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Médaille d'or escrime JO de Tokyo, G. Koenig: "Je suis le plus heureux des coachs"

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Cheung Ka Long, le jeune poulain de Grégory Koenig, médaillé or aux Jeux Olympiques de Tokyo
Écrit par Jérôme de Clarens
Publié le 11 août 2021, mis à jour le 12 août 2021

Lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, l'escrimeur de Hong Kong Cheung Ka Long est devenu le champion olympique de fleuret. Pour en savoir plus sur cette victoire, Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de son coach, Grégory Koenig, un Français qui l’entraîne depuis trois ans et parrain de l'édition 2021 des Trophées des Français de Hong Kong.

Nous l’avions interviewé en septembre après la qualification de l’équipe d’escrime masculine de Hong Kong aux JO de Tokyo, l’entraîneur français Gregory Kœnig vient de réussir son pari en permettant au fleurettiste hongkongais Cheung Ka Long de décrocher la médaille d’or, la seconde de toute l’histoire du Port aux Parfums.

Pour en savoir plus sur leur parcours hors du commun, Grégory Koenig a accepté de répondre à nos questions et de nous parler plus en profondeur de son jeune athlète, Cheung Ka Long

"Cheung Ka Long méritait vraiment cette médaille!"

Quelles sont vos impressions après cette victoire ?

Je ressens beaucoup de bonheur par rapport à ce qu’a accompli Cheung Ka Long. Il méritait vraiment cette victoire. Il a travaillé vraiment très très dur ces deux dernières années, qui n’ont pas été faciles avec la situation du Covid, sans compétitions et sans repères. Je suis réellement heureux pour lui. Et j’éprouve également de la fierté, car cela veut dire que le travail a été bien fait, qu’il était bien fait. Je suis le plus heureux des coachs.

 

 

Comment avez-vous vécu cet événement ?

Pendant la compétition, Cheung Ka Long est passé par différents stades. Cette compétition n’a pas été facile. Le tirage au sort n’a eu lieu que la veille, donc nous avons su très tardivement qui seraient ses adversaires. Son premier adversaire, Julien Mertine, un Français, l’avait battu en demi-finale d’un grand prix à Anaheim deux ans auparavant. Ce n’était donc pas un très bon tirage au premier tour.

Le premier match s’est terminé à 15-12. Au deuxième tour, il devait rencontrer le numéro un mondial… il a gagné 15-3, ce qui a été totalement exceptionnel. Il a ensuite fait face à l’athlète russe et il a eu un peu de mal, puisqu’il a gardé le même rythme que lors du match précédent, ce qui était une erreur. Mais, en quart de finale, il a réussi à se surpasser pour gagner 15-14.

 Nous sommes passés par des moments d’euphorie, de stress, parfois de découragement, mais il a su relever la tête et être le champion qu’il est désormais.

De mon côté, j’ai un peu plus d’expérience que mes athlètes à ce niveau-là. J’ai donc réussi à contrôler mes émotions et garder confiance en eux à tous moments. Je savais que Cheung Ka Long en était capable.

La finale d'escrime parfaite pour Hong Kong

Le tenant du titre était un adversaire de taille. Quelle stratégie avez-vous adoptée ?

Lors de la finale, rencontrer Garozzo, le tenant du titre, n’était pas facile. Je savais que Garozzo serait prêt et très agressif dès le début. Ka Long a voulu gérer un peu la distance, et tout ceci en défense, ce qui était intéressant. Mais, ce qui était encore plus intéressant, c’était de le faire avec de temps en temps des attaques fortes et bien poussées pour montrer à l’adversaire qu’il est possible de « débouler » à tout moment.

Au début, Garozzo a mené 4 à 1, puis après… Cheung Ka Long a fait douter Garozzo et du coup, cela lui a permis d’installer mieux son jeu. Mais ce n’a jamais été facile, car il a fallu savoir alterner ses actions. Mais Ka Long a toujours écouté mes conseils, les a mis en place et c’était juste une finale parfaite…

 

 

Pouvez-vous nous parler de la préparation physique et psychologique qui a précédé la finale?

