Ils sont photographes professionnels ou amateurs, ils viennent des quatre coins du monde: Benoît est Français, Lia est Italienne, Kevin est Hongkongais, Priyanka est Indienne et Miguel est Espagnol, ils partagent tous une passion pour la photo et nous montrent leur vision de Hong Kong à travers leurs objectifs.
Peux-tu décrire ton parcours en tant que photographe?
Benoît: je me suis lancé dans la photo vers 2008 avec un intérêt un peu inhabituel, en France j’allais beaucoup aux concerts de jazz et j’avais envie de capturer ça. Comme la photo de concert est compliquée et technique, j’ai appris et progressé assez vite. En France je me suis inscris dans un club de photo argentique, avant je faisais beaucoup de numérique et un peu d’argentique mais aujourd’hui c’est l’inverse.
Lia: j’ai commencé à faire de la photographie il y a 4 ans, avec les conseils d’un ami j’ai acheté mon premier appareil digital. Au début je ne savais pas trop quoi faire, j’ai pris quelques cours et acheté des livres de référence. Plus tard je suis tombée dans le monde de l’argentique et ça a tout changé! Maintenant j’alterne entre digital et argentique. Je viens de finir un cours de Photoshop pour améliorer ma post-production.
Kevin: je suis architecte et photographe. Par le biais de Flickr et Instagram et inspiré par la culture de la rue à Hong Kong, j’ai développé un intérêt pour la photo urbaine. Lorsque j’ai commencé à travailler en tant qu’architecte, j’engageais d’abord des photographes pour nos projets mais j’ai fini par le faire moi-même. Il y a deux ans et demi j’ai ouvert mon studio de photo architecturale: 1km.
Priyanka: je suis journaliste dans le secteur télécom et média pour S&P Global Market Intelligence. J’adore capturer les paysages intéressants à Hong Kong. La photo a commencé comme un hobby lorsque j’ai acheté mon premier reflex il y dix ans. Ce n’est qu’à la sortie d’Instagram que j’ai poursuivi ma passion pour la photo et décidé de m’essayer à la photo mobile.
Miguel: vers 1997 j’ai acheté mon premier appareil mais je photographiais n’importe quoi sans vraiment y réfléchir. Lors d’un voyage aux Philippines en 2013, j’ai commencé à demander aux Philippins dans la rue si je pouvais les prendre en photo. En arrivant à Hong Kong, j’ai continué à faire la même chose mais de manière plus spontanée, c’est comme ça que j’ai commencé la photo de rue.
La photo c’est: un hobby, une passion ou un métier?
Benoît: ce n’est pas un métier, c’est clairement une passion et j’arrive au moment où je commence à avoir des projets structurés et j’ai envie de leur donner de la visibilité.
Lia: la photo est un hobby inspirant, stimulé par ma passion de documenter et préserver certains moments. Mais professionnelle ou pas, je décrirais la photo comme une aventure!
Kevin: La photographie urbaine reste un hobby et une passion mais il est devenu évident avec mon studio 1km, que la photographie architecturale est un métier.
Priyanka: la photo est tout ça pour moi. Cela a commencé comme un hobby, a évolué en passion et par moments est devenu un métier à côté du journalisme. Parfois, cela m’a attitré des projets intéressants comme une campagne pour HSBC.
Miguel : un peu de tout ça, avant je donnais des cours d’espagnol en plus des ateliers de photo mais l’année dernière j’ai arrêté les cours pour commencer à faire des ateliers à l’international. Je voyageais et ça me permettait de vivre de la photo. Mais avec le coronavirus je n’ai pas pu bouger et je recommence à donner des cours d’espagnol.
Photo de rue: des instantanés de la vie quotidienne
As-tu des sujets de prédilection ou une spécialité?
Benoît: je fais de la photo de rue dans un format classique mais aussi dans un format très large. Je crée aussi des "natures humaines" où je superpose deux images : des textures végétales et des portraits, dans un effort de questionner notre rapport à la nature. Je commence également à faire des tirages sur cyanotype, un vieux procédé où l’on expose le négatif pour obtenir un tirage bleu cyan.
Lia: la photo de rue, car c’est comme disait Cartier-Bresson "des instantanés de la vie quotidienne". C’est l’art de l’observation, une sorte de "sociologie visuelle": l’appareil n’est qu’un outil pour mieux comprendre le monde qui m’entoure. Je suis fasciné par le concept de "instant décisif": un moment unique où spontanéité et authenticité se retrouvent. J’aime également l’intemporalité du noir et blanc.
Kevin: la photographie de rue, sans aucun doute, de temps en temps je fais des portraits mais seulement dans un milieu urbain.
Priyanka: j’adore photographier les rues de Hong Kong, et de les contraster avec ses collines. Dans la même journée je peux être au beau milieu de Central à regarder les trams avancer dans les rues achalandées ou bien en train de grimper un sentier entouré de verdure.
Miguel: mon site internet est dédié à la photo de rue mais je commence à faire quelque chose de plus conceptuel. Je photographie en noir et blanc essentiellement parce que je ne comprenais rien aux programmes d’édition pour corriger la couleur, je me suis rendu compte que en appuyant sur un bouton je me débarrassais de ce problème.
Hong Kong: mélange d’ancien et de nouveau
Quelle est ta relation photographique avec Hong Kong?
Benoît: il y a plein de spécificités hongkongaises : les néons, la verticalité, l’étroitesse...Une des particularités de la ville que j’aime beaucoup c’est qu’en dix minutes on peut être au milieu de la jungle. Ici y a une grande diversité de sujets photographiques à explorer.
