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Ces accompagnants d'expats qui se réinventent à Hong Kong

Tout quitter et arriver à Hong Kong pour suivre son conjoint qui se voit offrir une opportunité professionnelle d’expatriation, c’est une expérience de vie unique, mais il faut aussi savoir se réinventer. Comment certain(e)s d’entre nous s’adaptent-ils à cette nouvelle vie au bout du monde et y trouvent leur équilibre, voire même parviennent à accomplir leurs rêves? Anne-Sophie, Marjolaine et Ludovic témoignent.

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Photo@Freepik
Écrit par Carine Calandreau
Publié le 6 mars 2024, mis à jour le 7 mars 2024

Être plus disponible pour les enfants

Quel était votre parcours avant d’arriver à Hong Kong ?

Anne-Sophie : J’étais DRH dans un groupe de BTP en France, en région parisienne  pendant 20 ans et je suis arrivée à Hong Kong en décembre 2021. J’ai suivi mon mari qui avait une opportunité professionnelle et pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvée sans activité professionnelle. J’ai décidé de m’occuper différemment et surtout avec des choses que j’avais envie de faire depuis longtemps. On avait déjà dans nos têtes cette envie de faire un tour du monde pour une durée déterminée. J’ai donc très bien accueilli cette expatriation. Quitter mon boulot n’était pas facile car j’avais un métier qui me passionnait, mais je ne pouvais pas le poursuivre ici. Maintenant, avec du recul, je trouve que ça a été très salvateur car cela me permet pour la première fois de pouvoir être plus disponible pour mes enfants, de pouvoir dédier mon temps aux autres et de m’inscrire dans des activités de charité que j’avais toujours eu envie de faire. Je suis ravie.

J'étais banquier d'affaires pendant 19 ans

Marjolaine : Je suis ingénieur et je travaillais dans une compagnie d'engineering à Paris à La Défense avec un parcours professionnel très épanouissant, trois enfants et une vie équilibrée.

Ludovic : Je suis ancien banquier, métier que j'ai exercé 19 ans en banque d'affaires en France et à  l'international. J'ai démissionné fin 2012 à l'occasion de la mutation de mon épouse à Singapour avec en sous-jacent une volonté de quitter un domaine qui ne m'intéressait plus. La période de 5 ans qui a suivi a été  consacrée à une reconversion en pâtisserie (CAP français, et équivalents CAP et bac pro en pâtisserie à Singapour), qui a débouché sur un business officiel sous le nom de LudoGateaux. Notre déménagement en Italie m'a obligé à arrêter cette activité en raison des contraintes administratives de ce pays mais ce fut l'occasion de renouer avec ma passion culinaire en préparant le CAP cuisinier. Après avoir fait le tour des diplômes de bouches que je souhaitais obtenir, je me suis lancé dans une reprise d'études en 2022 en m'engageant sur une licence d'histoire à  distance avec l'université de Franche-Comté à Besançon. Je suis actuellement en 2ème année et j'espère aller jusqu'à une maîtrise d'histoire qui devrait normalement m'occuper jusqu'à la retraite

Je me guéris du workoholisme

Comment envisagiez-vous cette nouvelle expérience de vie?

Anne-Sophie : Au départ, je me suis concentrée sur les enfants et l’intégration de la famille. Je me doutais qu’il existait un réseau en expatriation où des personnes comme moi pouvaient dédier leur temps à pleins d’autres activités dans des associations, des communautés qui puissent me permettre de trouver un épanouissement. 

Marjolaine : Ce n’est pas notre première expatriation, donc je sais ce que c’est que de laisser son travail et retrouver un équilibre ailleurs. Donc, je m’attendais bien à avoir une autre expérience par rapport à celle que j’avais en France et c’est le cas aujourd’hui.

Ludovic : La nouvelle expérience de vie est celle engagée en 2013 : conjoint d'expat et père au foyer. Le changement d'abord prévu comme une reconversion à long terme est en fait devenu un passage à une vie de conjoint "sans activité". Mon projet de reconversion était illusoire sur  le long terme sachant que nous voulions rester expat et donc continuer à passer de pays en pays. Au final, je suis satisfait de mon choix : sevrage du workalocolism, baisse drastique de mon niveau de stress et concentration de ma vie sur ce qui me motive : ma famille, la cuisine, la culture et l'histoire. Cette vie un peu atypique pour un homme et le fait de ne pas me projeter sur la réussite professionnelle me conviennent parfaitement.

Je m'investis dans des ONG à Hong Kong

Quelles sont vos activités régulières?