Sur une journée telle que celle-ci, c’est très dur, car il y a beaucoup de temps d’attente entre les matchs. Il faut savoir s’échauffer, se concentrer, gagner le match, récupérer… et puis attendre, attendre, attendre. Il faut trouver le bon timing ensuite pour reprendre à nouveau l’échauffement, se reconcentrer, etc.

Cheung Ka Long a des protocoles que l’on a mis en place avec Maurizio Zombarelli, qui s’occupe aussi du côté physique.

Pour se préparer, Cheung Ka Long écoute de la musique pour bien se concentrer… et il prend des petites leçons individuelles pour se remettre tout de suite dans le rythme, juste avant le match, histoire de transpirer un peu et d’être vraiment prêt à aller au combat au moment important.

Comment vivez-vous cette nouvelle pression médiatique ?

La pression médiatique est présente, puisque nous avons beaucoup de demandes d’interviews. C’est tout à fait normal et l’on se prête largement à ce jeu. C’est un peu plus compliqué pour Ka Long, qui n’aime pas énormément cela.

Nous ne savons pas encore comment ça se passera à Hong Kong. De mon côté, après les jeux, je suis rentré en France afin de passer du temps avec ma fille que je n’avais pas vue depuis un an. Ka Long et l’équipe sont allés directement en Chine pour les China National Games qui auront lieu mi-septembre. Après trois semaines de quarantaine, ils auront deux-trois semaines de préparation et d’entraînement avec l’un de mes assistants pour préparer la compétition.

Au retour à Hong Kong, nous verrons ensuite toute la réelle pression et il répondra aux questions à Hong Kong à ce moment-là.

 

 

"L’engouement des Hongkongais lors de la finale d'escrime était magnifique !"

Cette victoire a-t-elle changé quelque chose au monde de l’escrime à Hong Kong ?

Cette victoire va changer beaucoup de choses sur le territoire hongkongais. Lorsque nous avons vu l’engouement des Hongkongais sur les réseaux sociaux, c’était juste magnifique. C’est ce qui nous rend fiers aussi du travail accompli.

Et pour l’escrime, je pense qu’après cette victoire, beaucoup de jeunes Hongkongais voudront s’essayer à ce sport et c’est mon objectif sur le long terme. Dans quinze ans à Hong Kong, je souhaiterais pouvoir laisser un héritage, qu’il y ait toujours un turn-over entre les jeunes athlètes et ceux partant à la retraite, qu’on puisse réellement créer de nouveaux champions.

De manière concrète, au sein de notre institut, mon président m’a déjà annoncé qu’une nouvelle salle d’armes allait être ouverte, nous apportant un vrai confort de travail. Jusqu’à présent, la salle était plutôt petite. Le fleuret, l’épée, le sabre, les cadets, les juniors s’entraînaient tous en même temps, ce qui engendrait pas mal de temps d’attente.

Quels sont vos projets ?

Pour l’instant, je vais simplement profiter de ma fille et des vacances. Puis, en septembre, nous rentrerons et après la quarantaine, nous profiterons de Hong Kong et nous nous remettrons au travail puisque les compétitions devraient reprendre dès novembre. Il faudra donc que nous soyons prêts pour ça !

Gregory Koenig, parrain des Trophées des Français de Hong Kong

L'équipe de Lepetitjournal.com félicite Grégory, Ka Long et l'équipe d'escrime de Hong Kong. Suite à la victoire historique de Hong Kong aux JO de Tokyo, l'emblématique coach français a accepté d'être le parrain des Trophées des Français de Hong Kong 2021 que nous plaçons volontiers sous le signe de l'olympisme : espoir, résilience, combativité et d'ouverture. Grégory interviendra lors de la cérémonie de remise des Trophées à la Résidence de France le 18 novembre pour féliciter les candidats et gagnants de cette édition. Vive les JO et vive Hong Kong!

 

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