceci n’est pourtant pas gratuit: candidates et familles paient un surcoût pour ces services, délivrés dans des centres à la réputation parfois sulfureuse.

Le principal lieu de repos des Helpers indonésiennes est Victoria Park.

Dans le quartier, vaste choix de restaurants: Warung Malang Club, Kampoeng Fusion Restaurant, Pandan leaf, RIA Indonesian Restaurant... D’autres quartiers ont aussi leurs petits plaisirs indonésiens, et Fuk Wa Street (Sham Shui Po) est considéré comme un Little Indonesia: boutiques, épiceries, vous trouverez tout entre les No 107 et 115 de Fuk Wa Street à prix très raisonnables. Autre quartier, autre univers: la cuisine indonésienne a ses étoiles Michelin, avec Lucky Indonesia (Kwun Tong).

Les Occidentaux

Dans les statistiques locales, tous les Occidentaux se ressemblent et forment une minorité. Un chiffre de 40.000 Occidentaux circule mais paraît sous-estimé. Vous ne m’en voudrez pas de passer vite sur cette minorité si peu exotique!

 

Minorités Hong Kong
Comment devenir végétarien? La cuisine indienne (Crédit: Pixabay)

 

Les Indiens

Les chiffres varient autour de 22.000 Indiens à Hong Kong (référence du "Republic of India's High Level Committee on Indian Diaspora") et 28.500 personnes d’origine indienne mais n’ayant pas le passeport indien. Le sort administratif de cette communauté a représenté un point de friction majeur à l’approche de 1997. En effet, les Indiens sont installés parfois depuis plusieurs générations: 60% des forces de police hongkongaise était Sikh, leur rôle dans l’armée pendant la Seconde Guerre est exemplaire, mais ils étaient aussi commerçants, entrepreneurs (un Parsi est à l’origine du Star Ferry), tailleurs, voyagistes, experts en finance, en médecine ou en télécommunications…

Les résidents d’origine indienne avaient adopté le statut de Citizens of the United Kingdom and Colonies (CUKCs), qui ne faisait pas de distinction entre résidents des UK et des autres pays du Commonwealth. Les évolutions du statut de CUKCs leur ont fait perdre le droit de résidence aux UK et, à l’approche de 1997, sa disparition annoncée posait la question du sort de ces Britanniques d’origine indienne, résidents à Hong Kong.

Finalement, la plupart ont pu obtenir des passeports BN(O) et ne se sont pas fait naturaliser Chinois. Rappelons que tout résident permanent "who has Chinese relatives, who has settled there, or who has other legitimate reasons, and who is willing to renounce all foreign citizenships" peut demander la nationalité chinoise. Les évolutions récentes des droits des détenteurs de passeports BN(O), annoncées depuis Londres, les concernent.

De nombreux Indiens se sont aussi installés depuis 1997, citons ainsi les Indiens du Gujarat installés pour faire le commerce de diamants (avec quelques affaires de blanchissage à la clé).

La communauté est bien intégrée dans la société: actifs dans les talk-shows, la culture, la télévision, mais aussi le caritatif. Ils sont disséminés dans de nombreux quartiers de la ville. L’épicentre de Little India est Chung King mansion à Tsim Sha Tsui. Vous pouvez y essayer The Delhi Club ou Khyber Pass Mess Club. Mais nul besoin de passer sa vie à Chung King mansion, à Sheung Wan Queen Street Cooked Food Centre tentez le Chautari, à Jordan le Bombay Indian Restaurant, à Central le Chaiwala. Enfin, pour les pâtisseries retour à Chung King mansion chez Wakas Sweet. La cuisine indienne est étoilée, le New Punjab Club est le premier restaurant du Punjab récompensé par Michelin (Central).

 

Minorités Hong Kong
Des dim sun? Non, des momos népali (Crédit: wikimedia)

 

Les Népali

Ils sont environ 15.000, et si leur histoire paraît ressembler à celle des Indiens, leur situation actuelle est sans doute plus ardue. Depuis toujours assimilés aux Gurkhas, ces guerriers intrépides qui ont parcouru à partir des années 1960 les zones frontières de Hong Kong, les Népali ont des difficultés d’intégration. Pour les colons, il fallait que les Gurkhas restent séparés de la population locale, ils ne devaient pas sympathiser avec les migrants, clandestins pour la plupart.

Les Népali de deuxième génération ont le droit de résidence à Hong Kong, mais n’ont pas de passeport hongkongais. Ils ont cependant, à la différence des Indiens, souvent gardé leur nationalité de départ. Depuis 2008, les anciens soldats Gurkhas stationnés à Hong Kong et ayant pris leur retraite avant la rétrocession ont le droit de vivre aux UK.

Mais pour les autres, ne parlant pas cantonais, l’intégration est difficile: ils ne peuvent viser de nombreux emplois (fonction publique ou administration), les écoles locales en cantonais sont inaccessibles (langue) de même que les internationales (prix). Les enfants rentrent donc souvent au Népal.

80% des Népali ont des emplois simples. Ils résident à proximité des anciennes casernes: Yau Tsim Mong (33% des Népali), Yuen Long area (34%). Quelques adresses: Nepalese restaurant (SoHo), Ex-Gorkha Restaurant & Bar (Jordan), The Jungle (Jordan) et ses raviolis népali (momos).

