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Chaussette b., artiste française à Hong Kong : "je travaille sans filtre"

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Écrit par Alexia Ashworth
Publié le 9 mai 2023, mis à jour le 10 mai 2023

C’est à l’occasion de l’exposition Re-Shape 2023 que nous avons rencontré l’artiste française chaussette b., qui crée, dans son atelier de Cheung Chau, des œuvres singulières et très personnelles. Le Petit Journal vous propose de découvrir son univers riche de sens.

Je suis devenue artiste par hasard

Quel a été ton parcours ?

En fait, je n’avais jamais songé à être artiste. C’est arrivé un peu par hasard. J’ai quitté un poste que j’occupais à Hong Kong dans le textile avec une longue liste de choses que je voulais faire : apprendre à travailler le bois, le cuir, conduire un gros camion… Beaucoup de travaux manuels. Des envies, des idées que j’avais accumulées au fil des années. J’ai résolu de me donner une année pour tenter de nouvelles choses et voir où cela me conduirait.

J’ai appris à travailler le bois dans un atelier dans les Nouveaux Territoires avec un maître qui ne parlait que cantonnais et une copine qui traduisait ; à fabriquer des bijoux, des sacs à main en cuir… pour le plaisir de toucher des matières, de modeler, de créer sans objectif précis en tête.

Un jour, j’ai pris l’appareil photo de mon mari, musicien et me suis mise à prendre des photos lors de ses concerts. Je me sentais à l’aise derrière la caméra, dans ce statut d’observatrice mais avec un rôle à jouer. Cela dissipait ce sentiment de décalage que je ressens dans un contexte d’interaction sociale ou en public. Par la suite, j’ai pris des photos de nus : La vulnérabilité des modèles puis le rapport de confiance et enfin, l’émotion de voir la personne heureuse du résultat a été mon premier pas dans la sphère artistique.

J’ai alors commencé à raconter mes propres histoires, en assemblant des couleurs et des formes dans ce que j’appelle peintographie : mélange de peinture, de photographie et de peinture digitale.

Je cherche des solutions à des problèmes

Tes œuvres sont très personnelles. Peux-tu nous expliquer dans quelle mesure ?

En effet, si je prends par exemple ma série “Moles 1”, l’idée est née de d’une nécessité de devoir contrôler régulièrement mes grains de beauté pour raison médicale. Le processus de vérification étant laborieux et anxiogène, j’avais une tendance forte à procrastiner. Pour dépasser cela, j’ai élaboré des cartographies de mes grains de beauté que j’ai transformées en peintographie. J’ai réalisé ainsi mon check up et chaque contrôle annuel est dorénavant une occasion d’explorer de nouvelles techniques, avec la joie de créer une nouvelle série. J’en suis aujourd’hui à ma quatrième série de Moles.

Moles par chaussette b.
Moles

 

D’une façon générale ma démarche artistique est de trouver une solution à un problème, quelle que soit l’incongruité de cette solution, et de restituer mes découvertes sous forme visuelle pour pouvoir les partager avec le public.

J’ai alors suivi une démarche similaire pour trouver un moyen de réduire ma consommation d’alcool. J’ai conçu une œuvre sur une année, dont le résultat se construisait chaque semaine en fonction de ma consommation d’unités d’alcool. L’idée étant que plus je parvenais à résister à la tentation plus le résultat visuel me plairait. Les semaines où, au contraire, je cédais, je noircissais volontairement l’œuvre, symbolisant des ruptures d’anévrisme.

Cela m’a tirée et encouragée à sortir de cette relation malsaine.

 

Alcohol diary par chaussette b.
Alcohol diary

 

Je n'expose pas l'intime, je le partage

Est-il difficile d’exposer ainsi sa vulnérabilité ? 

Au contraire, Il m’est plus facile de parler de mon rapport à l’alcool à un inconnu que de lui faire la conversation sur la pluie et le beau temps.

Parler de mon travail est extrêmement facile pour moi, car mon travail c’est ce que je suis, sans filtre, sans code et sans honte.

Par ailleurs je n’ai pas l’impression d’exposer de l’intime mais de partager de l’intime, c’est pour ça que j’ai autant besoin de parler de mes œuvres, elles me connectent à l’autre, dans une relation immédiatement authentique.

Peut-on visiter ton atelier sur l’île de Cheung Chau ?

Absolument ! Il suffit de me contacter pour convenir d’un rendez-vous en m’envoyant un e-mail (chaussettebstudio@gmail.com) ou via mon Instagram @chaussetteb. 

J’adore faire visiter mon atelier, montrer ce sur quoi je travaille en ce moment, partager mes premières découvertes avec les visiteurs.

 

 

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