Alors que les frontières de Hong Kong s'ouvrent petit à petit avec le monde, Macao, et maintenant la Chine, nous avons pu tester le passage vers Shenzhen avec la connection ferroviaire du train rapide.
Réglementation et réservation du train rapide
Sur ce volet, ce n’est pas un scoop de dire qu’on n’est pas encore dans la fluidité pré-Covid. Pour aller en Chine, l’obtention d’un visa reste très compliquée pour les non-détenteurs de passeport chinois ou hongkongais. Il va falloir patienter encore un peu, sauf si vous avez des raisons professionnelles ou de réunion familiale, pour passer la frontière. Pour les autres, il suffit dorénavant faire un test PCR (la routine) et réserver un créneau pour pouvoir se rendre en Chine. Les quotas ne cessent d’augmenter depuis les annonces de début d’année.
Au retour depuis la Chine, même chose, test PCR et créneau sont obligatoires. C’est en fait plus strict que dans l’ancien système Return2HK, puisqu’aucun test PCR n’était demandé. Depuis, la Covid a déferlé en Chine et le gouvernement hongkongais a obtenu la réciprocité. En pratique, c’est plus compliqué qu’il n’y paraît car les centres de tests PCR ont tous été démantelés. Ceci est en place dès lors que vous passez plus de 48 heures en Chine.
Côté réservation de train, plusieurs changements sont en place. Tout d’abord, le train lent depuis Hung Hom a totalement disparu. C’est dorénavant le train rapide qu’il faudra réserver. Nous ne couvrons pas ici les autres types de transport vers et depuis la Chine. Le train rapide dessert plusieurs gares jusqu’à Canton (Guangzhou). Par le passé, ce train permettait de rejoindre Pékin dans la journée.
Les réservations peuvent se faire au guichet (grosses queues rapportées dans les media hongkongais). Elles pouvaient aussi jusqu’à présent se faire sur des sites hongkongais et chinois, au choix. Le site hongkongais n’est plus actif (aucune annonce n’a été faite à ce sujet et de nombreux utilisateurs ont attendu en vain le déblocage des ventes de billet semaine dernière). C’est donc dorénavant sur le site 12306.cn (ou app mobile China Train Ticket 12306) qu’il faut acheter vos billets. Première différence, comme ailleurs en Chine, il faudra créer un compte et donner vos informations d’identité (nom, passeport et téléphone). C’est nouveau pour les Hongkongais. Les cartes d’identité chinoise ou le laisser-passer hongkongais (回乡证 huixiangzheng) sont acceptés pour la réservation. Cela pose problème aux détenteurs de passeports étrangers, puisqu’il faut d’abord créer un compte. Le site dispose d’une version en anglais qu’il va falloir apprendre à naviguer. Côté paiement, les modes de paiement privilégiés sont chinois (Alipay, WeChatPay…). Les cartes de crédit semblent possibles à utiliser. Pour plus de sécurité, un passage au guichet est peut-être la meilleure solution.
Attention, il n’y a plus de ticket papier. Sur l’app, aucun problème puisque les informations de numéro de train et siège sont enregistrées. Au guichet en revanch, au lancement, certains étaient déconcertés de ne pas avoir même un reçu avec leurs horaires. Il semble que depuis un reçu comporte ces informations. Ce reçu ne doit pas être confondu avec un ticket. L’information concernant le ticket est en fait attachée a votre document d’identité, c’est ce document que vous pourrez scanner.
Les quotas sont répartis de manière égale sur tous les trains ouverts à la circulation, ce qui crée des manques pour les trains aux heures de pointe et des wagons entiers…vides. C’était le cas ce lundi 16 janvier matin depuis West Kowloon. Depuis, avec l’approche des jours fériés, tous les trains vers Shenzhen se sont remplis.
Le nombre de trains est restreint. Hormis les limitations liées au quota en place, il semble que le manque de personnel pour opérer les trains soit aussi en jeu. MTR, qui opère cette ligne comme toutes les lignes ferroviaires à Hong Kong, souffre en effet d’un manque crucial de personnel.
Passage de frontière et validation des tickets
Le passage de la frontière chinoise se passe à Hong Kong. Celle-ci est matérialisée par une ligne blanche. Cela avait fait objet de débats à l’ouverture de la ligne. Pour rejoindre la Chine dans le contexte actuel, c’est sans doute le meilleur moyen d’éviter les queues. En effet, la gare de West Kowloon était vide ce lundi, et le passage totalement automatisé était très fluide.
Les tickets sont aussi validés de manière automatique. La presse locale s’était émue du fait que le site de réservation avait eu quelques ratés. Certains n’avaient en effet pas reçu de confirmation de leur réservation et surtout de leur siège ni même du wagon pour leur voyage. Des doubles réservations semblent aussi avoir eu lieu. Cela a créé quelques difficultés, mais rien de tout cela lundi.
En quinze minutes, dans un train hyper confortable, on rejoint Shenzhen. Si la gare de West Kowloon peut sembler immense aux standards hongkongais, avec beaucoup de perte d’un espace pourtant si cher, l’arrivée à la gare de Futian est un choc. C’est juste immense, et vide. La Chine a vu grand, comme souvent. Il faut valider son titre d'identité à la sortie, aussi.
Shenzhen, trois ans après
Shenzhen est déjà passé en mode Nouvel an chinois et les rues sont désertes, les stations de taxi, délaissées. La plupart des habitants de Shenzhen ne sont en effet pas d’ici et, après avoir été privés de Nouvel an chinois en famille depuis 2 voire 3 ans, ils veulent bien en profiter. Ils ont donc déjà décampé, à part quelques acharnés de travail.
On ne voit nulle part de guérite de tests, d’agents en blanc armés de kits de prélèvements ou de barrières limitant les déplacements. Zéro Covid, c’est bien fini.
Shenzhen étant une ville jeune et active, la déferlante Covid de ces dernières semaines n’a pas eu d’impact aussi fort que dans d’autres régions à la démographie plus diversifiée. En clair, au doigt mouillé car les données sont un sujet sensible en Chine, il y a sans doute eu peu de mort à Shenzhen. La ville fonctionne au ralenti mais, alors que dans d’autres villes ou campagnes on voit du rouge (symbole du Nouvel an chinois) et du blanc (symbole du deuil), ici c’est le rouge qui l’emporte.
On se réjouit de pouvoir retrouver l’accès à la Chine, au compte-goutte et avec pas mal de contraintes encore, et on attend un prochain voyage dans une région plus reculée pour juger de la vitesse à laquelle la population va rebondir après 3 ans très particuliers.