Il sera désormais impossible de trouver WhatsApp, Thread, Signal ou encore Telegram sur l’App Store en Chine. Apple a accepté la demande du gouvernement chinois d’interdire ces applications, qui représenteraient un risque pour la sécurité du pays selon les autorités chinoises. Cette décision intervient alors que de l’autre côté du globe, le président américain Joe Biden a signé une loi obligeant le propriétaire chinois de TikTok, ByteDance, à vendre les activités américaines de l'application de médias sociaux sous peine d'interdiction de son utilisation. Analysons la situation.
Ce qui va changer en Chine et aux Etats Unis
Les tensions sino-américaines concernant l’utilisation de leurs réseaux sociaux mutuels ne sont pas nouvelles mais elles ont récemment franchi un cap décisif. Il convient de noter que la plupart de ces mesures étaient déjà en partie mises en œuvre. Premièrement, WhatsApp ne fonctionne plus en Chine depuis plus de 7 ans. Deuxièmement, aux États-Unis, plusieurs États avaient déjà entrepris des démarches pour interdire TikTok sur leur territoire. Craignant que ByteDance ou TikTok ne partagent des données sur les utilisateurs américains au gouvernement chinois, l’application avait été bannie sur les appareils gouvernementaux à New York. De plus, une cinquantaine d’universités avaient également décidé d’interdire l’utilisation de TikTok sur les téléphones connectés au Wi-Fi de l’université.
Suite à la signature de la loi menaçant l’interdiction totale dans tout le pays, la Chine avait répondu quelques jours plus tard en annonçant la suppression de WhatsApp sur tous les AppStore d’Apple. Cela n’a pas effrayé le gouvernement américain car quelques jours plus tard, le 24 avril, le président américain a bien signé cette interdiction qui entrera en vigueur au plus tôt le 19 janvier 2025. L’enjeu est donc que cette loi interdirait complètement les opérations liées à l’application dans le pays de ByteDance, lui donnant neuf mois pour vendre son entreprise, avec la possibilité d’un délai supplémentaire pouvant aller jusqu’à trois mois. L’entreprise chinoise a déclaré qu’elle n’avait pas l’intention de vendre le service de médias sociaux à la suite de cette nouvelle loi et qu’elle préférait être bannie. Avec cette interdiction, les Américains ne pourraient plus télécharger l'application, mais dans un premier temps, l'application elle-même continuerait à fonctionner pour ceux qui l'ont déjà installée.
WhatsApp, pas la première application interdite en Chine
Les applications telles que WhatsApp ou encore Threads (Concurrent de X) ne seront donc plus trouvables sur la version chinoise de l’App Store. Actuellement en Chine de nombreux sites tels que Google, Youtube, X, Instagram ou encore Facebook sont inaccessibles si vous ne disposez pas d’un VPN. Signal et Telegram sont également indisponibles.
Après l’annonce de la Chine sur sa décision de supprimer WhatsApp de l’AppStore, Apple a déclaré à ce sujet :
« Nous sommes tenus de respecter les lois des pays dans lesquels nous opérons, même si nous ne sommes pas d’accord".
Bien que ces applications étaient déjà bloquées par la Chine, la population chinoise pouvait contourner les interdictions via des VPN ou en utilisant une carte SIM étrangère, ce qui ne sera désormais plus possible. Dans les faits, WhatsApp était donc déjà bloqué en Chine depuis 2017, mais l’application était toujours disponible dans l’AppStore. Il était donc possible d’installer WhatsApp mais il était impossible de les faire fonctionner sans un VPN étranger. Maintenant, il sera donc tout simplement impossible de le trouver sur l’AppStore, même avec l’utilisation d’un VPN étranger. Notons que Facebook, Instagram, Messenger ou Youtube reste disponible en téléchargement.
Qu’utilisent les internautes chinois ?
Il est important de souligner que WhatsApp, Threads et Signal ne jouissent pas d'une grande popularité en Chine en tant que systèmes de messagerie. Actuellement, l'application chinoise de messagerie instantanée et de médias sociaux, WeChat est la plus répandue dans le pays. L’application est présente sur la quasi-totalité des téléphones dans le pays et est utilisée par la majorité des Chinois. Plus de 1,3 milliard d’utilisateurs sont d’ailleurs inscrits et 98,5% des utilisateurs de smartphones âgés de 50 à 80 ans utilisent cette application. L’application sert également à effectuer des paiements, prendre des rendez-vous à l’hôpital ou encore à payer ses factures.
Facebook et Google ne sont donc pas utilisés mais laissent place aux applications telles que Baidu pour la recherche, Weibo pour les réseaux sociaux (similaire à X), Douyin est l’équivalent de TikTok, ou encore Alibaba pour le commerce. Notons également le géant Alipay qui permet à toutes personnes de payer, se déplacer, mais qui est également utile pour la traduction ou commander un taxi.
L’interdiction de TikTok, pas une nouveauté non plus
Il convient de souligner que plusieurs pays ont également interdit TikTok. Des pays tels que l’Australie, la Belgique, le Canada ou encore la France ont décidé d’interdire l’application sur les appareils gouvernementaux en raison de problèmes de sécurité et de préoccupations concernant la confidentialité de la vie privée des employés. Seuls quelques pays ont choisi d’interdire intégralement l’utilisation de l’application sur leur sol. L’Inde avait décidé de bannir en 2020 TikTok ainsi qu’une dizaine d’application chinoise telle que WeChat à la suite d’un affrontement entre des troupes indiennes et chinoises à une frontière controversée de l'Himalaya qui avait entraîné la mort de 20 soldats indiens et des dizaines de blessés. L’Afghanistan, le Népal, le Pakistan, la Somalie ont également décidé de retirer les services de l’application chinoise jugée comme immoral par plusieurs de ces pays. Cependant, il est important de noter que TikTok n’a surtout jamais été disponible en Chine et, depuis la nouvelle loi de sécurité, TikTok n’est également plus disponible à Hong Kong.