Les Japonais

Il y a environ 15.000 Japonais à Hong Kong. L’installation a commencé par l’arrivée des Karayuki-san, les prostituées de Nagasaki. Ces jeunes filles pauvres ont fait l’objet d’un trafic dans toute l’Asie à la fin du 19e siècle et au 20e siècle. Aucun passeport ne permettait alors de contrôler les flux de personnes. Certains y ont vu un moyen d’attirer des devises au Japon, alors que la Chine boycottait, depuis 1919, les biens japonais. Puis vinrent les émeutes anti-japonaises de 1931 (occupation de la Mandchourie) et la Seconde Guerre mondiale: les rapports entre occupants japonais et populations hongkongaises pouvaient difficilement être plus tendus.

Aujourd’hui, c’est une population très orientée business qui vit à Hong Kong. On trouve aussi des femmes célibataires ou divorcées: carriéristes, elles fuient à Hong Kong le modèle sociétal japonais très macho.

Les Japonais sont réputés pour leur fort sens de la communauté. La plus grosse communauté est à East Point. Tokyo et Hong Kong font l’objet de nombreuses comparaisons. Il faut cependant admettre que Tokyo est bien plus présent à Hong Kong que l’inverse. Toutes les grandes chaînes y sont (Muji, Okashi Land, 759 Store, Japan Home Centre, Don don donki, 7-Eleven, Circle K), les Hongkongaises s’arrachent les produits de beauté japonais, et toute la culture manga est à Sino Centre (Mong Kok). Est-ce que Causeway Bay n’est pas le Little Ginza? La fascination pour la culture japonaise date des années 1960…

 

Minorités Hong Kong
So British le Star Ferry, en êtes-vous si sûr? (Crédit: wikimedia)

 

Les Pakistanais

Si les 15.000 Pakistanais sont associés à Chung King mansion et à Mirador mansion, ils vivent en fait dans tous les Nouveaux territoires. Leur installation est ancienne: les très réputés marins pakistanais, embarqués sur la flotte de l’East India Company, sont pour certains devenus commerçants à Hong Kong dès le 19e siècle. Partageant la même religion, les Pakistanais se sont installés avec les autres communautés musulmanes à Lower Lascar Row (Central), aussi connus sous le nom de "Moro Kai". Les caractères chinois créés pour nommer le quartier 摩囉reproduisaient, phonétiquement, "musselmen": les musulmans! Les Pakistanais étaient alors actifs dans le commerce d’antiquités.

Les Pakistanais sont une communauté bien installée, avec une grande majorité ayant résidé plus de 10 ans à Hong Kong. Ils sont parfaitement bilingues en cantonais. Pour les hommes arrivés récemment, en revanche, Hong Kong est avant tout un lieu pour travailler dans la construction. Ils laissent alors leur famille au pays.

Peu de buzz autour de la cuisine pakistanaise à Hong Kong: Ah Long Pakistan Halal food (Jordan), Khyber Pass Mess Club (Chung King mansion).

Les Thaïlandais

Il y a 11.000 Thaïlandais à Hong Kong. L’installation thaï est en fait l’histoire d’un métissage sino-thai: les Chinois "Chiu Chow" de Chaoshan au Guangdong se sont installés au début du 20e siècle en Thaïlande et s’y sont mariés. Leurs cultures assimilées, les familles sino-thaï ont ensuite été tentées par l’aventure hongkongaise dans les années 1970. Des Chiu Chow venus directement de Chine, logés à Kowloon City, ont accueilli ces cousins pas si lointains. Si vous aimez la fête et n’avez pas peur d’être mouillé, faites un tour courant avril à ce qui est devenu Little Thaïland pour le Nouvel An thaï, Songkran.

De nombreux restaurants proposent la cuisine fusion, et notamment l’omelette aux huîtres et les œufs de 100 ans frits, ainsi que des desserts au pandan, à la noix de coco, au riz gluant. Rendez-vous aussi au Kowloon City Market, ou sur la toile à l’épicerie en ligne Ruamjai Thai Grocery.

 

Minorités Hong Kong
Le sino-thaï Kowloon City Market (Crédit: wikimedia)

 

Autres communautés

Après les autres communautés asiatiques (Coréens, Malais principalement), les Africains représentent entre 2.000 et 4.000 personnes. Leur présence est récente. Elle est directement liée à l’import de produits fabriqués au Guangdong par des intermédiaires africains. Ces commerçants se sont installés à Canton et Hong Kong. Si certains évoquent le chiffre de 30.000 Africains à Hong Kong (dix fois plus que les chiffres officiels), c’est en raison de l’afflux de populations réfugiées à Hong Kong depuis l’Érythrée et le Nigeria.

À Hong Kong, c’est à Chung King mansion et autour du Mirador que les communautés se réunissent. C’est en effet ici seulement que des produits inédits sont disponibles: shampooings et soins du corps, produits frais ont fait le chemin inverse et arrivent tout droit d’Afrique. Pénétrez dans Chung King mansion pour un repas (tardif), avec des spécialités d’Afrique occidentale principalement. Le Africa Center fait un travail remarquable d’échange culturel et d’animation de la communauté.  À suivre... 

 

Pour être sûr de recevoir GRATUITEMENT tous les jours notre newsletter (du lundi au vendredi)

Ou nous suivre sur Facebook et Instagram

 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions