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GUILLAUME MUSSO - Rencontre à Hong Kong avec le plus populaire des écrivains français

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Écrit par Laurence Huret
Publié le 2 juin 2011, mis à jour le 25 novembre 2019

New York. Aéroport JF Kennedy. Dans la salle d'embarquement bondée, un homme et une femme se télescopent et échangent leurs téléphones portables par mégarde? L'appel de l'ange, le nouveau roman de Guillaume Musso, démarre comme une comédie romantique, pour finir en un thriller palpitant. Rencontre à Hong Kong les 30 et 31 mai 2011 avec un écrivain humble et passionné, auteur de nombreux best-sellers, plébiscité par des millions de lecteurs à travers le monde

Guillaume Musso à la librairie française Parenthèses, 30/05/2011

Comment est-il possible aujourd'hui d'échapper à Guillaume Musso ?

Malgré des critiques pas toujours au rendez-vous, le succès commercial de ce romancier français en vogue ne se dément pas. A 19 ans, Guillaume Musso part plusieurs mois aux États-Unis, et découvre New York qu'il adore immédiatement, il rentre en France avec des idées de romans plein la tête. Après une licence de sciences économiques, il passe le Capes de sciences-éco, pour exercer le métier de professeur. En 2004, Guillaume Musso connaît un succès immédiat avec son roman Et Après..., dont il tire la trame d'un grave accident de voiture dans lequel il a été blessé. Suivront d'autres best-sellers Sauve-moi, Seras-tu là ?, Parce que je t'aime, Je reviens te chercher et Que serais-je sans toi ? A ce jour, l'auteur français a vendu plus de 10 millions d'exemplaires Il est traduit en 34 langues et plusieurs fois adapté au cinéma. A l'occasion du lancement de son 8ème roman L'Appel de l'ange et de la traduction chinoise de Que serais-je sans toi?, Guillaume Musso est venu à Taiwan et Hong Kong échanger avec son public asiatique. Il était au Kee Club le 30 mai pour une session de lecture de son dernier livre en français, anglais et cantonnais et le lendemain à la librairie française Parenthèses pour un cocktail et une séance de dédicaces.

"L'appel de l'ange", XO Editions, 2011

L'Appel de l'ange est inspiré d'une histoire qui vous est arrivée : l'échange de téléphones portables, par erreur, dans un aéroport. Combien de temps s'écoule entre l'idée et la réalisation du roman ?

Guillaume Musso : C'est arrivé il y a quatre ans, à l'aéroport de Montréal. J'ai gardé l'idée en tête. Pour moi c'était un bon début de comédie romantique, mais je voulais quelque chose de plus construit. Il y a deux ans, j'ai reçu une longue lettre d'une policière française, qui lisait mes romans et qui me parlait de sa vie. Elle me disait que son métier était à la fois difficile et addictif. Son métier la détruisait mais elle n'était pas capable de faire autre chose. J'avais trouvé cette lettre très poignante. Et d'un seul coup les deux fils se sont reliés. J'ai su que l'héroïne devait être une femme policière avec un lourd passé. A partir de là, c'était lancé.

L'un des thèmes très fort dans L'Appel de l'ange est celui de la deuxième chance?

C'est quelque chose qui structure mes histoires. J'ai toujours été passionné par la capacité de certains êtres humains à se reconstruire après un traumatisme. Nous vivons à une époque qui est tellement cynique que c'est aussi une façon de mettre de l'espoir dans mes histoires. Il y a deux niveaux dans mes romans : celui du plaisir de lire et celui qui traite de thèmes assez lourds, comme le deuil, les remords, les regrets et la résilience.

Séance de lecture et débat avec le public au Kee club, 30/05/2011

Plusieurs de vos livres ont été adaptés au cinéma. Quand vous écrivez, est-ce que vous pensez déjà à l'adaptation ?

Surtout pas ! Je suis au croisement de la culture que je tiens de ma mère, bibliothécaire, qui m'a fait lire les grands classiques, et une culture plus populaire liée à l'image, le cinéma, la télé, les jeux vidéos, les comics? Cela se retrouve dans le côté un peu cinématographique et fluide de mes romans. Mais au moment où j'écris, je ne pense pas à une éventuelle adaptation au cinéma. La littérature est le monde de la liberté absolue, on peut emmener ses personnages où l'on veut, il n'y a pas de limites. Le cinéma n'est que de contraintes ! Je ne veux pas brider mon imaginaire en écrivant un roman prêt à filmer.

Comment construisez-vous une histoire ? Est-ce spontané, ou y a-t-il beaucoup de travail de construction ?

Il y a une étincelle, suivie de la construction de la structure de l'histoire et des rebondissements, puis un travail de biographie des personnages. J'ai besoin d'être en empathie avec eux, de les aimer et donc de les connaître. Je fais donc des biographies très détaillées. Une somme de petits détails qui fait l'épaisseur psychologique et le parcours de vie de chaque personnage. Après vient le travail géographique. Pour L'Appel de l'ange, j'ai suivi un fleuriste pendant trois jours, Je suis allé avec lui à Rungis. De même, j'ai passé du temps avec Pierre Hermé et j'ai pu discuter avec lui de la façon dont il créait ses desserts. Je voulais savoir si ce que j'avais en tête était cohérent. Vient ensuite l'écriture. Le moment le plus excitant est celui où les personnages vont faire des choses auxquelles je ne les prédestinais pas. Dans L'Appel de l'Ange, je n'avais pas envisagé que le personnage de Madeline allait devenir si important et qu'elle allait porter le roman. Ce couple s'est mis à fonctionner avec une complémentarité qui n'était pas prévue au départ. J'ai laissé une fin assez ouverte, parce que je n'avais pas très envie de les quitter ! Si un jour j'ai une enquête aussi forte que la disparition d'Alice, peut-être que je les ferai revivre.

Séance de dédicaces à la librairie française Parenthèses, 30/05/2011

Si vous deviez choisir un personnage, celui qui vous ressemble le plus, lequel serait-ce ?

J'ai une tendresse particulière pour le personnage de Elliot Cooper dans Seras-tu là ?. C'est un médecin humanitaire de soixante ans qui souffre d'un cancer de la gorge. Lors de l'une de ses missions, il sauve un enfant et le chef d'un village cambodgien lui donne un flacon avec dix pilules. Chaque pilule lui permet de faire un voyage trente ans en arrière et de pouvoir se rencontrer lui-même et se donner à lui-même des petits conseils pour éviter des erreurs. L'idée de ce roman m'est venue lorsqu'on a diagnostiqué un cancer de la gorge à mon père. Il me racontait souvent comment il avait fumé sa première cigarette à 14 ans. La nuit suivante, j'ai rêvé que je le rencontrais à ce moment là pour l'empêcher d'allumer cette première cigarette. Mon père va bien aujourd'hui, mais cela m'a inspiré cette histoire. J'ai reçu énormément de courriers de gens qui m'ont dit qu'ils avaient arrêté de fumer après avoir lu Seras-tu là ?. C'est pourquoi ce roman est un peu particulier.

L'un de vos prochains romans aura-t-il comme cadre géographique l'Asie ?

C'est possible. Il y a quelques références à la Corée du Sud dans certains romans. Ce que j'ai pu voir ces derniers jours? il y a quelques graines qui sont en train de germer, quelques étincelles, mais c'est encore trop tôt pour se prononcer.

 

Laurence Huret et Lisa Melia (www.lepetitjournal.com/hongkong.html) jeudi 2 juin 2011

Laurence Huret
Publié le 2 juin 2011, mis à jour le 25 novembre 2019

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