L’incendie qui a ravagé ce mercredi le complexe résidentiel Wang Fuk Court, à Tai Po, restait hors de contrôle plusieurs heures après son déclenchement. Jeudi matin, les autorités faisaient état d’au moins 44 morts et 279 disparus, tandis que plusieurs habitants demeuraient encore piégés, dans un contexte de chaleur intense et de fumée étouffante.


Un brasier nourri par les échafaudages en bambou
Le feu se serait déclaré mercredi en début d’après-midi aux alentours de 15h au niveau des échafaudages en bambou installés pour des travaux de rénovation. Très utilisés à Hong Kong pour leur légèreté, leur faible coût et leur incroyable résistance, ces échafaudages présentent cependant un risque majeur en cas d’incendie.
Dans ce cas précis, la structure extérieure aurait servi de vecteur vertical, permettant aux flammes de grimper rapidement le long des façades et d’atteindre sept des huit tours du complexe de près de 4000 habitants. Plusieurs sections auraient en outre cédé sous la chaleur, entravant l’accès des secouristes.
Des résidents toujours prisonniers
Alors que les flammes continuaient de se propager, des habitants appellaient ou envoiaient des messages pour signaler leur présence. Certains d'entre eux se sont réfugiés sur leurs balcons tandis que d’autres tentaient de se barricader dans des pièces éloignées de la fumée.
Des témoins rapportent que certaines alarmes incendie n’auraient pas fonctionné, retardant l’évacuation. Les pompiers, épuisés par la chaleur extrême, peinaient à accéder aux étages supérieurs à cause de l’effondrement partiel des échafaudages et de la virulence du feu.
Un pompier parmi les victimes
Parmi les personnes décédées figure un sapeur-pompier engagé dans les opérations de sauvetage qui ont compté près de 800 professionnels du feu et 400 policiers. Les autorités dénombraient dans la nuit de mercredi à jeudi 44 morts alors que 279 personnes manquaient à l’appel. 45 personnes ont été hospitalisées dans un en état critique. Près de 900 résidents ont été évacués vers des centres d'hébergement temporaires, mais le bilan pourrait encore s’alourdir tant que l’incendie n’est pas maîtrisé.
Un drame qui relance le débat sur le bambou
Ce sinistre remet en lumière une question régulièrement débattue : l’usage massif des échafaudages en bambou à Hong Kong. Bien que symbole d’un savoir-faire ancestral et toujours préféré pour sa flexibilité et sa rapidité d’installation, le bambou est un matériau hautement inflammable, particulièrement dans des quartiers denses.
Les experts évoquent depuis des années la nécessité de revoir les normes de sécurité autour de ces structures, sans qu’un consensus n’ait encore émergé. A ce jour, seuls les chantiers du secteur public sont visés par l'obligation de passer aux échafaudages métalliques. L’ampleur de l’incendie de Tai Po pourrait donc relancer les appels à une modernisation des pratiques ou à des restrictions plus sévères.
L'alerte la plus élevé depuis 17 ans
À l’heure de cet article, l’alerte est maintenue au niveau 5, le plus élevé à Hong Kong, et pour la première fois depuis 17 ans. Les équipes de secours restent mobilisées pour sauver les personnes encore coincées et tenter de contenir un feu qui, plusieurs heures après son déclenchement, continue de ravager le complexe dont trois batiments étaient encore en flammes jeudi matin.
Le dernier incendie comparable d'un entrepot en 2016 avait fait deux morts et duré deux jours avant de pouvoir être totalement maîtrisé. Une enquête a été ouverte pour comprendre les raisons et responsabilités de ce drame, les observateurs pointant du doigt la rapidité exceptionnelle de la propagation, favorisée par l'utilisation de matières hautement inflammables telles de la mousse polyuréthane pour fixer les fenêtres.
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