Depuis plus de 20 ans, il sillonne la Mongolie à la recherche des origines du monde et de l’homme. Auteur de nombreuses chroniques sur ce pays, Marc Progin expose ses photographies en ce moment à Hong Kong et nous a reçu pour une interview sur son parcours. Rencontre avec un passionné.
Coureur, écrivain, photographe ou aventurier, comment vous définissez-vous?
Un peu tout ça à la fois. Lorsque je suis arrivé à Hong Kong, en 1977, c’est en tant qu’horloger que j’ai commencé mon aventure asiatique avec pour but ultime de découvrir la Chine, chargé de développer le service après-vente d'une entreprise d’horlogerie devenue aujourd'hui Swatch. De l’autre côté de la frontière, fermée à cette époque, l’horlogerie chinoise n’en était qu’à ses débuts, reproduisant depuis les années 50 des modèles de montres russes pour satisfaire la politique de Mao des "4 roues" (machine à coudre, vélo, radio et montre). C’est vers la fin des années 1990 que j’ai graduellement délégué mes affaires à mes employés, soit celles de la vente de machines d’horlogerie, pour partir à l’aventure et me consacrer à l’écriture et la photographie.
Pourquoi cette passion pour la Mongolie?
A l’occasion de la 1ère course à pied de 100km, j’ai eu la chance de survoler le pays en hélicoptère. Ce fut le coup au coeur! Les paysages, l’immensité, le vide, m’ont immédiatement captivé. J’y suis retourné l’année d’après et celles qui suivirent, à chaque fois en vélo pour mieux découvrir ce pays. Restée presque terre vierge, sans industrie, peuplée de nomades, la Mongolie raconte notre histoire, celle de l’humanité. On y trouve encore les traces de la vie et des vestiges datant de plus de 18.000 ans! C‘est une terre de nomades et une raison pour laquelle le chamanisme préconisant le culte des esprits de la nature a survécu. Des croyances qui se marient à celles du tengrisme, de l’animisme et du boudhisme tibétain introduit au 16ème siècle. C’est un mariage unique. En fait, peu de choses ont changé dans les modes de vie ancestraux de certaines parties du pays, remontant aux périodes préhistoriques précédant les grandes conquêtes mongoles. C’est cette époque de l'histoire qui m’intéresse, laquelle au cours des voyages et au gré de mes découvertes tant archéologiques qu’humaines, me donnent l’impression de lire un livre à ciel ouvert relatant l’histoire du monde.
Comment choisissez-vous et préparez-vous vos voyages?
J’étudie beaucoup avant de partir, la géographie, les récits scientifiques d’aventuriers du passé etc, avant de dessiner mes cartes de voyages et en préparer l’histoire. Chacun de mes voyages est motivé par un objectif particulier, tel le nomadisme, la faune sauvage, les déserts, l’Histoire, les vestiges du paléolithique en corrélation avec les empires d'autrefois. Pour mes odyssées hivernales, et grâce aux contacts développés au fil des années, je voyage avec 3 nomades, des caravanes de chameaux pour emporter le matériel de survie, tel qu’une yourte et les vivres nécessaires. Car sans support, donc en autonomie. Quand la température chute à -40 degrés, il s'agit de survie! Mes voyages de printemps, d’été et d'automne se font presque tous à cheval…sur une selle de vélo. Des périples qui durent entre un et deux mois. Ce sont des voyages solitaires dans l’espace et non dans le temps qui me permettent d'être le témoin des beautés de la nature, instants, scènes et lumières que mon coeur voit par le travers de mon objectif, et que je transcris sur dans mes carnets de route.
Quels sont les souvenirs et impressions les plus marquants?
Il y en a évidemment beaucoup, mais je parlerais volontiers des visages des nomades. J’ai en effet réalisé de nombreux portraits lesquels révèlent pour chacun d'eux une manière d’être, un caractère, et pour chaque ethnie les traits d'une histoire différente. En général, ce que j’apprécie c’est la simplicité et la sincérité des nomades qui s’intéressent avant tout à savoir qui vous êtes, ce que vous êtes vraiment en vous regardant droit dans les yeux. La condition sociale et ce que vous possédez de prime abord ne les intéressent pas. Il n’y a pas de façade, de maquillage, que le vérité crue, nue, sans aucun fard. Le portrait de cette femme est fascinant: C’est l’assistante d’une chamane de l'ethnie Tsataan, un peuple d'éleveurs de rennes qui ne compte plus qu'une centaine de familles. Ses traits montrent à la fois sa grande expérience et une profonde sagesse. On apprend beaucoup en la regardant.
Les enfants sont eux aussi porteurs d’histoires. Quand j’approche d’un campement, ce sont les premières personnes que je rencontre. Quand ils viennent vers moi, je gonfle des ballons que je leur donne. Ils sont très étonnés de me voir un Monsieur de 75 ans sur un vélo, dans un pays où l’espérance de vie ne dépasse pas 65 ans. Les enfants sont un excellent moyen de m’attirer les faveurs des adultes qui m’accueillent chaleureusement.
Quelle est votre actualité et comment découvrir votre travail?
Après une série sur les origines du monde, à la recherche de tombes, statues anthropomorphiques, mégalithes et pétroglyphes du paléolithique, je prépare une exposition sur le Crétacé, soit l’ère des dinosaures puis une autre sur les oiseaux migrateurs. Il y a en effet, en plus de la faune si particulière de Mongolie (antilopes, gazelles, hémiones, léopards des neige, zibelines, aigles, loups…) des oiseaux de passage venant de Sibérie ou de Chine comme les oies, les cygnes chanteurs et autres… Approcher ces animaux ne peut se faire qu’à vélo, en évoluant à leur rythme, de manière non agressive jusqu’à ce qu’ils vous considèrent comme un élément de l’environnement. En ce moment, dans un programme associé au French May, j’expose mon travail sur la nature à la galerie Blue Lotus où, tous les samedis matin, je donne des conférences avec diaporamas musicaux relatant mes voyages et aventures.
Pour découvrir le travail de Marc Progin: www.progin.com
Exposition à la galerie Blue Lotus: ICI
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