Hyperactif et passionné par les hommes, Rémy Kurowski n’est pas un prêtre comme les autres. Né en Pologne pendant l'ère communiste, il a fait ses études en France et a rejoint l’ordre des Pallotins, “pour vivre ma foi comme une mission”. Il est depuis 2012 l'aumônier catholique de la communauté francophone de Hong Kong, coordinateur des communautés catholiques francophones d'Asie et chargé de développement missionnaire de sa congrégation dans certains pays d'Asie. Il nous parle du rôle de l'Eglise pour les communautés expatriées.
Etudier pour changer le monde
Quel est votre parcours?
J’ai toujours été passionné par les études, explique ce double titulaire d’un doctorat en histoire de l’université de la Sorbonne Paris IV et en théologie de l’Eglise à l’Institut Catholique de Paris. Actuellement je reprends mes recherches sur le thème “foi et culture” que j’ai laissées en 2012 pour venir à Hong Kong. Après mon ordination en 1983, vicaire à Paris, puis curé doyen dans le Val D'Oise, j’ai partagé mon temps entre les activités pastorales locales (scouts, aumônerie des maisons de retraites…), formations et organisation de la vie de l’Eglise. Parallèlement, après la soutenance de thèse « Peuple de Dieu et nation polonaise », je dispensais des cours de théologie et j'ai accompagné les étudiants. Impliqué également dans les relations oecuméniques et celles de dialogue interreligieux, le rassemblement oeucuménique de l’an 2000 autour du lac d’Enghien et le travail de recherche à Marseille restent des moments inoubliables. Après toutes ces responsabilités, j’ai ressenti le besoin de prendre une année sabbatique, mais c’est alors que l’on m’a envoyé à Hong Kong comme aumônier de la communauté francophone.
Je cherche à me rendre accessible
Qu’est ce qui a changé pour vous à Hong Kong ?
Tout a changé. Alors que je disposais de moyens importants, occupant jusqu’à 3 secrétaires à mi-temps, disposant de 4 boîtes aux lettres, d’une voiture et d’une énorme organisation pour m’épauler, je vis et travaille aujourd'hui dans la plus grande simplicité et pour ainsi dire livré à moi-même. C’est l’une des raisons pour laquelle on m’a choisi car s’occuper de communautés expatriées nécessite de l’expérience pour faire face à des situations parfois inédites en France mais j’éprouve beaucoup de plaisir dans cette mission car j’ai pu revenir à l’essentiel. J’ai fait tomber la veste au profit d’une tenue décontractée, ce qui facilite les rapports humains. Pour être honnête, c’est vrai que j’étais un peu perdu au départ mais j’ai fini par comprendre toute la valeur de cette communauté extraordinaire car pleine d’énergie et de projets. Elle est pour autant éparpillée à la fois géographiquement (j’officie sur 4 lieux entre Wan Chai, Stanley, DB et TKO) mais aussi humainement. Ce qui me motive, c’est de faire qu’elle se sente partie d’un seul corps, soudée spirituellement.
Les réseaux sociaux apportent une nouvelle dimension
Comment se passe votre travail ?
Je n’ai pas de journée type. Ceux qui me connaissent bien savent que je suis un amateur de randonnée et de course à pied, activités que je pratique plusieurs fois par semaine. Depuis quelques temps, certaines journées commencent tôt car tous les jeudis de 5 à 6 heures je co anime un groupe de partage et de prière en ligne par WhatsApp qui comprend des connexions dans le monde entier. J’ai aussi pris l’habitude de faire des méditations quotidiennes partagées sur mon groupe Whatsapp et une chronique sur la French Radio le dimanche qui me force à écrire encore plus qu'avant. Ces nouvelles activités sont apparues avec le Covid en plus des messes, cérémonies et rencontres de personnes qui ont besoin de moi, et de la poésie que je pratique depuis bien longtemps.
La religion a aidé à supporter le Covid
Précisément comment avez-vous géré la période du Covid ?
Au début nous ne savions pas trop comment résoudre cette difficulté mais très vite, des célébrations de la Parole de Dieu puis messes par Zoom ont eu lieu et l’activité via les réseaux sociaux s'est accélérée. Au final, aujourd’hui, les relations entre les membres de la communauté sont renforcées par ces apports. Beaucoup de personnes m’ont expliqué avoir trouvé dans la quarantaine une occasion de méditer et ont bénéficié d’un soutien moral important, venu de membres de la communauté. Aujourd’hui, c’est avec un plaisir décuplé que tous assistent aux offices en présentiel.
Etre chrétien, c’est agir
Hong Kong a connu des bouleversements. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?
Si la nature de l’Église est de proposer en plus de l’action terrestre une dimension spirituelle avec la prière, il ne faut pas oublier le cœur même de la parole et de la vie du Christ qui est de se battre pour la justice et la paix. Dans les situations critiques du monde, comme au Moyen Orient, le pape François montre la voie en s'y rendant, comme prochainement au Liban, où la situation est dramatique à tous points de vue. Les représentants de l’Eglise, et moi qui ai connu le soulèvement de la Pologne avec Solidarność, ne peuvent rester indifférents à ce qui se passe à Hong Kong. Dans les difficultés quelles qu’elles soient, personnelles ou collectives, nous sommes aux côtés de ceux qui souffrent et se battent pour la justice, car mener une vie chrétienne, c’est agir. C'est ainsi que l'on devient des citoyens du ciel.
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