Le Lycée Français International (LFI) de Hong Kong vient de démarrer une nouvelle année, marquée par une transition au niveau de sa direction. En provenance de Los Angeles et originaire d'Australie, Michael Maniska en a pris la responsabilité dans le cadre d'un an d'intérim pour l'année 2024-2025. Nous avons été reçus au LFI, il y a quelques jours, afin de rencontrer Michael Maniska. Celui-ci s'est confié sur son parcours et ses premières impressions et nous a fait part de ses ambitions pour cette année d'intérim.
Le LFI est mon troisième établissement AEFE
Michael Maniska, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis chef d'établissement par intérim pour l’année scolaire 2024 - 2025. C’est un plaisir d’être arrivé à Hong Kong et de mieux connaître le Lycée Français International (LFI), formidable sur de nombreux plans. C'est le 3ème établissement du réseau de l'AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger) que j'ai l’honneur de chapeauter. J’entame ma 19ème année comme chef d’établissement, dont 15 au sein d'écoles françaises à l’étranger.
Quel est votre parcours ?
Je suis australien. J’ai commencé à apprendre le français à l'âge de 12 ans dans une école à Sydney. J’ai tellement aimé que j’ai poursuivi mes études avant de démarrer une carrière d’enseignant en Australie pendant 15 ans. Et j’ai eu énormément de plaisir à le faire.
Un beau jour à ma grande surprise j’ai été contacté par le Lycée franco-australien de Canberra qui était à la recherche d'un chef établissement. J'avais à peine 39 ans à l'époque. C'est un établissement qui fait partie du réseau de l’AEFE, tout en étant un lycée binational. Il s’agit donc d’un outil diplomatique pour les relations franco-australiennes. Comme quoi on ne sait jamais trop ce que le destin nous réserve !
À cheval entre deux langues et deux cultures
A quel moment avez-vous su que vous vouliez travailler dans l'enseignement ?
Je suis fils d'immigrés. Mes parents étaient grecs. Ils se sont installés en Australie pendant les années 1960, durant la deuxième vague après celle des Britanniques. J'ai grandi dans un foyer où on parlait grec, tout en étant scolarisé dans un système éducatif anglophone.
Tous les jours, j’étais à cheval entre deux langues et deux cultures. Cela m'a sans doute amené à me passionner pour le milieu interculturel et plurilinguistique. Je suis convaincu que tout élève devrait apprendre une langue étrangère, non seulement pour les avantages académiques mais aussi sur le plan socio affectif.
Vous êtes arrivé à Hong Kong le 5 août. Quelles sont vos ambitions pour cette année ?
C'est un projet un peu particulier qui m'a été confié. Cet intérim d’un an est une nouvelle mission pour moi. Plusieurs facteurs sont entrés en ligne de compte et m’ont beaucoup inspiré. Je connais très bien Emmanuel Bonin. Nous avons travaillé ensemble à Los Angeles. Nous avons beaucoup échangé sur les missions spécifiques à réaliser dès cette année, au-delà de l’intérim en tant que tel. Cela a renforcé mon intérêt pour ce poste.
Faire le pont entre deux chefs d’établissement
Et puis je connais bien également Bertrand Ferret qui va arriver en tant que chef d’établissement à la rentrée prochaine. Faire « le pont » entre deux chefs établissement, que connais bien et pour qui j'ai beaucoup d'estime : c'était déjà en soi une mission intéressante !
Quelle place voulez-vous occuper au sein des communautés française et internationale de Hong Kong ?
Désormais, l'AEFE compte à l'échelle mondiale environ 580 établissements, dans la continuité de la politique de la France visant au doublement des effectifs en 2030. La question de l'identité de nos établissements me passionne. Est-ce que ce sont des écoles françaises implantées à l'étranger ou bien des écoles internationales à programmes français ? La réponse n’est pas claire. En fait, selon moi, c'est la nature hybride de ces établissements qui en fait la richesse !
Le LFI a traversé une période d'évolution
Le LFI de Hong Kong a traversé une période d'évolution. Le « déconventionnement » dans un premier temps : un changement de statut impliquant un certain nombre de choses pour l’identité de l'école. Une nouvelle population qui arrive : des hongkongais qui souhaitent un enseignement multiculturel et plurilingue. C'est une phase intéressante. Ayant un profil de chef d’établissement international, ce sera aussi un autre regard, entre deux chefs d’établissement issus du système éducatif français.
