Nous sommes nombreux, Français de l’étranger, à avoir appris la détresse de nos amis et familles confinés dans le cadre d’une situation sanitaire parmi les pires du monde (5ème nombre de victimes après les US, la Grande Bretagne, l’Italie et l’Espagne). Les initiatives individuelles ou collectives pour envoyer masques et produits désinfectant ne se comptent plus et avec elles des déconvenues administratives ou logistiques.
Une taxe perçue comme indigne
L’une des premières surprises remontée par les réseaux sociaux est le fait que nos proches, déjà dépourvus de moyens de protection suite à la pénurie désormais avouée de masques et de tenues de protections pour les médecins et personnels soignants, se voient obligés de payer aux services de douanes, une taxe à l'importation sur les colis qu’ils reçoivent. Ainsi, les montants acquittés à partir de Hong Kong varient-ils selon la valeur déclarée de 27 à 118 Euros pour un colis de masques d'une valeur de 275 Euros, selon la valeur déclarée. Le ressenti est que "l’état fait payer l’addition de la crise sanitaire aux donateurs bénévoles qui pallient l'absence de service public, un comble!", indique Pierre, résident français dont l’un des parents lui a fait parvenir des masques après qu'il ait contracté le virus. "Est-ce bien acceptable durant l'état d'urgence sanitaire?", demande encore Mathieu, résident français de Hong Kong sur un groupe Facebook. "Quand on n'a pas d'argent pour donner des masques, on en prend là où on peut." renchérit Bertrand, un autre internaute.
Vols, retard et détournements
Par ailleurs, les rapports de colis vidés de leur contenu commencent à émerger. Ainsi May, bloggueuse française pour un journal de Bangkok publiait-elle la photo envoyée par l’un de ses proches d’un paquet ouvert censé contenir des masques lavables pour une personne vulnérable et finalement vide avec le commentaire "j’ai honte". De même, les envois « perdus » ou retardés sont nombreux, les services express livrant parfois au bout de deux semaines ce qui est supposé arriver en quelques jours. Par exemple Clémentine de Hong Kong déclarait-elle que sur 8 envois via Chronopost, 3 avaient été égarés et 2 finalement retrouvés après 6 semaines de retard et de nombreuses réclamations. Patricia, autre Française de Hong Kong, faisait le même constat: "sur 6 envois, seuls deux sont arrivés après 10 jours. 1 colis perdu, 3 bloqués au centre de tri sans que l’on ait d’assurance sur la date d’expédition."
Enfin, comment ne pas être alerté par les informations de détournements de lots sur les tarmacs d’aéroports chinois intervenus au mois d’avril, les envois de plusieurs millions de masques finalement vendus au plus offrant, laissant les commanditaires initiaux dépourvus. Cette révélation du président de la région PACA Renaud Muselier laissait en effet sans voix, rapidement suivie par des déclarations similaires des autorités allemandes et canadiennes.
La position officielle
Face aux retards désormais avérés et reconnus dans la protection de sa population par l’état français, la promesse du Premier Ministre Edouard Philippe de délivrer des masques en pharmacie et en grande surface à des prix contrôlés pour la période du déconfinement prévue le 11 mai semble désormais entretenir l’espoir. Des voix s’élèvent pourtant déjà pour signaler des manques de certains établissements de soins ou régions moins bien dotées que d’autres, réclamant la réquisition de stocks de grandes surfaces. D’autres craignent, et on peut le comprendre, le déclenchement d’achats paniques, après une si longue période sans moyen de protection et réclament la mobilisation des forces de police pour faire respecter des limitations d’achats par personne, peur du gendarme oblige. En attendant, chacun se débrouille avec les moyens du bord, ce qui semble être un sport national.
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