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Fin du zéro covid : les étudiants chinois peuvent enfin rentrer chez eux

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Les étudiants chinois à l'étranger pourront rentrer chez eux sans risque de quarantaines, de test et de confinements. Un soulagement. Photos personnelles.
Écrit par Mathis Nicod
Publié le 4 janvier 2023, mis à jour le 5 janvier 2023

De nombreux étudiants chinois à Hong Kong n'ont pas revu leur famille depuis deux ans. L'ouverture de la frontière ce 8 janvier va leur permettre de retrouver enfin leurs proches. Nous sommes allés à la rencontre de Sophia, David, Carina et Weixi, étudiants à Hong Kong et à Paris, pour recueillir leurs témoignages.

"Si proches et en même temps si éloignés" : Sophia n'a pas vu sa famille depuis août 2021

Depuis le Kowloon Peak à Hong Kong, Sophia*, 23 ans, aperçoit les grattes ciels de Shenzhen, sa ville. « Pourquoi sommes-nous si proches et en même temps si éloignés les uns des autres ? » demande l’étudiante d’HKU à ses amis restés dans la ville chinoise, à quelques 30 kilomètres. Sophia n’est pas rentrée depuis août 2021. Elle a terminé une licence à l’université de Syracuse dans l’état de New York et a débuté un master en journalisme à la Hong Kong University, sans revoir sa mère. A l’heure de la réouverture décidé par Pékin pour le 8 janvier, l’espoir renaît « je prévois de rentrer depuis que tout le monde dit que la frontière réouvre le 8 ». Comme elle, de nombreux chinois étudiants à l’étranger sont restés longtemps bloqués en dehors de leur pays natal et aperçoivent la fin du tunnel. 

* : Les noms cités à consonance anglophone sont courants chez les Chinois résidents à l’étranger et à Hong Kong,. Les visages ont été floutées à leur demande.

 

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Sophia lors de sa remise de diplôme à l'université de Syracuse en juillet 2022. Photo personnelle. 

Une longue période de fermeture de frontière, difficile pour les étudiants chinois de Hong Kong

Hong Kong est un lieu privilégié pour de nombreux étudiants chinois, venus chercher des opportunités professionnelles dans un cadre international. Selon les chiffre de l'immigration, plus de 50 000 visas étudiant ont été attribués à des citoyens chinois entre Janvier et Août 2022.

La ville était pleinement connectée au mainland avant la pandémie. La High Speed Rail Line permettais de rejoindre différents districts des mégalopoles de Shenzhen, Dongguan et Canton en moins d’une heure. Les trains pour Pékin étaient fréquents. 
Pourtant, depuis janvier 2020, la frontière entre Hong Kong et la Chine s’est refermée. Aller en Chine, comme depuis les autres pays étrangers relève d’une odyssée, même pour les citoyens chinois. La logique : empêcher coûte que coûte le virus de s’implanter. 

La mère de David a mis 14 jours à rentrer en Chine après sa visite 

En 2020 et 2021, c’est le passage en Chine plus que la situation intérieure qui est contraignant. « A ce moment-là [à Shenzhen], tous les restaurants, bars et centres commerciaux étaient ouverts, et les citoyens pouvaient voyager à l’intérieur » explique Sophia. Mais personne n’avait envie d’affronter la procédure d’entrée, si ce n’est pour un séjour long terme. La mère de David, étudiant en ingénierie mécanique à Hong Kong, rend visite à son fils en août 2022. Elle mettra 14 jours à rentrer chez elle à Guangzhou (Canton), à 170 kilomètres. Le quota de passage quotidien était alors fixé à 2000, pour une liste d’attente de 20 000. Il fallait attendre 10 jours pour avoir accès au ticket de la navette Hong Kong – Macao – Zuhai, étant donné que les TGV étaient suspendus. Une fois en Chine, elle a dû passer 7 jours en quarantaine avant de reprendre la vie quotidienne.

 

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Les pont Hong Kong - Zuhai - Macao est un des liens entre la ville et la Chine, soumis à des quotas qui doivent prendre fin le 8 janvier 2023. YouTube, B1M

 

Depuis Omicron en 2022, la situation intérieure décourage les Chinois de rentrer

Carina est partie de la province de Zhejiang pour Macao fin 2020, sans savoir quand elle pourrait rentrer. En août 2022, elle débute un master à Hong Kong, alors que la Chine est dans la phase la plus difficile du zéro Covid. « [Mes parents] ne voulaient pas me voir rentrer à la maison et passer par la torture de la quarantaine et des innombrables test PCR […] mais en réalité, je sais que je leur manquais, ils me manquaient aussi, et la décision était difficile ». 
Très peu de chinois étudiant à l’étranger n’avaient envie de rentrer au pays des test PCR quotidiens et des confinements longs, comme celui de Shanghai, marquant les esprits de tous les Chinois. Rentrer, c’était prendre le risque d’être confiné du jour au lendemain, de rater la reprise des cours ou des examens, en plus de rester 24 heures sur 24 chez soi. 

Weixi a étudié un an en 2021 à l’université de Shanghai, à 180 kilomètres de Hangzhou où habitent ses parents. Avant la vague Omicron et le confinement sévère, elle part pour Paris et débute une licence en sociologie à la Sorbonne. Entre la distance et la situation en Chine, « je ne voulais pas perdre mon temps en quarantaine à l’arrivée en Chine, je n’ai pas de longue période de vacances dans tous les cas » explique-t-elle. 

 

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"Je n’arrive pas à croire que l’on peut atterrir, prendre un taxi et revenir à la maison en quelques heures" selon Carina, ici dans son université à Macao en 2021.
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Weixi, à droite, étudiante à Paris depuis début 2022. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Désormais, les étudiants chinois peuvent revoir famille et amis

Sophia est sceptique et évite les faux espoirs « j'attends l'annonce officielle du gouvernement et les procédures détaillées requises pour rentrer, car nous ne sommes pas encore sûrs à ce propos ». Elle espère tout de même : « si la frontière réouvre pleinement, je pourrais rentrer à n’importe quel moment, car c’est très facile d’aller à Shenzhen [...] Pour ma famille c’est aussi facile de venir, car ils sont résidents hongkongais ».
Jusqu’au 8 janvier, la procédure reste difficile : test PCR, quota pour le bus du pont Hong Kong Zhuhai Macao ou quarantaine à Shenzhen avec un système de tirage au sort renouvelé chaque jour. « J’ai été chanceux, j’ai réservé un hôtel de quarantaine à Shenzhen à mon deuxième essai » explique David, rentré fin décembre dans sa famille à Guangzhou. Le 8 janvier, il sera possible d’aller en Chine sans quarantaine et sans quota. Pour les étrangers, les visas travail, voyage d’affaire, visite de proches et étude seront lentement réouverts. Les visas tourisme restent fermés.

« Je n’arrive pas à croire que l’on puisse atterrir, prendre un taxi et revenir à la maison en quelques heures » conclut Carina après deux ans passés à Macao et à Hong Kong sans rentrer. « Mais c’est la vie que nous devrions avoir, non ? »

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