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Hong Kong devient le 47e territoire à interdire la vente de cigarettes électroniques

cigarette electroniquecigarette electronique
@Unsplash/CDC
Écrit par Vaiiti Raygadas
Publié le 2 mai 2022, mis à jour le 20 octobre 2023

Les ventes, fabrications et importations de e-cigarettes et de tout autres produits électroniques à tabac sont depuis le 30 avril 2022 interdites sur le sol hongkongais. La consommation personnelle, elle, reste autorisée mais, au même titre que la cigarette traditionnelle, est interdite dans les lieux publics.

La loi anti-cigarette électronique à Hong Kong

En octobre dernier le parlement a passé une loi interdisant l’importation, la publicité et la vente de cigarettes électroniques. Cette règle qui a pris effet samedi 30 avril est l’aboutissement d’un combat mené par les secteurs de la santé et de l'éducation qui dénonçaient sa consommation précoce et excessive par les plus jeunes depuis plusieurs années. Selon une étude locale menée par le Hong Kong Council, la proportion de fumeurs parmi les résidents âgés de plus de 15 ans est de 10,2%. Plus préoccupant encore serait l’augmentation colossale de consommateurs mineurs de cigarettes électroniques entre 2016 et 2018. Contrairement au bruit qu’une telle loi aurait causé en France, aucun débat majeur n’est né autour de cette privation conséquente de liberté, qui pourtant affecte une bonne partie de la population. 

Où peut-on fumer à Hong Kong ?

Selon la Smoking Ordinance à Hong Kong

  • Il est interdit d’utiliser les cigarettes électroniques dans les no-smoking areas. Les consommateurs sont toujours autorisés à fumer des appareils alternatifs à la cigarette traditionnelle. 
  • Il est interdit d’importer tout produit à tabac électronique par aucun moyen. Les autorités hongkongaises ont spécifié qu’il était autant interdit de recevoir par colis que de ramener dans ses affaires personnelles depuis d’autres pays cigarettes électroniques, liquides etc. 
  • Il est interdit de vendre et de distribuer de tout produit électronique avec une peine pouvant aller jusqu’à 50 000 HKD et 6 mois d’incarcération. Le gouvernement déclare avoir envoyé dans les semaines passées des inspecteurs chez plus de 230 distributeurs de cigarettes électroniques pour les rappeler de la mise en vigueur proche de la loi. Depuis samedi 30, ces inspecteurs vérifient que les distributeurs se sont pliés à la loi et même si à ce jour aucune violation n’a encore été répertoriée, le gouvernement a déclaré que des officiers en tenue civile s'assureront que la loi est respectée dans le long terme.

Qu'est ce qui est reproché à ces appareils électroniques à Hong Kong ? 

Il existe de nombreux débats autour de ces produits alternatifs à la cigarette traditionnelle. Une stratégie de marketing mise en avant il y a une dizaine d'années était de mettre en avant l’aide qu’ils apportent pour arrêter de fumer, mais jusqu’à aujourd’hui aucun consensus scientifique n’a été trouvé et de très nombreux cas montrent que ce n’est pas véridique pour tous. Par ailleurs, de nombreux rapports sortis durant la dernière décennie montrent que les substances (souvent des métaux lourds, nanoparticules, etc) de ces appareils sont non seulement addictives mais également dangereuses. D’autre part, certains experts avancent l’argument que l’effet sur la santé est moins grave que les cigarettes traditionnelles. Finalement, la diversité des cigarettes électroniques couplée au lobbying important de cette industrie grandissante empêche d’accéder à une vision nette convaincante.

Qu’en est-il dans le reste du monde pour la cigarette électronique ?

La consommation de produits électroniques comme alternative à la cigarette traditionnelle a augmenté de façon exponentielle dans le monde pendant cette dernière décennie. Dès 2014 l’Organisation Mondiale de la Santé (OMC) suggérait de réglementer la quantité de nicotine des produits, les publicités et bien évidemment la vente aux mineurs. En 2022, un peu moins d’une centaine de pays ont mis en place des règles qui encadrent l’industrie des cigarettes électroniques tandis que 47 territoires sont allés jusqu’à interdire la vente de tous types de cigarettes électroniques. Ces pays concernent les régions d’Amérique Latine, du Moyen Orient et d’Asie avec le Brésil, l’Argentine, Oman, Qatar, Indonésie, Singapour, Taïwan entre autres.

Le phénomène de mode des cigarettes électroniques est également important au sein de l'Union Européenne et plus particulièrement parmi les très jeunes. Les réglementations sont très strictes relativement avec le reste du monde et suivent la Tobacco Products Directive 2014/40/EU ("the EU's Directive") avec des restrictions de quantité d’ingrédients, de puissance d’émission, publicité quasiment interdite, sponsoring interdit et bien plus encore. Les membres de l’Union Européenne décident d’eux même de l’âge minimum ainsi que de l’autorisation de fumer en endroits publics. 

En France la tendance des cigarettes électroniques existe également avec une préoccupation particulière sur les “puff” qui sont des cigarettes électroniques jetables au goût de bonbons, avec ou sans nicotine et qui séduisent collégiens et lycéens (alors qu'elles sont interdites à la vente pour les mineurs). Depuis 2021, ce nouveau produit s’est installé dans la vie quotidienne des adolescents, avec des taux  de nicotine  entre 0,09% et 1,7%. Les préoccupations des autorités sont que via cette “puff” des enfants qui ne souhaitent pas devenir fumeur se retrouvent à s’intoxiquer petit à petit et se risquent à une dépendance -qui plus est excessivement précoce- à la nicotine. 

Les débats autour de l'interdiction de la cigarette électronique

Les débats les plus classiques font peser d’un côté le droit à la liberté de choix personnels, et de l’autre l’absence de réel choix en cas d’addiction, ainsi que la charge pour le système de santé. 

D’après les personnes interrogées et consommatrices de cigarettes électroniques à Hong Kong, les réponses varient beaucoup en fonction des habitudes d’utilisation de chacun. Certains déclarent avoir fait un stock important avant le début de l’interdiction de vente et souhaitent arrêter de fumer une fois cette quantité épuisée. Une grande partie dit se sentir forcé de se réorienter vers une consommation régulière de cigarettes traditionnelles. Pour ce qui est des social smokers (personne fumant en fête, en général lié à une consommation d'alcool), il semblerait que cette loi ne les affecte que très peu, et qu'un paquet de cigarette fait tout autant bien l’affaire pour une soirée qu’une vape jetable. La consommation restant légale, il semble que certains utilisateurs envisagent d’explorer le marché au black, mais cela dépendra du choix des fournisseurs de prendre les risques évoqués précédemment ainsi que de l’accessibilité à Hong Kong.

vaiiti raygadas
Publié le 2 mai 2022, mis à jour le 20 octobre 2023

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