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Comment les sanctions américaines affectent Carrie Lam à Hong Kong

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Écrit par Didier Pujol
Publié le 20 août 2020, mis à jour le 20 août 2020

En dehors de l’humiliation publique subie par Carrie Lam qui s’est vue retirer le 16 août son titre honoraire par l’université de Cambridge, les sanctions américaines individuelles décidées le 14 Juillet ont des conséquences beaucoup plus lourdes pour la leader et 10 autres personnalités impliquées dans la répression de l’opposition et l’application de la Loi de Sécurité Nationale à Hong Kong.

Indiquant lors d’un essai étonnamment long sur Facebook que le titre de Cambridge n’avait que peu d’importance pour elle, la dirigeante Carrie Lam, directement impliquée dans la mise en place des Lois de Sécurité Nationale limitant la liberté d'expression à Hong Kong, pourrait bien être beaucoup plus gênée par les mesures qui empêchent désormais toute entreprise américaine de commercer avec elle.

Sanction de gel des avoirs

Parmi les mesures annoncées par l’administration Trump au travers du HKAA (Hong Kong Autonomy Act), le gel des avoirs par les Etats Unis pour 11 personnes dont la Chief Executive Carrie Lam ainsi que Eric chan, Zhang Xiaoming, Zheng Yanxiong, Lui Huining, impliquées dans la répression policière des manifestations ou l’application récente des lois dites de "Sécurité Nationale" signifie que l’ensemble des propriétés sur le sol américain ou impliquant des acteurs américains sont désormais bloquées et ne peuvent plus faire l’objet d’aucune transaction. Ainsi la ministre de la justice Teresa Cheng, dont le mari possède 63% du capital d'une société américaine d'ascenseurs, a-t-elle appris que les actions et droits de vote au conseil d'administration de son conjoint étaient gelés. Même si les intéressés restent propriétaires nominativement de leurs biens, ils ne peuvent en disposer. Cette mesure concerne aussi les comptes bancaires contractés auprès des institutions financières contrôlées par les Etats Unis. Avant de mettre en place cette mesure, les services du gouvernement américain ont procédé à des sondages auprès des différents instituts financiers concernés afin de s’assurer de leur pleine collaboration. La pression est par conséquent énorme pour les entreprises qui cacheraient encore des avoirs ou transactions au-delà de la période d’application, risquant elles-mêmes d’être sanctionnées par les autorités américaines.

Sanctions financières 

Dans la pratique, même si ce n’est pas stipulé littéralement, ces sanctions ont pour conséquence que tout échange impliquant une société américaine ou ayant des intérêts importants aux Etats Unis peut faire l'objet de pénalités car l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) monitore désormais le patrimoine des personnes sanctionnées et peut qualifier la transaction comme contrevenant au Hong Kong Autonomy Act. Les sanctions qui s’abattraient sur l’opérateur contrevenant pourraient être lourdes de conséquences comme l'interdiction de tout ou partie du marché américain, comme ce fut le cas par le passé pour les sociétés cherchant à contourner le blocus du système financier iranien. Autant dire que rares sont les acteurs financiers prêts à courir un pareil risque. Concrêtement, cela signifie qu'une large partie des échanges internationaux s’opérant en dollars étant orchestrée par des sociétés américaines comme les géants Visa ou Mastercard, la marge de manœuvre des personnalités hongkongaises et chinoises visées par les sanctions pour procéder à des échanges internationaux, voire domestiques, en dollars est considérablement réduite. Carrie Lam confiait à ce sujet avec depuis peu des difficultés à utiliser sa carte de crédit.

Suppression des services américains

Comme au temps de la Révolution Culturelle, il semblerait bien que les intéressés n’aient d’autre choix que d'afficher la préférence nationale pour leur consommation, transactions ou investissements. Alors, oubliées les Nike, MacDonalds et autres Coca Cola? Faudra-t-il aux nouveaux promoteurs de la loi de Sécurité Nationale marcher, manger et boire chinois ou se cantonner aux achats dans le réseau des entreprises pro-Pékin encore qualifiées il y a peu de "bleues" lors des manifestations pro-démocratie? Plus factuellement, les perspectives de revenus lucratifs ou de scolarité à l’étranger pour la génération suivante s’envolent pour les membres du Parti, s'il en existe, qui penseraient encore pouvoir jouer sur les deux tableaux. Le retour précipité à Hong Kong le 27 Juillet de Joshua Lam, le fils de Carrie Lam étudiant à l’université de Harvard, donne le ton. Il faut en effet à présent aux uns et aux autres choisir entre Pékin ou Washington, chaque choix devenant exclusif de l'autre.

 

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