Quelle expérience apportez-vous au LFI de Hong Kong ?
Hormis les 15 ans passés au sein des établissements français à l’étranger, j’ai une formation de linguiste qui compte beaucoup au quotidien. Ce matin même, j’ai échangé avec des collègues de la filière internationale afin d’aborder de nouvelles problématiques auxquelles ils doivent faire face, notamment en lien avec l’arrivée des élèves dont la langue maternelle est le chinois. Ce que cela implique pour l’enseignement de la langue française, faisant partie des mœurs de l'établissement, ainsi que pour l’enseignement délivré en anglais. Toutes ces questions me passionnent.
Sur la totalité des 400.000 élèves scolarisés au sein de l’AEFE à l’échelle mondiale, désormais les deux tiers sont des locaux, ou de nationalités tierces. Parfois c'est un fait qu’on oublie, alors qu’on ne doit pas perdre de vue qu’un établissement doit, avant tout, répondre aux besoins de ses élèves. A la fois en respectant les textes de l’Education nationale, tout en prenant en compte les spécificités du contexte local.
Ici, à Hong Kong, vous avez deux langues locales. Pour certains il s’agit de la langue chinoise, notamment le cantonais. Cela a évolué depuis la présence de la Chine à Hong Kong. Et puis la langue anglaise qui, elle, remonte à la présence des Britanniques.
Le français est l'ADN du LFI
J'aime beaucoup l'idée de garder l’ADN, la colonne vertébrale du système français, tout en ajoutant autour un contexte local. C'est la force de nos établissements. Je n’aime pas trop les discours binaires à ce sujet. C'est une offre éducative exceptionnelle.
Quelles sont les spécificités de la rentrée scolaire 2024 - 2025 ?
Je vais peut-être vous surprendre : c'est la première rentrée que nous menons sans directive du Gouvernement concernant la pandémie. Nombreux, parmi les équipes du LFI de Hong Kong, me disent que cette année la rentrée s’est effectuée en douceur, sans contraintes comme le port du masque. En fin de compte on sort du tunnel !
Un autre aspect intéressant : d’après nos données chiffrées on voit revenir la communauté française après une période de départs liés à la pandémie, et exprime le besoin de scolariser leurs enfants au sein d’une école française. Je pense que l’on a tourné la page, après quelques années assez compliquées pour Hong Kong.
La communauté autour du développement durable
Nous venons de lancer un premier audit concernant le développement durable, un axe du projet stratégique qui a vu le jour l’an dernier. Nous allons auditer nos pratiques, tout au long de l'année. Docteur Martial Jaume, qui fait partie de notre établissement, sera notre référent et le lien avec la société Metanoia, experte de ces sujets. Nous verrons ensemble quelles sont les prochaines étapes en termes de développement durable, sur la base d’un rapport complet. C'est une année importante sur le plan pédagogique pour l'établissement et toute la communauté du LFI de Hong Kong. Force est de constater que ce genre de questionnement sera primordial dans le monde que nos élèves vont connaître !
Il y a déjà eu des projets à T. K.O, par exemple, où un jardin a été subventionné par la communauté. Le compte rendu de l’audit intègrera des préconisations que l'école pourra mettre en place par la suite et ce que l’on peut encore améliorer. Metanoia a lancé un label, The Alliance for Sustainable Schools, dont font déjà partie certaines écoles à Hong Kong, et au-delà, en Asie et en Australie notamment. Cela permettra de continuer à fédérer les filières internationale et française du LFI de Hong Kong à travers diverses initiatives.
Des résultats fabuleux au baccalauréat
Des évènements prévus cette année ?
J'en profite pour vous parler de la création récente de FISCA, une nouvelle entité créée en complément de l'association des parents d’élèves. Sa mission est de fédérer davantage encore notre communauté scolaire, en proposant, notamment, une kermesse au printemps 2025. Après les années longues et éprouvantes du Covid, notre souhait collectif est de faire vivre plus encore notre établissement. Notre communauté accueille désormais au moins 50 nationalités. C'est le moment de rayonner un peu !
Un dernier mot à partager avec nos lecteurs ?
Je crois sincèrement au projet de l'école. L’an dernier les bacheliers ont reçus de très nombreuses mentions et félicitations du jury. Malgré tous les défis éventuels que l’on peut vivre dans un établissement, c’est quand même assez parlant de voir que la réussite scolaire est bien présente. Un grand merci aux enseignants et bravo aux élèves !