Le discours de politique générale du Chief Executive de Hong Kong se tient tous les ans en octobre, à la tribune du Conseil Legislatif à Admiralty. C’est une première très attendue pour John Lee, en poste depuis Juillet 2022. Voici ce qu’il faut retenir des 2h45 de ce discours.
Un contexte économique difficile à Hong Kong
Tout juste sorti d'une période de 2 ans et demi sans ouverture sur le monde, Hong Kong lutte pour retrouver son attractivité. Sur la seule année 2022, la population à chuté de 1,6% et le nombre de personnes actives a baissé de 140.000 personnes depuis 2020.
La contribution de la Chine au tourisme et au commerce n’est, elle non plus, pas au rendez-vous du fait de la fermeture du pays au nom de la politique zéro covid.
Même s'il a évoqué les nombreux atouts de Hong Kong, John Lee a reconnu que les restrictions sanitaires toujours en place, l'augmentation des taux d'intérêt et les "tensions géopolitiques" affecteraient la reprise de la croissance économique.
Rendre à Hong Kong son attractivité
Dans ce contexte, John Lee a annoncé la création du Office for Attracting Strategic Entreprises (OASES), dédié à l’attractivité et dirigé par le Secrétariat aux Finances.
Son but est de faciliter l’installation et le recrutement pour les entreprises chinoises et étrangères à Hong Kong.
Le Talent Services Unit aura pour mission de conseiller les entreprises pour leur recrutement, un investissement de 30 milliards de dollars étant prévu pour accueillir des entreprises des secteurs stratégiques : technologies de la santé, intelligence artificielle et gestion des données, Fintechs et énergies nouvelles.
Nous devons être plus proactifs et agressifs pour favoriser la compétitivité des entreprises et attirer les talents
Attirer les talents à Hong Kong
Un nouveau visa : le “Top Talent Pass Scheme” est destiné aux jeunes actifs issus des 100 meilleures universités du monde avec moins de 3 ans de travail dans les 5 dernières années. Il leur permettra de rester deux ans à Hong Kong, sans avoir trouvé un travail avant leur demande. Les personnes dont le salaire annuel s'est élevé à plus de HK$2.5 million (323 000€) l'année précédente sont aussi concernés. Aucun quota d'entrée annuel ne limitera ce dispositif. Ces talents pourront être aidés par le Talent Services Unit pour leur recherche d'emploi. De plus, le Quality Migrant Admission Scheme (QMAS) ne sera plus soumis à un quota pour une période de deux ans. Pour rappel, le visa vacance-travail permet de rester un an à Hong Kong, en travaillant 6 mois maximum pour le même employeur. 750 visas vacance-travail sont octroyés chaque année. Pour les entreprises dans le secteur des technologies, le Technology Talent Admission Scheme (TechTAS), exonère désormais de recruter du personnel local en même temps que celui venu de l'étranger.
Afin de garder les talents à Hong Kong de nouvelles règles concernent les visas et la fiscalité. Ainsi pour les étudiants qui ne sont pas diplômés à Hong Kong, il sera désormais possible de rester deux ans dans la ville au lieu d'un an actuellement dans le cadre des "Immigration Arrangements for Non-local Graduates (IANG)". A partir d’aujourd’hui, les personnes éligibles, à savoir entrées à Hong Kong sous les régimes des GEP, ASMTP, QMAS, IANG, TechTAS, Admission Scheme for the Second Generation of Chinese Hong Kong Permanent Residents et le nouveau Top Talent Pass Scheme, pourront, si elles achètent un bien immobilier en devenant résident permanent 7 ans plus tard, demander le remboursement de la « Buyer's Stamp Duty » et la "New Residential Stamp Duty", les deux taxes foncières liées à l’achat immobilier.
Grands projets d'infrastructures
John Lee a également annoncé la poursuite des projets renforçant la connectivité avec la Chine. Les projets existants liés à la "Greater Bay Area" (GBA), la "Belt and Road Initiative", la "Northern Metropolis" et les "Kau Yi Chau Artificial Islands" sont confirmés et se traduisent par des travaux sur les infrastructures entre Hong Kong et la Chine (Northern Metropolis Highway, Hong Kong-Shenzhen Western Rail Link,...)
Habitat et logements sociaux
C'est l'un des aspects sur lesquels à la fois la population de Hong Kong et Pékin souhaitent des avancées, afin de combler les écarts entre les plus démunis et les nantis du territoire. Un programme de 30.000 nouveaux appartements dits "légers" est engagé sou sun horizon de 5 ans par John Lee, ce qui représente une augmentation de 50% de logements sociaux en plus par rapport à la situation actuelle. Les appartements ne devront pas être inférieurs à 26 m2. En attendant la réalisation de ce programme, les personnes en liste d'attente depuis 3 ans ou plus seront traitées en priorité pour obtenir ces bâtis sur des terrains du gouvernement ou des zones privées non utilisées actuellement. Parallèlement 72.000 nouveaux logements résidentiels devraient voir le jour, donnant un signal fort à la spéculation immobilière à l'origine des loyers élevés.
Santé publique à Hong Kong
Sur le plan des infrastructures de santé, les possibilités d'admissions doivent passer de 600.000 à 800.000 par an, en proposant à la fois de la médecine occidentale et asiatique. Le temps d'attente pour un rendez-vous avec un spécialiste doit baisser de 20%, dans le cadre d'un plan hospitalier inédit sur 10 ans prévoyant 4.600 lits de plus qu'à l'heure actuelle. Un attention particulière sera donnée aux personnes âgées dont l'allocation santé annuelle sera portée de 2000 HKD à 4000 HKD.
Sécurité Nationale et réforme du gouvernement
John Lee a réaffirmé le principe "un pays, deux systèmes" comme "la meilleure garantie institutionnelle pour la prospérité et la stabilité à long terme de Hong Kong"
La stabilité garantie par la Basic Law et la Constitution de la République Populaire de Chine passe par la gouvernance de Hong Kong par des "patriotes" et le respect du principe de sécurité nationale.
Dans ce cadre, des travaux préparatoires à l'adoption d'une législation visant à mettre en œuvre l'article 23 de la Loi fondamentale sont lancés : légiférer les activités de crowdfounding en ligne, renforcer la cybersécurité des infrastructures critiques, contrôler les fake news,... Il s'agit selon le Chief Executive d'éviter que "certaines forces extérieures" ne donnent une fausse image de Hong Kong.
Dans le même temps, le leader s'engage à mener une politique orientée sur les résultats, en mettant en place en particulier un système de notations des fonctionnaires par KPI (110 au total), géré par le Chief Executive Policy Unit (CEPU) et sensé garantir que l'administration hongkongaise reste "méritoire et exemplaire."