Anne-Sophie : Au bout de 6 mois après notre arrivée à Hong Kong, j’ai commencé à chercher autour de moi ce que Hong Kong pouvait m’offrir comme activités extra-professionnelles et j’ai rencontré du monde. C’est en allant acheter des uniformes de seconde main au lycée français que j’ai fait ma première rencontre et rejoint l’équipe de parents volontaires et je m’occupe maintenant de la totalité de l’activité. Puis, je suis rentrée dans le bureau de l’ONG Mayaa, dont la vente des uniformes du lycée sert de fundraising. Mayaa m’occupe beaucoup sur l’administratif, l’organisationnel et le gros évènement annuel de Solid’Dressing. J’ai eu l’occasion de me rendre au Népal pour Mayaa, ce qui m’a également permis de donner du sens à ce que je fais. J’interviens aussi sur des activités des ONGs Enfants du Mékong ou Box of Hope de manière ponctuelle. Sur ma deuxième année, j’ai aussi eu l’opportunité de travailler pour HK Accueil sur les évènements. Finalement, ça me fait plusieurs activités aujourd’hui qui me font un temps plein. Côté activité sportive, je me suis découvert une passion pour le dragon boat. Avec mon équipe internationale des Dragonflies, nous nous inscrivons à 7 ou 8 compétitions chaque année. L’année dernière, nous étions très fières d’avoir pu gagner pas mal de compétitions.

Je reprend des études à l'université

Marjolaine : Mes activités régulières sont tout d’abord AVS, plus exactement AESH auprès d’enfants de l’école française. Je donne également des cours de français à un adulte porteur d’un handicap. Je fais également partie du bureau Hong Kong Accueil pour de l’administratif. Je m’occupe de coordonner les activités proposées aux membres. Par ailleurs, j’anime un petit groupe de jeunes autour de thématiques générales, philosophiques, telles que la valeur de l’argent ou comment peut-on changer le monde? C’est un groupe de 4ème, dans le cadre de l’aumônerie. Toutes ces activités me permettent de bien équilibrer ma semaine,  de me donner un but chaque jour et surtout de préserver des temps optimisés avec mes enfants l’après-midi, puisque l’école se termine tôt. Parmi mes activités, j’essaie aussi de m’améliorer en chinois, ce qui est un challenge intellectuel intéressant.

Ludovic : "Sans activité professionnelle" ne signifie pas sans occupation non plus. J'ai un besoin de m'occuper en permanence et notamment de me challenger d'où ma propension à  collectionner les diplômes. Mes études universitaires actuelles occupent entre 30 et 50% de mon temps libre. Je suis également assez sociable : c'est au cœur de mes participations associatives comme parents d'élèves ou comme animateur pour Milan Accueil puis Hongkong Accueil. 

Pour Hong Kong Accueuil, je suis responsable de l'activité gourmande “Papote en cuisine” dont la philosophie est de créer des moments de convivialité en préparant puis partageant des déjeuners thématiques. L'activité, ouverte sur inscriptions à tous les adhérents de HKA, a été lancée en septembre 2023 et est un franc succès.

 

Est-ce que ces activités sont l’occasion de vous réinventer ou de vous apporter un enrichissement personnel?

Anne-Sophie : Depuis longtemps, je voulais m’engager et dédier mon temps aux autres. J’ai beaucoup d’empathie et ça faisait partie intégrante de mon métier mais je le faisais pour le compte d'une société. Je voulais passer plus de temps auprès des gens et pouvoir mesurer mon impact dans des activités concrètes avec des résultats visibles que l’on voit moins en entreprise ou qui sont différents. Dans Mayaa, il y a aussi une partie environnementale. On recycle les uniformes, cela rend service aux parents en achetant du seconde main tout en levant des fonds pour le Népal pour scolariser des dizaines d’enfants. Je trouve ce cercle vertueux intéressant. Sur la partie HK Accueil, j’aime pouvoir animer une communauté en faisant des événements pour réunir des familles tout en découvrant HK et en cherchant des lieux pour nos évènements. Ce sont des activités que je n’avais jamais eu l’occasion de faire auparavant, beaucoup plus sociables et sociales qui me conviennent bien. Quand on ne travaille pas, on est dans des relations beaucoup plus amicales, c’est très différent tout en les faisant avec beaucoup de sérieux. Les compétences de ton background professionnel te servent également. Ça m’oblige à me poser aussi des questions sur mon avenir professionnel également, sur les changements que je voudrais faire ou pas pour envisager une deuxième partie de carrière.

Marjolaine : Oui, les activités qui égrènent ma semaine sont l’occasion de m’approprier des nouvelles compétences, notamment dans le domaine pédagogique puisque je n’ai jamais été professeur et encore moins dans le cadre du handicap. Par ailleurs, j’ai beaucoup de joie à faire ces différentes tâches car elles me procurent beaucoup de satisfaction et d’épanouissement.

Ludovic : Me réinventer, certainement pour la partie estudiantine. C'est aussi intellectuellement beaucoup plus satisfaisant alors que mon cursus d'ingénierie avait été pour moi très décevant car je n'adhère pas particulièrement au modèle français de l'élitisme des grandes écoles. Les activités culinaires sont moins de la réinvention qu'une prise en main dynamique de ma passion pour la nourriture... par contre sa conjugaison avec l'associatif est plus un challenge: comment transmettre tout en s'amusant.

 

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