Le meilleur film d’action de l’été sort en France sur un Hong Kong méconnu

Un film de kungfu très réussi

Avec des cascades et des combats spectaculaires, City of Darkness reprend les codes des meilleurs films du genre des grandes années du cinéma hongkongais. Adaptation d’un célèbre manhua (équivalent chinois du manga) de Yi Yu, le scénario suit un immigré clandestin qui trouve refuge dans la Citadelle de Kowloon. Il va alors devoir faire des petits boulots pour survivre et va devenir ami avec trois hommes de main du parrain local faisant régner la paix sur les lieux. Mais d’autres criminels aimeraient bien s’infiltrer dans celui-ci afin de se faire de l’argent. Les scènes d’actions se déroulent dans les couloirs étroits de la ville verticale, à coup de barre des fer, couteaux de boucher et autres joyeusetés métalliques plus ou moins rouillées, avec chutes entre les balcons et poursuites en moto dans les escaliers. Le tout au milieu du petit peuple des immigrés clandestins qui vit dans la cité hors la loi.

La ville verticale de Hong Kong

En fait la véritable vedette du film est la ville murée de Kowloon, cité appartenant toujours à l’Empire chinois au moment de la signature du bail de 100 ans sur la presqu’ile de Kowloon et donc jamais officiellement contrôlée par les Britanniques. De fait, Joseph Kessel parlait déjà dans son recueil « Hong Kong et Macao » écrit dans les années 1950 de cette enclave devenue la terre promise des migrants venus de Chine populaire sans papier ni diplôme permettant d’exercer leur métier à Hong Kong. Ce havre permettant à de nombreuses familles précarisées de gagner leur vie est rapidement devenu la base arrière de toute la ville, pour la confection de plats préparés, de vêtements ou d'objets utilitaires ainsi que royaume des dentistes et docteurs bon marché. Sur le volet obscur, le trafic de drogue et la prostitution contrôlés par les triades hongkongaises ont aussi marqué le quotidien de cet îlot hétéroclite. Pour en savoir plus sur la cité murée de Hong Kong, relisez notre article intitulé La cité des ténèbres de Hong Kong.

Une pléiade de bons acteurs

Le réalisateur du film Soi Cheang n’a pas lésiné sur les acteurs pour donner tout son relief à cette saga chinoise. Le premier d’entre eux, Louis Koo est particulièrement impressionnant dans le rôle de l’immigrant à la recherché de sa place dans la société. Chung-Chi Cheung, en chef du cartel est admirable, tout comme Chun-Him Lau, Philip Ng et Tony Tsz-Tung Wu, les amis du personnage principal. Quant au légendaire Sammo Hung, icone du cinéma d’action de la meilleure époque, on a beaucoup de plaisir à le retrouver à nouveau en parrain hostile. Enfin, Raymond Lam crève littéralement l’écran en antagoniste principal sans pitié. C’est donc un régal de suivre ce scénario particulièrement crédible, au sein d’un reconstitution très fidèle et qui n’oublie pas d’évoquer le volet social positif, issu des témoignages des nombreux Hongkongais qui ont habité Kowloon Walled City.

Retrouver aujourd'hui l’ambiance de la ville murée

Si le sujet du film vous intéresse, nous ne saurions plus recommander de vous fournir l’admirable recueil de photos et de témoignages City of Darkness des auteurs Greg Girard et Ian Lambot qui constitue une bible de portraits et tranches de vie, réalisée avant la destruction de l’ilot vertical en 1994.

Si vous voyagez en Chine continentale, l’ambiance si particulière de cette ville de transition peut être retrouvée à Changsha dans la tentative très réussie de recréer le vieux Changsha, autre village vertical, par le groupe Wenheyou qui a aussi signé la réplique de Kowloon Walled City à Shenzhen sans malheureusement connaitre le même succès du fait du Covid.

Enfin, en vous rendant sur place à Hong Kong, le jardin qui a remplacé Kowloon Walled City présente une maquette et des photos de la cité murée.