Lia: cette ville est un terrain de jeux inépuisable pour la créativité : l’ancien et le nouveau, la nature et le béton, les hauts et les bas. Mes quartiers préférés sont Mong Kok, Yau Ma Tei et Sham Shui Po, où les gens et les lieux sont dynamiques et captivants.
Kevin: J’aime bien photographier des quartiers qui mélangent l’ancien et le nouveau. Je préfère les districts en pente qui offrent un espace plus tridimensionnel, Central et Sheung Wan sont mes favoris. Dernièrement, des nombreux vieux quartiers sont en processus de réaménagement, ces endroits sont plein de contrastes et d’émotions.
Priyanka: un de mes endroits préférés est certainement le carrefour de Johnston Road à Wan Chai, en raison de ce building arrondi et haut en couleurs qui se tient joliment sur un fond animé plein de trams, de gens et de taxis rouges.
Miguel: au début je passais beaucoup de temps à Causeway Bay et à Wan Chai mais on finit par réaliser que le meilleur endroit pour faire une photo c’est là où on est. Car une photo ça se trouve n’importe où et n’importe quand. Pas besoin d’être au milieu des quartiers les plus denses.
As-tu une anecdote sur une de tes photos à nous raconter?
Benoît: pendant le confinement j’ai photographié mon fils, il avait laissé pousser sa barbe et pour la double exposition, la texture végétale apparaît plus dans les parties sombres, cette photo me touche beaucoup car c’est mon fils qui devient adulte et c’est aussi mon projet qui avance malgré les aléas et les complications.
Lia: j’ai pris cette photo à Xinjiang juste avant la pandémie, je me baladais dans un marché où des hommes mangeaient des Kao Baozi et buvaient du thé, je les ai regardé ou plutôt fixé si longtemps qu’ils ont fini par m’inviter à manger et à boire avec eux. C’était une expérience unique car j’étais la seule étrangère.
Kevin: À Hong Kong les scènes de rue changent très rapidement. J’aime photographier les panneaux lumineux qui remplissent les rues. Néanmoins, les panneaux historiques qui subsistent sont en train d’être démontés (ils ont été considérés illégaux il y a dix ans). J’ai pris cette photo il y a deux semaines et ce panneau a été démonté hier. C’est ce que j’aime et déteste à Hong Kong.
Priyanka: cette perspective de la rue Johnston. J’aime spécialement la photographier assise dans un tram, qui donne l’avantage supplémentaire de pouvoir profiter du tour cadencé. Tous ces gens, ces vélos et ces taxis dans un arrière-fond bigarré font une photo très frappante.
Miguel: c’est une de mes photos les plus vendues lors d’une expo au FCC. Je marchais dans la rue et je vois un graffiti d’une femme âgé, je continue de marcher et je tombe sur une femme qui ressemble pas mal au graffiti, je fais demi-tour pour capturer le moment et avec tout mon respect pour cette dame, elles étaient très ressemblantes.
Concilier passion et métier
Quels sont tes projets en tant que photographe?
Benoît: je commence à voir les possibilités pour donner de la visibilité à ce que je fais, je suis en train de discuter avec une galerie pour voir si cela les intéresserait de montrer mes travaux. Je veux faire un fascicule "tour du monde" où je peux lier une photo à une anecdote. Je réfléchis aussi à une façon de combiner la photo de rue avec le cyanotype.
Lia: en tant que passionnée de photo, je veux approfondir mes connaissances, aussi bien dans le monde digital que dans l’argentique. J’aimerais bien avoir une chambre noire et apprendre à développer mes photos.
Kevin: J’espère que la partie "métier" pourra être encore développée pour avoir plus de temps pour la partie "hobby et passion": les histoires urbaines. J’aimerais aussi faire des séries photographiques.
Priyanka: pour l’instant, la photographie reste un hobby et une passion. Néanmoins, j’aimerais pouvoir vendre mes photos dans l’avenir et verser les revenus à une bonne cause.
Miguel: je ne me vois qu’avec un appareil à essayer de trouver et de capter des moments qui passent normalement inaperçus. Mon avenir tourne autour de cet art et de la façon dont je peux m’améliorer.
Quel conseil donnerais-tu à un débutant en photographie?
Benoît: toujours avoir un appareil avec soi sans trop se poser des questions sur la qualité ni sur la gamme. Il y a de dizaines d’opportunités de faire des photos intéressantes, marrantes, intrigantes. Le meilleur moyen de progresser et de se faire plaisir c’est de photographier tout le temps.
Lia: ni l’appareil ni le software ne compensent le manque d’expérience. La seule façon de s’améliorer c’est prendre des photos autant que possible. Pour rester motivé c’est important de partager son travail et de demander des critiques.
Kevin: moins parler et s’interroger à propos de l’appareil et de la technique. Le savoir-faire c’est principalement de l’observation et de la pratique. C’est plus important de développer sa personnalité, ses propres intérêts et sa propre vision du monde, car cela transparait dans les photos.
Priyanka: prendre son appareil partout où vous allez. On ne sait jamais quand on va tomber sur une lumière dorée, un sentier feuillu ou un coin bondé. Une fois qu’on a pris l’habitude de prendre des photos, il s’agit de pratiquer pour faire en sorte d’avoir l’image ou l’effet recherché.
Miguel: le meilleur appareil c’est celui que vous avez, le meilleur endroit c’est celui où vous vous trouvez. Au bout du compte c’est un hobby, amusez-vous sans copier personne et faites ce que vous voulez: il n’y a pas de règles.
Pour voir les travaux de ces photographes:
Benoit : www.benoitfelten.com/Instagram@benfelten
Lia : Instagram @liascompiglio
Kevin: Instagram @kingymak/@1kmstudio
Priyanka: Instagram @priboghani
Miguel : www.miguelitor.net/Instagram @miguelitors
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